Anne-Sophie Stamane
Prothèses auditivesBien choisir ses audioprothèses
En France, un tiers seulement des 6 millions de personnes malentendantes sont équipées d’aides auditives. L’âge est un facteur important de perte d’audition. La presbyacousie survient parfois dès la cinquantaine ! S’équiper de prothèses auditives sans trop tarder aide à conserver les capacités du cerveau à bien percevoir les sons. Bien entendre contribue également à préserver la vie sociale. Malheureusement pas de miracle, les aides auditives ne restaurent pas une audition parfaite.
En résumé
- Consulter un médecin pour la prescription.
- Choisir un audioprothésiste accessible et de confiance.
- Le type d’appareil se décide en fonction de la perte d’audition et de l’esthétique.
- Une batterie rechargeable est très pratique !
- Les options sont à déterminer selon les habitudes de vie.
- Pour les appareils de classe 2 (prix libres), attention aux modalités de remboursement par la complémentaire santé.
- Les assistants d’écoute vendus sans ordonnance ne conviennent qu’à de faibles pertes auditives.
Comment fonctionne un appareil auditif ?
Aujourd’hui, toutes les prothèses auditives sont numériques. L’appareil capte les sons grâce à un micro, puis les traite et les amplifie grâce à un microprocesseur. Le son est restitué dans l’oreille par l’écouteur. Les audioprothèses actuelles sont capables d’isoler les niveaux de fréquences (grave, medium ou aigu) et de les amplifier différemment selon le besoin et le type de déficience auditive : ces réglages sont effectués par l’audioprothésiste, et leur subtilité dépend du nombre de canaux de l’appareil. Grâce à des programmes préréglés (ambiance calme, ambiance bruyante), les aides auditives analysent aussi l’environnement sonore et sélectionnent automatiquement le meilleur équilibre de restitution du son. Attention, une audioprothèse ne restaure pas totalement les capacités auditives, celles-ci sont définitivement perdues. Elle compense en partie seulement ce que l’oreille ne peut plus faire par manque de sensibilité.
Quand s’appareiller ?
Il vaut mieux s’équiper tant que le cerveau est encore apte à interpréter les sons transmis par l’oreille. L’appareillage est recommandé à partir d’une perte auditive de 30 décibels (dB), en cas de perte importante dans le registre des aigus, ou encore si la compréhension est manifestement affectée.
Qui prescrit ?
Pour bénéficier d’une prise en charge, l’appareillage doit être prescrit par un médecin, qui s’appuiera sur un examen initial d’audition, appelé audiogramme. Il s’agit dans la très grande majorité des cas d’un otorhinolaryngologiste (ORL), mais un généraliste peut le faire également, s’il se sent capable de cerner les besoins de ses patients. Une formation spécifique en otologie devait conditionner réglementairement la prescription en médecine générale, mais faute de mise en place, tout généraliste peut aujourd’hui, et officiellement jusqu’au 31 août 2020, prescrire un équipement. Une possibilité à prendre en compte dans les régions où les délais de rendez-vous avec l’ORL sont longs.
Choisir un audioprothésiste
Il est préférable de choisir un audioprothésiste proche de chez soi. L’accès doit être facile en raison des multiples rendez-vous de la phase d’adaptation de l’appareil, lors du mois d’essai gratuit. Le suivi, après l’achat, vous imposera de vous rendre deux à trois fois par an, au moins, chez l’audioprothésiste.
Des audioprothèses low cost ?
Des enseignes comme Idéal Audition ou la Maison de l’appareil auditif se sont ouvertes dans les grandes villes (Lyon, Marseille, Paris, Limoges, etc.) pour proposer des prothèses auditives moins chères. Pourquoi pas, si vous n’habitez pas loin. Mais si vous devez prendre le TGV ou faire des dizaines de kilomètres en voiture pour venir aux rendez-vous d’ajustements ou pour le suivi après l’achat, ce n’est pas une bonne idée ! L’audioprothésiste doit impérativement être accessible au moment où vous en avez besoin.
L’idéal est de se faire recommander un nom par un proche content de son équipement ou, à défaut, par le médecin qui a prescrit l’équipement. N’hésitez pas, surtout pour un premier appareil, à vous rendre chez plusieurs audioprothésistes, afin de déterminer celui avec qui vous vous sentez le plus en confiance.
Il faut savoir qu’en raison de la technicité des appareils, les audioprothésistes maîtrisent deux, trois marques maximum. En outre, le marché change : des marques achètent des chaînes de magasins, leur imposant de commercialiser un pourcentage élevé de leurs produits. Choisir son audioprothésiste restreint logiquement les possibilités à deux ou trois marques.
Les principales marques d’appareils auditifs
- Bernafon
- Oticon
- Phonak
- Resound
- Rexton
- Signia
- Starkey
- Unitron
- Widex
- etc.
