Tromperie sur la marchandise
Vous avez commandé un buffet. Au moment de votre achat, le vendeur vous a certifié que le meuble était en bois massif, mention qui figure sur votre bon de commande. Une fois livré(e), vous vous rendez compte qu'il s'agit d'un vulgaire placage.
Le vendeur vous vend un ordinateur de démonstration qu’il vous fait passer pour un appareil neuf.
Ce que dit la loi
D’un point de vue pénal, constitue un délit de tromperie le fait de tromper ou de tenter de tromper un cocontractant sur certaines caractéristiques d’un produit ou d’une prestation de service.
Ces caractéristiques sont énumérées à l’article L. 441-1 du Code de la consommation : cela peut être la nature ou l’espèce du produit ou du service, les qualités substantielles, l’origine, l’aptitude à l’emploi du produit…
Ce délit suppose un élément intentionnel à savoir la mauvaise foi de l’auteur de l’infraction. S’agissant d’un professionnel à l’origine de l’infraction, la mauvaise foi peut se déduire de sa qualité de professionnel en tant qu’auteur de la tromperie. Du fait de ses compétences dans son domaine d’activités, il ne peut souvent ignorer ce qu’il en est vraiment du bien qu’il vend ou du service qu’il rend. Cette mauvaise foi peut résulter du fait qu’il se soit abstenu volontairement de renseigner le client sur les caractéristiques du bien ou service.
Ainsi le fait pour un professionnel de vous vendre, comme un meuble en merisier, un meuble en bois de placage est constitutif d’un délit de tromperie sur les qualités substantielles (Cour de cassation, chambre criminelle, 20 juin 1983). Il en est de même pour le fait de vendre un ordinateur de démonstration à la place d’un appareil neuf (tribunal de grande instance de Paris, 23 novembre 1998).
Ce délit de tromperie est passible d'un emprisonnement de deux ans et d'une amende de 300 000 euros. Une personne morale, à savoir une société, peut, quant à elle, encourir une amende pouvant aller jusqu'à 1 500 000 euros et des peines complémentaires, notamment l’interdiction d’exercer de façon provisoire ou non l’activité à l’occasion de laquelle l’infraction a été commise.
Articles L. 441-1, L. 454-1 et L. 454-5 du Code de la consommation, articles 131-38 et 131-39 du Code pénal.
Les vendeurs professionnels doivent, par voie d’étiquetage, informer les consommateurs de la ou des principales matières, essences ou matériaux composant les meubles (décret n° 86-583 du 14 mars 1986).
N'hésitez pas à demander à un autre professionnel une attestation qui puisse prouver le bien-fondé de vos affirmations. Joignez-en une copie à votre courrier et gardez-en un double, pour étayer votre dossier. Si vous deviez entamer une procédure devant une juridiction civile, une attestation à produire en justice doit comporter des mentions particulières (articles 200 à 203 du Code de procédure civile). Saisir votre protection juridique permettra aussi de demander une expertise.
Ce que vous devez faire
Munissez-vous des éléments de preuve que le bien ne correspond pas aux qualités annoncées. Adressez-vous ensuite à votre vendeur par lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR), afin d’exiger, selon votre choix, l’annulation de cette transaction (remboursement assorti éventuellement de dommages et intérêts), ou des dommages et intérêts.
Vous pouvez le menacer de porter plainte. En tant que victime d’une telle tromperie, vous pouvez vous constituer partie civile et obtenir du juge pénal l’allocation de dommages et intérêts.
Vous pouvez également saisir la direction de la protection des populations de votre département (DDPP) pour dénoncer ces pratiques. Adresses des DDPP : http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Liste-des-directions-departementales-de-la-protect
Voir la lettre type « Comment porter plainte ».
Pour obtenir l’annulation du contrat et éventuellement des dommages-intérêts, il faut choisir la juridiction civile (articles 1128 et 1137 du Code civil). Il vous appartient de démontrer que, sans ces manœuvres, vous n’auriez pas contracté avec ce professionnel. Le dol doit être prouvé. Vous pouvez aussi choisir la voie civile pour une réduction du prix grâce à l’allocation de dommages et intérêts.
Pour les contrats conclus après le 1er octobre 2016 : articles 1128 et 1137 du Code civil.
Devant quel tribunal agir
Sauf cas particuliers, lorsque vous saisirez le tribunal, vous devrez justifier avoir réalisé des démarches en vue de parvenir à une résolution amiable du litige (art. 54 du Code de procédure civile). Il s’agit, par exemple, d’évoquer les différents courriers que vous avez écrits ainsi que les délais laissés pour vous répondre. À défaut, le juge pourra vous inviter à procéder à une tentative de règlement amiable de votre litige, avant de vous adresser à nouveau à lui.
Retrouvez notre fiche « Devant quel tribunal agir ? »
À noterCe modèle de lettre a été rédigé par le Service d’Information Juridique de l’UFC-Que Choisir. Composé de juristes, il répond aux questions des abonnés à Que Choisir afin de leur indiquer la marche à suivre pour venir à bout de la plupart des problèmes de consommation qu’ils peuvent rencontrer dans leur vie quotidienne : produits défectueux et prestations de services peu satisfaisantes, contentieux en matière d’assurance ou de banque, litiges locataires-propriétaires, questions relatives à la copropriété etc.
Attention : ce modèle de lettre n’a pas vocation à se substituer à des conseils personnalisés qui pourraient vous être fournis par nos associations locales ou par des professionnels du droit. Il a pour objet de vous proposer une argumentation que vous jugez pertinente au regard de votre situation.