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Repas de fêteQue vaut le champagne à moins de 12 € d’Intermarché ?

Les supermarchés Intermarché proposent, à l’occasion des fêtes de fin d’année, des bouteilles de champagne aux alentours de 10 €. Leur catalogue de Noël s’ouvre même sur une cuvée annoncée à 8,75 €. Nous l’avons goûtée.

Du champagne au prix du crémant : voilà en substance la promesse d’Intermarché, à quelques jours des fêtes de fin d’année. L’enseigne affiche en couverture de son catalogue de Noël une bouteille de champagne brut Léo Deviroy à 10,75 €, avec 2 € d’avantage fidélité. Soit un prix final de 8,75 € ; un tarif qui étonne lorsqu’on sait que le seul coût du raisin dans une bouteille de champagne atteint 7,20 € (voir notre infographie sur la formation du prix d’une cuvée). Dans certains magasins, Intermarché propose également des bouteilles de J. Contet Père & Fils, au prix de 11,99 €. Deux euros de moins que la bouteille la moins chère de notre test de 50 bouteilles de champagne qui, à 13,99 €, a récolté un très honorable 13/20. Ces deux cuvées se hissent-elles à ce niveau ?

Une dégustation peu engageante

Produit par Mansard Baillet, une petite maison de négoce d’Epernay (51), le champagne J. Contet Père & Fils arbore une robe très pâle. La montée des bulles est correcte, mais ces dernières sont moyennes et surtout violentes et intenses – ce qui montre un manque de matière dans le raisin. Le nez est faible. La bouche est plate, avec un dosage dominant sans outrance. Le vin reste sur le bas du palais et, surtout, est sucrailleux. En résumé, il s’agit d’un champagne pas outrancier, sans réel défaut. Les œnologues de la maison travaillent correctement, même si la matière première est faible.

Le champagne Léo Deviroy est, lui, produit par Les Coopérateurs de Champagne (LCC) à Faverolles-et-Coëmy (51), qui se présentent comme négociants-manipulants. Sa robe est pâle avec des reflets verts, et les bulles sont rares. Le nez est peu expressif. L’attaque est agressive, acide, et la bouche est courte. Le dosage est très présent et masque la faiblesse du raisin. Si cette cuvée est loin d’être catastrophique, elle ne déclenche aucun enthousiasme. À la rigueur, pour un verre en toute fin de soirée…

Des vins de taille moins qualitatifs

Pour proposer des cuvées à de tels prix, les enseignes font souvent appel à des producteurs utilisant des vins de taille, réputés moins qualitatifs que ceux de la cuvée. Les tailles sont le nom donné au résultat du deuxième pressurage des marcs de raisin. Contrairement aux rebêches, qui sont le résultat du dernier pressurage et sont envoyées en distillation, les tailles peuvent servir à l’élaboration du champagne. Elles constituent un déclassement et ne sont pas commercialisées très haut en prix, ce qui permet de réduire le coût de la matière première. Une taille n’est pas forcément de mauvaise qualité : certains vignerons qui estiment avoir de « belles tailles », issues d’une vendange mûre et propre, en intègrent dans leur Brut sans année en complément de vins de réserve et en dosant assez haut.

Quoi qu’il en soit, ces cuvées à bas prix vont à l’encontre des discours du vignoble, qui veut préserver l’image de luxe associée au champagne. Or, tant que les tailles existeront, elles finiront forcément dans les bouteilles… En outre, l’année 2020 a été particulièrement difficile : il n’est donc pas étonnant de voir certains producteurs céder aux sirènes de la grande distribution, quitte à fortement rogner sur leurs marges. Les bouteilles à très bas prix ne sont donc pas forcément désastreuses : on peut y trouver des lots provenant de coopérateurs, de vignerons en difficulté, de petites maisons voulant reconstituer un peu de leur trésorerie, etc.

La couverture du catalogue de Noël d’Intermarché.
Marc Miannay

Marc Miannay

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