Chaque marque possède une gamme complète d’appareils, allant de l’entrée de gamme au haut de gamme. Les prix sont rarement affichés sur les sites Internet des audioprothésistes, il faut se rendre en boutique pour se faire une idée. La fourchette va, par appareil, de 600 à plus de 2 000 €.
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Les différents types d’appareils auditifs
Contours d’oreille et micro-contours
Les contours d’oreille classiques, à installer derrière l’oreille, sont constitués d’un boîtier qui contient l’ensemble du système : le micro, le processeur/amplificateur et l’écouteur. Un tube creux en plastique amène le son jusque dans le conduit auditif. Ils sont réputés peu discrets mais se sont beaucoup améliorés ces dernières années. « Ils ont l’avantage d’être fiables et robustes, et sont disponibles, au choix, avec piles ou chargeur », détaille Salomé Chemla, audioprothésiste au sein du réseau mutualiste Écouter Voir. Elle les conseille pour des pertes auditives importantes, « car ils acceptent plus de puissance ». Ils sont appréciés des personnes ayant une mauvaise dextérité, car les piles sont plus maniables.
Assez semblables d’aspect, mais sensiblement plus petits, les micro-contours se distinguent par l’écouteur : il n’est pas dans le boîtier mais dans l’embout qui se place dans l’oreille, raison pour laquelle il est dit « déporté ». Ils remportent un large succès depuis quelques années, en raison à la fois de leurs performances et de leur discrétion.
Ces deux types d’appareils n’ont qu’une commande accessible : elle sert à monter ou baisser le son rapidement, ou à changer de programmes.
Les intra-auriculaires
Créées à partir d’un moulage du conduit auditif, ces prothèses se glissent complètement dans l’oreille. Si le conduit auditif est trop petit, elles ne seront pas adaptées. « Elles sont indiquées pour des pertes légères à moyennes », précise Salomé Chemla. Attention, le conduit de l’oreille étant complètement bouché, la voix peut résonner. Pour les personnes qui entendent encore bien les graves, il peut aussi gêner leur perception. Les intra obligent aussi à utiliser des piles très petites : les personnes ayant peu de mobilité des doigts (arthrose) risquent de vite s’agacer. L’humidité du conduit auditif et la production de cérumen sont susceptibles de perturber le fonctionnement de l’électronique. Un nettoyage régulier par l’audioprothésiste s’impose.
Quelles caractéristiques privilégier ?
Appareil auditif à piles ou rechargeable ?
Le chargeur a le vent en poupe, car il évite d’être tributaire des piles. Il représente toutefois un coût à l’achat, autour de 150 €, qui n’est jamais couvert par l’assurance maladie car il est considéré comme un accessoire. Les piles, au contraire, sont en partie remboursées : entre 4,5 € et 15 € par appareil, selon le type de piles. Le nombre de piles prises en charge est limité. La complémentaire santé peut éventuellement compléter la prise en charge.
L’embout
Il obture plus ou moins le conduit auditif, selon la perte auditive. « Les personnes qui entendent encore bien les basses fréquences seront orientées vers un embout aéré qui les laissent passer », souligne Salomé Chemla.
Quelles options et programmes ?
La gamme à laquelle appartient l’appareil détermine le nombre et la finesse des options et programmes. Les appareils haut de gamme embarquent des algorithmes plus complexes pour mieux traiter la parole dans le bruit, et des programmes automatiques personnalisés. Les modèles les plus simples fonctionnent avec des programmes manuels. Ils sont souvent dotés de micros omnidirectionnels captant tous les sons environnants, alors que les modèles plus aboutis sont équipés de micros directionnels afin de focaliser sur la conversation avec l’interlocuteur.
Les options sont à choisir selon votre mode de vie. Un cycliste du quotidien appréciera un réducteur de bruit du vent. La connexion en Bluetooth au téléphone permet de recevoir les appels directement dans l’oreille ou d’écouter confortablement la musique.
La bobine T n’est pas vraiment une option, mais une « position » qui, sous réserve d’être activée par l’audioprothésiste, présente des avantages : dans les salles de cinéma, théâtre ou concert équipées, il est possible avec ce dispositif de recevoir directement le son via la prothèse, ce qui assure un bon confort d’écoute, sans bruits parasites. La plupart des audioprothèses en sont équipées.
Enfin, comme tous les appareils qui nous entourent, les prothèses auditives sont de plus en plus souvent connectées au smartphone. Il est désormais possible d’ajuster les réglages via des applis dédiées. Si vous souhaitez disposer de cette possibilité, assurez-vous au moment de l’achat que l’appli est adaptée au système d’exploitation de votre modèle de téléphone (iOS, Android).
