Étiquetage nutritionnelLe Nutri-Score soutenu par l’UFC-Que Choisir
L’UFC-Que Choisir s’est fortement impliquée, depuis plusieurs années, dans le combat tendant à garantir une plus grande transparence pour les consommateurs, notamment lorsqu’il s’agit de ce qu’ils mettent dans leur assiette. Dans ce cadre, l’association a obtenu, malgré un intense lobby contraire de l’industrie agro-alimentaire, l’adoption du logo Nutri-Score, seul étiquetage nutritionnel simplifié adapté aux attentes des consommateurs, comme modèle officiel français. Mais à ce jour, compte tenu de la législation européenne, les fabricants n’ont pas encore l’obligation de l’apposer sur leurs produits. L'UFC-Que Choisir continue donc à militer pour une mention obligatoire du Nutri-Score.
L'étiquetage nutritionnel, une nécessaire transparence pour les consommateurs
Qu’est-ce que l’étiquetage nutritionnel ?
L’étiquetage nutritionnel a pour objectif d’informer le consommateur sur la qualité nutritionnelle d’un produit. Il s’agit d’informations relatives à la composition des produits alimentaires et à leur valeur nutritionnelle destinées à permettre au consommateur de satisfaire ses besoins nutritionnels en fonction de son état de santé, de ses envies, de son âge ou encore pour correspondre à un régime spécifique.
Pourquoi faut-il un étiquetage nutritionnel simplifié ?
Face à la technicité et à la complexité de certains termes inscrits sur les étiquettes, mais aussi à la difficulté d’effectuer des calculs quant aux célèbres « apports caloriques journaliers », les consommateurs ne disposent pas des clés nécessaires pour interpréter rapidement et simplement l’intérêt nutritionnel d’un produit.
C’est la raison pour laquelle l’UFC-Que Choisir a plaidé dès 2014 pour la mise en place d’un étiquetage universel et lisible par tous. Le choix d’un étiquetage simplifié constitue un moyen :
– d’harmoniser l’information sur tous les produits alimentaires ;
– de proposer un repère rapide et efficace permettant aux consommateurs de mieux choisir ;
– de donner aux consommateurs la possibilité de ne pas se laisser berner par les stratégies marketing et les allégations fantaisistes.
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L’obligation pour les industriels d’adopter et d’afficher un étiquetage nutritionnel est aussi une façon de les obliger à plus de transparence et de qualité. En effet, les consommateurs pourront alors privilégier les produits dont l’apport nutritionnel sera le plus adapté à leurs attentes et peser ainsi, par leur choix d’achat, sur le marché et l’offre qui leur est présentée.
Le Nutri-Score, le modèle d'étiquetage nutritionnel le mieux adapté aux consommateurs
Le Nutri-Score est un système d’étiquetage nutritionnel proposé fin 2013 par Serge Hercberg, président du Programme national nutrition santé (PNNS) ; il a finalement été adopté en France, après une intense mobilisation de l’UFC-Que Choisir, comme le seul référentiel possible pour les produits alimentaires. Compte tenu de la réglementation européenne, le Nutri-Score est certes le modèle officiel français, mais seulement sur la base du volontariat. Son utilisation repose pour l’instant sur le seul bon vouloir des fabricants et des industriels.
Santé publique France, l’agence nationale de santé publique, l’a présenté dans la vidéo « le dispositif Nutri-Score – infographie pédagogique » ci-dessous.
>> Découvrez la vidéo officielle de présentation du Nutri-Score
Comment fonctionne le Nutri-Score ?
Le Nutri-Score repose sur un système de 5 notes en couleur allant de A (meilleure note, en vert) à E (moins bonne note, en rouge).
Cette double lecture permet un accès aux informations essentielles en un clin d’œil. Ainsi, même à distance, ou en faisant ses courses en ligne, le consommateur peut identifier la valeur nutritionnelle d’un produit, sans avoir à en lire la composition à l’arrière de l’emballage. Le système a aussi été pensé pour demeurer compréhensible pour les personnes daltoniennes ou ayant du mal à distinguer les petites lettres.
