Comment porter plainte
Vous avez été victime d'une infraction (pratiques commerciales trompeuses, escroquerie, tromperies, violences, vol, etc.). Vous pouvez déposer plainte mais vous ne savez pas comment procéder ou, une fois à la gendarmerie, on vous a découragé de porter plainte et vous ne souhaitez pas en rester là pour autant.
Ce que dit la loi
Le dépôt de plainte peut se faire de différentes manières.
La plainte peut être déposée auprès de la brigade de gendarmerie ou de votre commissariat de police (art. 15-3 du Code de procédure pénale). Ces derniers sont tenus de recevoir votre plainte et de la transmettre au procureur.
Vous pouvez aussi déposer plainte auprès du procureur de la République du tribunal judiciaire du lieu de l'infraction ou du lieu de résidence de l’auteur de l’infraction (art. 40 du Code de procédure pénale). Cette plainte pourra déclencher ce qu’on appelle l’action publique.
Votre plainte peut, depuis octobre 2024, se faire en ligne (art. 15-3-1 du Code de procédure pénale), pour les infractions suivantes, en cas d’auteur non identifié :
- vol ;
- cambriolage ;
- abus de confiance ;
- dégradations volontaires ou involontaires d'un bien ;
- infractions concernant le dépôt sauvage ou la collecte des ordures ;
- escroquerie (en dehors de celles commises sur Internet).
Les escroqueries en ligne (phishing, chantage à la webcam...) sont prises en charge sur la plateforme Thésée.
Les fraudes à la carte bancaire (sans dépossession de celle-ci) sont prises en charge sur la plateforme Perceval.
La visioplainte permettra aux victimes (sauf cas particuliers) de porter plainte par visioconférence, sans avoir à se déplacer en commissariat ou en gendarmerie. Expérimenté initialement dans la Sarthe et les Yvelines, le dispositif Visioplainte doit être progressivement généralisé (art. 15-3-1-1 du Code de procédure pénale).
Si vous voulez obtenir réparation du préjudice subi du fait de cette infraction, le dépôt de plainte ne suffira pas : il faut vous constituer partie civile. On parle alors d’action civile qui permet à la victime d’un dommage causé par une infraction d’en demander réparation à celui qui est à l’origine de cette infraction lors du procès pénal. Cela permet aussi d'être associé à l'information judiciaire, quand elle existe, et d’avoir accès au dossier. L’avocat n’est plus obligatoire pour accéder au dossier pénal. Cette faculté de se constituer partie civile n’est pas ouverte en matière de contraventions. En matière de crimes, de délit de presse ou de délit électoral, vous pouvez directement déposer plainte avec constitution de partie civile, sans avoir à déposer préalablement une plainte simple.
À noter Les délais de prescription pour déposer plainte sont de 1 an pour les contraventions, 6 ans pour les délits, 20 ans pour les crimes. Si votre problématique n’est pas liée à une infraction pénale mais à un manquement contractuel, un non-respect du contrat, il ne faut pas porter plainte. Faites valoir vos droits devant la juridiction civile (voir Devant quel tribunal agir).
Art. 85 et suivants du Code de procédure pénale.
Ce que vous pouvez faire
Selon votre choix, vous pouvez donc déposer plainte soit auprès de la gendarmerie ou du commissariat soit directement auprès du procureur (voir lettre type).
La plainte peut désormais se faire en ligne, et prochainement en visio, pour certaines infractions. Vous préciserez les faits dont vous vous estimez victime et, le cas échéant, la qualification pénale (vol, escroquerie…). Sachez toutefois qu’il appartient au procureur de rechercher s’il y a ou non infraction à des textes. Il n’est pas tenu par la qualification donnée. En effet, la loi pénale étant d’interprétation stricte, il doit s’assurer que toutes les conditions nécessaires à la qualification de l’infraction sont réunies.
Procédure
Une fois votre plainte déposée, deux cas de figure peuvent se présenter :
- soit le procureur décide de poursuivre. Vous pouvez vous constituer partie civile à tout instant de la procédure et ce, jusqu’au jour de l’audience. C’est ce qu’on appelle une constitution de partie civile par voie d’intervention ;
- soit le procureur de la République n’y donne pas suite. Dans cette situation, en cas de classement sans suite ou de non-réponse après un délai de 3 mois, vous pouvez contester cette décision devant le procureur général ou porter plainte avec constitution de partie civile en adressant votre plainte au juge d’instruction du tribunal judiciaire du lieu de l’infraction ou du lieu de résidence de la personne mise en cause (en décrivant de façon assez précise l'infraction dont vous avez été victime). Depuis le 1er janvier 2017, cette plainte doit être adressée au Pôle de l’Instruction. Il s’agit d’une constitution de partie civile par voie d’action. Dans ce cas, sachez qu’afin de s’assurer du sérieux de votre plainte et pour garantir le paiement d’une éventuelle amende civile, le juge vous demandera une consignation (sauf dispense) pouvant aller jusqu’à 15 000 euros qui sera fonction de vos ressources. Celle-ci restera bloquée jusqu'au procès et vous sera restituée si aucune amende n’est prononcée à votre encontre (articles 88 et 88-1 du Code de procédure pénale).
Enfin, si vous souhaitez éviter le « filtrage » du procureur, il existe la procédure de la citation directe. Cette procédure est à manier avec beaucoup de précautions et il est judicieux de se faire conseiller par un avocat. Il faut vous assurer d’avoir suffisamment d’éléments pour mettre en cause la personne citée, sous peine, entre autres, d’être redevable d’une amende civile pour procédure abusive ou de dommages-intérêts pour dénonciation calomnieuse. Cette procédure n'est toutefois pas possible pour les crimes, les délits commis par les mineurs et les contraventions de cinquième classe qui nécessitent une instruction préalable.
Art. 85, 88 et 88-1 du Code de procédure pénale.
Ce modèle de lettre a été rédigé par le Service d’Information Juridique de l’UFC-Que Choisir. Composé de juristes, il répond aux questions des abonnés à Que Choisir afin de leur indiquer la marche à suivre pour venir à bout de la plupart des problèmes de consommation qu’ils peuvent rencontrer dans leur vie quotidienne : produits défectueux et prestations de services peu satisfaisantes, contentieux en matière d’assurance ou de banque, litiges locataires-propriétaires, questions relatives à la copropriété etc.
Attention : ce modèle de lettre n’a pas vocation à se substituer à des conseils personnalisés qui pourraient vous être fournis par nos associations locales ou par des professionnels du droit. Il a pour objet de vous proposer une argumentation que vous jugez pertinente au regard de votre situation.