AgricultureContre l’utilisation des pesticides
Les pesticides ont des conséquences désastreuses sur la biodiversité, la qualité des eaux et des sols, la santé via l’alimentation et l’air. Pour limiter ces risques, l’UFC-Que Choisir demande d’interdire les molécules les plus dangereuses, de réaliser un transfert des aides de la PAC vers l’agriculture biologique, d’appliquer le principe pollueur/préleveur-payeur et de protéger efficacement les riverains et les zones de captages pour la production d’eau potable.
Ce qu'il faut savoir
Sur le plan sanitaire, les procédures d’autorisation des pesticides sont particulièrement laxistes. Les autorités n’effectuent jamais de tests sur leur toxicité, mais se contentent de lire les analyses transmises par les fabricants. Ceci explique que certains pesticides se révèlent dangereux après avoir été autorisés. Le glyphosate, par exemple, autorisé dans les années 1970, a été classé en 2015 comme probablement cancérogène pour l’humain par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale pour la santé. Il en va de même pour bien d’autres molécules (1).
L’utilisation massive des pesticides a des conséquences désastreuses sur l’environnement, du fait notamment de la perte de biodiversité et de la pollution des ressources en eau. À titre d’exemple, la pollution des nappes phréatiques a continué à se développer de manière très préoccupante au cours des dernières années : en 2018, la concentration totale en pesticides relevée dans les eaux souterraines dépassait la norme définie pour l’eau potable dans 35 % des cas (contre 14 % en 2010).
Aggravation de la pollution des nappes phréatiques par les pesticides entre 2010 et 2018
Ces pollutions ont également un impact économique important sur les consommateurs. Pour être en mesure de respecter la réglementation sur la qualité de l’eau du robinet, les responsables de la distribution de l’eau doivent prendre des mesures coûteuses, notamment investir dans des installations de dépollution. L’ensemble de ces mesures occasionne un surcoût dans le traitement des eaux estimé entre 750 millions et 1,3 milliard d’euros par an (2), essentiellement payés par les consommateurs.
Les autorités européennes ou françaises ont mis en place de nombreux dispositifs pour tenter de limiter l’utilisation des pesticides ou leurs impacts, mais tous se sont révélés inopérants. Alors que, depuis 2003, le principe européen de l’écoconditionnalité exige que les agriculteurs respectent les règles environnementales pour obtenir les aides de la Politique agricole commune (PAC), en réalité, les infractions ne se traduisent quasiment jamais par une baisse des aides. En France, malgré l’adoption successive de plusieurs plans « Écophyto » visant à diviser par deux l’utilisation des pesticides, celle-ci a au contraire progressé de 25 % entre 2008 et 2018 (en moyenne triennale).
Une augmentation de 25 % de l’utilisation des pesticides en 10 ans
À l’inverse, les études conduites par l’Inra et les expérimentations réalisées à Munich, Augsbourg ou Lons-le-Saunier montrent qu’il est tout à fait possible de limiter fortement l’utilisation des pesticides en encourageant les modes de production agricole tels que l’agriculture biologique et l’agroécologie.
Ce que nous demandons
Afin de protéger efficacement les consommateurs, les ressources en eau et la biodiversité, l’UFC-Que Choisir demande :
- l’interdiction des pesticides suspectés d’être cancérogènes, reprotoxiques, neurotoxiques mutagènes ou perturbateurs endocriniens ;
- un transfert progressif des aides de la PAC en faveur de l’agriculture biologique, de l’agriculture intégrée et de l’agroécologie ;
- l’application du principe pollueur/préleveur-payeur ;
- une application stricte et suffisamment protectrice des réglementations protégeant les espaces à forts enjeux environnementaux ou de santé (distances d’épandage à proximité des riverains, périmètres de captage pour la production d’eau potable, zones écologiquement fragiles, etc.).
(1) Le chlordécone, apparu dans les années 1950 et interdit en France en 1993 ; le chlorpyriphos-éthyl, autorisé en 1965 et quasiment interdit depuis 2016 ; l’atrazine, largement utilisée depuis les années 1960 et interdite en 2003…
(2) Source : Commissariat général au développement durable 2011, coût réactualisé en 2019.