Une pétition pour obtenir la généralisation du Nutri-Score
Évidemment, le Nutri-Score ne soulève pas l’enthousiasme de bon nombre d’industriels de l’agroalimentaire, notamment ceux fabriquant les produits les plus susceptibles de récolter des scores D ou E. Ils se sont donc mobilisés de différentes façons pour empêcher son adoption.
En mai 2019, le Nutri-Score, système facultatif, n’est affiché que sur 30 % des produits alimentaires. L’UFC-Que Choisir et 6 autres associations de consommateurs européennes ont donc lancé le 20 mai 2019 une initiative citoyenne européenne, sorte de pétition prévue par les textes européens, pour imposer l’étiquetage Nutri-Score sur l’ensemble du territoire européen via le site www.pronutriscore.org.
L’initiative citoyenne européenne (ICE) est un instrument de démocratie participative qui permet aux citoyens de proposer des changements juridiques. Il offre un droit d’initiative politique à un rassemblement d’au moins 1 million de citoyens de l’Union européenne (UE), venant d’au moins un quart des pays membres. Une telle initiative permet à des citoyens de différents États membres de se rassembler autour d’un sujet qui leur tient particulièrement à cœur, en vue d’influencer l’élaboration des politiques de l’UE.
Attention : en raison de la crise du Covid 19 freinant les actions de mobilisation citoyenne dans différents Etats membres et de la dynamique créée depuis le lancement de cette initiative, le comité citoyen a décidé de retirer cette pétition européenne.
Les principales étapes qui ont abouti à l’adoption du Nutri-Score
L’obtention d’un étiquetage nutritionnel fiable et indépendant est un combat mené par notre association depuis 2014. À cette époque, l’UFC-Que Choisir s’est associée à une pétition lancée pour obliger les industriels à apposer un logo compréhensible par tous sur les emballages des produits alimentaires.
Puis, en 2015, l’UFC-Que Choisir s’est penchée sur la question d’un étiquetage nutritionnel simplifié et a entrepris ses premiers tests. Plus de 300 produits ont été soumis au code couleur proposé par le PNNS pour résumer la qualité nutritionnelle des produits. L’UFC-Que Choisir avait ainsi mis à la disposition du public un calculateur basé sur ce système d’étiquetage, malgré la résistance des grandes surfaces. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, s’est prononcée en faveur d’un système qui deviendrait l’unique référence en matière d’étiquetage nutritionnel. Durant la discussion de la loi Santé, la ministre a cité les tests de l’UFC-Que Choisir pour souligner que le Nutri-Score était un système lisible et compréhensible permettant de lutter contre certaines idées reçues. La loi Santé prévoyait l’adoption d’un modèle officiel d’étiquetage nutritionnel simplifié, avec un système coloriel.
Il a cependant fallu attendre 2016 pour que le gouvernement expérimente cet étiquetage nutritionnel simplifié. Si le modèle Nutri-Score s’est imposé, 4 systèmes visuels ont été mis en concurrence et testés en septembre 2016. En effet, une évaluation grandeur nature a mobilisé durant 10 semaines pas moins de 40 magasins pour tester ces différents dispositifs.
La France a adopté le Nutri-Score par arrêté ministériel, le 31 octobre 2017, en tant qu’affichage nutritionnel officiel. Le bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est félicité de cette initiative, et a salué le fait que « la France a très largement fondé sa décision sur les données probantes disponibles à ce sujet ».
L’UFC-Que Choisir et 25 autres organisations signataires ont dès lors soutenu l’élargissement de l’utilisation du Nutri-Score à l’échelle européenne tout en dénonçant les tentatives de brouillage exercées par les grandes multinationales (The Coca-Cola Company, Nestlé, PepsiCo, Mondelēz, etc.).