Zoom sur le 100 % santé
Le ministère de la Santé a fixé des critères afin de garantir le niveau technique des appareils auditifs de classe 1 relevant du 100 % santé. Ils doivent, entre autres, disposer :
- d’un réducteur de bruit ;
- d’un système anti-larsen ;
- de 12 canaux de réglages ;
- d’au moins 2 programmes différents (environnement calme/bruyant).
Trois options sont obligatoires, parmi 12 possibles : système anti-acouphène, réglage à distance par télécommande ou Bluetooth, réducteur de bruit du vent, synchronisation entre les deux appareils, etc. Malheureusement, même si rien n’empêche un fabricant de référencer en classe 1 un produit rechargeable, l’option avec chargeur est inscrite sur la liste B, dédiée aux audioprothèses de classe 2, ne relevant pas du 100 % santé.
L’achat et le remboursement d’un appareil auditif
L’essai gratuit pendant 1 mois
Vous avez le droit d’hésiter, voire de refuser l’appareil que vous avez testé. Le délai d’essai est d’un mois. Il est gratuit, en contrepartie d’une caution. La période doit être mise à profit pour déterminer si la prothèse vous convient au quotidien. Il est donc capital de vous astreindre à la porter lors de vos sorties, au restaurant, en plein air, au travail, en famille, etc. Plusieurs rendez-vous sont proposés pour modifier les réglages en fonction de votre ressenti, ne les manquez pas !
Le devis normalisé
Avant l’achat, l’audioprothésiste doit établir un devis respectant les exigences réglementaires : le prix de chaque produit et prestation doit être spécifié, indépendamment du total. Depuis le 1er janvier 2020, même si la prise en charge à 100 % n’est prévue que pour le 1er janvier 2021, le devis comporte nécessairement une offre 100 % santé, à un prix maximum de 1 100 € par appareil.
Que comprend le prix ?
Il couvre l’appareillage, mais également un forfait de prestations qui correspond au suivi et à l’entretien par l’audioprothésiste. Il est tenu de réaliser les ajustements tant que vous les demandez, même plusieurs années après l’achat.
Le remboursement
Avec la réforme du 100 % santé, plusieurs changements interviennent dans la prise en charge par l’assurance maladie et les complémentaires santé.
D’une part, la base de remboursement de l’assurance maladie augmente. Elle est fixée à 350 € pour 2020, et atteindra 400 € en 2021. Le remboursement s’élève à 60 % de cette base, soit 210 € depuis le 1er janvier 2020, et 240 € à partir du 1er janvier 2021, et ce, que les appareils appartiennent à la classe 1 (100 % santé) ou à la classe 2.
D’autre part, la participation des complémentaires santé évolue elle aussi, avec une distinction classe 1/classe 2. Les prothèses de classe 1 couvrent 140 € minimum en 2020, avant de passer à 710 € en 2021. Les prix de vente seront alors plafonnés à 950 € par appareil, le reste à charge sera effectivement à zéro.
On ne peut se faire rembourser qu’un équipement tous les 4 ans.
Pour les prothèses de classe 2, le système actuel perdure : les prix ne sont pas encadrés et la prise en charge par la complémentaire santé se fait en fonction du contrat. Vérifiez bien le montant de la couverture et la fréquence de renouvellement, car il se peut que les complémentaires santé revoient à la baisse leur prise en charge du reste à charge dans ce cadre de l’offre à prix libre ! En tout cas c’est ce que craint le syndicat national des audioprothésistes (Unsaf), qui a récemment communiqué sur le sujet.
Le 100 % santé, calendrier et montants de prise en charge
2020 | 2021 | |
---|---|---|
Prix maximum | 1 100 € | 950 € |
Assurance maladie | 210 € | 240 € |
Complémentaires santé | 140 € ou plus | 750 € |
Reste à charge final | 750 € | 0 € |
La garantie
Depuis la réforme 100 % santé, les appareils sont garantis pour au moins 4 ans par le fabricant. Vous pouvez donc en bénéficier chez n’importe quel audioprothésiste. Cette garantie inclut le remplacement des pièces, la main-d'œuvre, mais aussi les frais de transport en cas de vices de forme, défauts de fabrication ou pannes survenant dans un usage habituel. Les garanties de conformité et de vices cachés s’appliquent aussi. Seuls sont exclus les dommages accidentels, la perte ou le vol des appareils.
Que valent les assistants d’écoute vendus sans ordonnance en pharmacie ?
En cas de baisse d’audition légère, il existe des assistants d’écoute vendus à des prix très variables en pharmacie ou sur Internet. A priori, selon le test d’assistants d’écoute que nous avons mené en 2018 sur quelques modèles, ils ne sont pas dangereux pour l’oreille car ils n’amplifient pas au-delà de 20 décibels. Ils sont donc envisageables, si vous n’êtes pas encore décidé à vous équiper plus sérieusement. Ce sont cependant des appareils qui offrent une amplification sans nuances et avec lesquels vous n’aurez ni ajustements, ni conseils professionnels.