Anne-Sophie Stamane
HypertensionMolécule dangereuse mais remboursée
Dans un avis rendu le 29 avril et publié le 2 juin, la Haute Autorité de santé (HAS) a jugé l’olmésartan (Coolmetec, Alteis, Alteis Duo, Servikar, Axeler et Olmetec) non seulement inutile dans les maladies cardiovasculaires, mais dangereux. Elle renvoie cependant son déremboursement à l’été… 2016.
Les autorités sanitaires françaises viennent une nouvelle fois de démontrer leur sens aigu du paradoxe. Dans un avis rendu le 29 avril dernier et publié le 2 juin sur son site Internet, la Haute Autorité de santé (HAS) dézingue littéralement l’olmésartan (Coolmetec, Alteis, Alteis Duo, Servikar, Axeler et Olmetec), une molécule utilisée chez les hypertendus pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Le jugement est sans appel : non seulement l’olmésartan n’a pas apporté la preuve de son efficacité sur les maladies cardiovasculaires et sur les décès, mais il est dangereux. Il peut provoquer des atteintes intestinales rares, mais graves, susceptibles de se déclarer après plusieurs années de traitement. Pourtant, en conclusion de son avis, la HAS s’adoucit et recommande de le rembourser pendant un an encore, « afin que les patients disposent du temps nécessaire aux éventuelles modifications thérapeutiques. »
Ce délai n’a aucune raison d’être. Les dangers de l’olmésartan sont connus depuis maintenant trois ans. Les premières alertes sont venues, en 2012, d’une étude américaine, confirmées en 2013 par l’agence du médicament des États-Unis, la FDA. En France, les médecins ont été officiellement avertis il y a un an par l’Agence nationale du médicament (ANSM), suite à une étude demandée par l’assurance maladie.
Il est d’autant plus ridicule d’attendre qu’il existe de nombreuses alternatives, médicamenteuses ou non, à l’olmésartan : contre l’hypertension, la panoplie des possibilités est immense. Et l’efficacité sur les pathologies cardiovasculaires est souvent meilleure, y compris dans la classe des sartans à laquelle appartient l’olmésartan. D’ailleurs, dès la commercialisation de l’olmésartan en 2004, la revue médicale indépendante Prescrire soulignait que cette molécule n’avait fait la preuve de son impact que sur les chiffres tensionnels. Or c’est insuffisant pour prouver l’efficacité d’un médicament. Celle-ci se mesure avant tout à l’aune de ses effets sur la survenue des maladies et sur les décès. Résultat, on ne savait pas si l’olmésartan était meilleur que les autres médicaments déjà disponibles.
Ses effets indésirables aujourd’hui bien documentés devraient amener les autorités, non seulement à le dérembourser immédiatement, mais à le retirer du marché.