En décembre 2017, l’UFC-Que Choisir a appelé les citoyens européens à signer la pétition « Oui au Nutri-Score sur nos aliments, non au brouillage de certains industriels ».
L’Espagne nous a emboîté le pas et a adopté le Nutri-Score comme système officiel le 12 novembre 2018.
Début avril 2019, la Belgique à son tour a reconnu le Nutri-Score comme système officiel.
En mai 2019, l’UFC-Que Choisir a lancé, avec 6 autres associations européennes, l’initiative citoyenne européenne « Pronutriscore.org » pour rendre obligatoire le Nutri-Score en Europe. Plusieurs ONG et sociétés savantes ainsi que le professeur Serge Hercberg, père fondateur du Nutri-Score, soutiennent la démarche. Vous aussi, mobilisez-vous !
Le 9 mai 2019, l’UFC-Que Choisir publiait les résultats de son enquête exclusive sur les préoccupations et attentes consuméristes des Français pour l’Europe de demain (15 352 répondants).
88 % des répondants sont favorables à rendre le Nutri-Score obligatoire à l’échelon européen.
Parmi les 9 thématiques consuméristes proposées, les répondants mettent clairement en avant – et de loin – la lutte contre les substances chimiques indésirables (87 %) suivie de la sécurité alimentaire (75 %). Le développement durable et le climat sont sur la troisième marche du podium des priorités (70 %). Au-delà des secteurs prioritaires, les répondants ont plébiscité des propositions concrètes, notamment le caractère obligatoire du Nutri-Score.
Le BEUC soutient le Nutri-Score
Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) soutient officiellement la pétition d’initiative citoyenne depuis mai 2019, et précise dans son communiqué de presse appelant à voter en faveur du Nutri-Score que ce projet d’étiquetage nutritionnel, coordonné par l’UFC-Que Choisir, rassemble pour la première fois 7 organisations de défense du consommateur européennes.
Le BEUC a considéré l’obligation d’un étiquetage nutritionnel simplifié comme une priorité lors des élections européennes de mai 2019.
Les stratégies sans scrupules du marketing agroalimentaire
Les industriels tentent de freiner l’obtention d’un étiquetage nutritionnel efficace
La résistance des industriels a été forte. Dès 2016, 6 géants de l’agroalimentaire (Nestlé, Mars, Unilever, Mondelēz International, The Coca-Cola Company et PepsiCo) se sont organisés pour contrer les affichages nutritionnels en Europe comme en France et imposer leur propre logo, l’Evolved Nutrition Labelling (ENL). Que Choisir a obtenu des documents dévoilant la manière dont ces industriels complotaient, détaillant le fonctionnement de leur « coalition », leurs réunions secrètes et le partage de l’Europe décidé entre les groupes.
En 2017, alors que le gouvernement officialisait le choix du Nutri-Score comme logo nutritionnel officiel, la fédération des produits de l’épicerie invitait ses adhérents à adopter un autre logo, pourtant débouté par le gouvernement, moins sévère envers les produits gras et sucrés. Cette riposte montre que la guerre des étiquetages n’est pas finie. En parallèle, les campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux font rage.
Une lutte silencieuse oppose aussi l’industrie agroalimentaire aux institutions de santé. En effet, face à la progression de l’obésité et des pathologies liées à une mauvaise alimentation (diabète, maladies cardiovasculaires, hypertension, certains cancers…), l’UFC-Que Choisir a bien souvent appelé l’État à agir. Mais ce dernier reste trop souvent tétanisé par le poids économique de la filière, au détriment de la santé des consommateurs. Ainsi, la mise en place de repères nutritionnels clairs et la lutte contre l’obésité ou l’addiction à l’alcool sont, elles, entravées.
De même, toutes les tentatives d’interdiction de la publicité pour des aliments de mauvaise qualité ciblant les enfants ont été mises en échec.
Un cadre juridique qui progresse lentement
Malgré le vote de la loi anti-malbouffe à l’Assemblée nationale le 21 février 2019 (texte toujours en discussion au Parlement), qui a permis aux élus de débattre de la nécessité d’encadrer la publicité alimentaire à destination des enfants et des adolescents, la régulation les concernant reste vague et superficielle. La mesure votée à l’Assemblée (mise en place du Nutri-Score dans les publicités) est une avancée en trompe-l’œil. En effet, comme nous l’avons dénoncé, il reste une possibilité pour les grands groupes de déroger à la règle « sous réserve du versement d’une contribution dont le produit est affecté à l’Agence nationale de santé publique (Santé publique France) ».
Le professeur Serge Hercberg, président du PNNS et père du Nutri-Score, salue « une avancée de santé publique, même s’il eût été préférable d’aller plus loin en privant de publicité les produits les moins bien positionnés sur l’échelle du Nutri-Score. Mais au travers de cet amendement, on progresse tout de même dans l’information des consommateurs et on pousse les industriels à réfléchir à la reformulation de leurs produits ». L’interdiction de la publicité pour les produits déséquilibrés à destination des enfants est également une position historique de l’UFC-Que Choisir.
Quand Disney propose son propre logo nutritionnel… ni légitime, ni désintéressé
C’est en février 2019, à l’occasion du Salon de l’agriculture de Paris, qu’une pastille de couleur verte a fait son apparition sur les produits estampillés Disney Cuisine. Accompagnant les héros du groupe Disney sur les emballages de produits tels que fromages, boîtes de céréales, compotes, etc., ce programme « Tous en forme » est censé désigner des produits alimentaires sains que les parents peuvent acheter en toute confiance pour leurs enfants, sur des produits de Yoplait, Savencia ou encore Kellogg’s. Il s’agit pourtant d’un partenariat commercial avec des industries de l’alimentaire, et non d’un programme reconnu et validé par les instances de santé publique.
Aucune étude scientifique ne venant justifier l’apposition de ce logo sur les produits, l’UFC-Que Choisir met les consommateurs en garde contre cette pratique qui, associant les héros aux emballages, en fait des produits ludiques et extrêmement attirants aux yeux des enfants.
Des allégations santé douteuses et des slogans racoleurs
Du chocolat Kinder « qui aide à grandir » aux compléments alimentaires qui « favorisent des seins plus fermes et volumineux », les marques auront tout tenté pour vendre leurs produits sur fond d’allégations santé plus ou moins fantaisistes. Dès 2014, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Aese) retoquait 88 % des allégations étudiées (plus de 44 000 dossiers lui étaient parvenus de toute l’Europe). Seulement les fabricants ont plus d’un tour dans leur sac et ils ne se laissent pas abattre, comme le prouvent ces exemples d’affichage.
Preuve est faite de la dangerosité de ces allégations santé avec le cas des margarines et yaourts anticholestérol. Dans un article basé sur une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) que nous avons publié le 25 juin 2014, nous mettions en garde le consommateur contre les risques non évalués des produits estampillés « anticholestérol » : ils n’auraient, d’après le rapport, aucune vertu pour lutter contre le « mauvais » cholestérol pour près d’un tiers des consommateurs, aucun effet démontré vis-à-vis des maladies cardiovasculaires et, pour couronner le tout, ils présenteraient des risques non évalués.
Le danger de ces allégations : développer des risques de maladie en pensant limiter ceux d’une autre. Il en va de même pour les produits vendus comme des « alicaments ». Un article concernant le yaourt Essensis de Danone, démontrant qu’aucun de ses effets sur la peau n’était effectif, pousse à la remise en question de l’efficacité de ces « alicaments ».
L’UFC-Que Choisir met à votre disposition deux outils gratuits :
• la sémantique, glossaire nutritionnel : de « A » comme acides gras à « V » comme valeur énergétique, tous les mots clés de l’étiquetage nutritionnel sont expliqués et décryptés ;
• le guide pratique de l’étiquetage.