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Élisabeth Chesnais
Les piles alcalines jetables restent les préférées des consommateurs, à tort. Il y a beaucoup à gagner à les remplacer par des piles rechargeables (accus) : elles permettent de belles économies et polluent nettement moins.
Les ménages raffolent toujours des piles alcalines jetables, elles représentent 70 % des ventes, contre 9,1 % pour les piles rechargeables. Ce succès se justifie d’autant moins qu’elles coûtent au final beaucoup plus cher que les piles rechargeables. Ce prix, on n’en a pas conscience tant leur achat s’est banalisé. On les pose dans le caddie comme n’importe quel autre produit en faisant les courses, sans compter combien on en achète dans l’année et quelle dépense ça représente. C’est bien dommage, car il y a souvent des centaines d’euros à économiser en les remplaçant par des rechargeables.
En magasin, le prix des alcalines jetables est inférieur de moitié au moins à celui des rechargeables. Mais une fois que le jeu de jetables ne fonctionne plus, il faut en racheter. Rien de tel avec les rechargeables, elles se réutilisent une fois rechargées, à 300 reprises en moyenne. Notre test de piles démontre qu’il y a beaucoup à gagner avec les rechargeables.
Le laboratoire en charge des essais a mesuré la durée de fonctionnement des piles en laboratoire pour une voiture radiocommandée qui en exige 4. C’est un jouet de Noël très prisé des enfants, ils vont se précipiter à l’extérieur pour y jouer. Nos calculs se basent sur 30 séances de jeu au cours de l’hiver, à raison de 1 h à chaque fois. En prenant les piles les mieux notées de notre test dans chaque catégorie et en incluant un jeu de rechange pour la rechargeable, la dépense s’élève à 612 € avec la jetable, 21 € avec la rechargeable.
Hyper économiques, les rechargeables conviennent à tous les appareils qui consomment beaucoup. Ce qui va des jouets électroniques ou télécommandés aux lampes torches et frontales en passant par des objets aussi courants qu’une souris ou un casque sans fil, un appareil photo ou une brosse à dents électrique, s’ils ne sont pas dotés d’une batterie avec chargeur.
Les seuls usages qui justifient les jetables se cantonnent aux appareils consommant peu, typiquement les réveils, les télécommandes TV, les horloges, les calculatrices, les détecteurs de fumée. Elles y fonctionnent des années sans faiblir, c’est idéal.
Notre test révèle que les piles alcalines jetables ne résistent pas du tout à un usage en extérieur l’hiver. Par 5 °C, elles tiennent à peine une demi-heure et il faut les remplacer, c’est ruineux. Les rechargeables fonctionnent en revanche plus de 2 h d’affilée, puis il suffit de les recharger. La seule pile jetable de notre test qui a résisté au froid est une pile lithium.
Les fabricants ont l’obligation de mentionner sur leurs emballages la capacité des piles, c’est-à-dire la quantité d’énergie qu’elles peuvent stocker. Celle des piles AAA que nous avons testées est comprise entre 800 et 1 000 mAh. Pour les piles AA, on trouve deux familles, des modèles de capacité moyenne (1 900 à 2 100 mAh) et d’autre à haute capacité (2 300 à 2 600 mAh) censées durer plus longtemps. Nous l’avons vérifié, les capacités annoncées sont bien respectées.
Adopter des piles rechargeables exige une petite gymnastique. Nous vous conseillons de disposer de plusieurs jeux de piles rechargeables, afin de jongler entre vos différents appareils et de bien gérer les recharges pour ne jamais être à court. Sachez que vous n’avez pas besoin d’attendre que les piles soient totalement vides pour les recharger.
Pour un premier achat de rechargeables, mieux vaut opter pour le pack complet : chargeur + piles. Sinon la marque importe peu. N’importe quel chargeur Ni-MH convient aux rechargeables Ni-MH. L’important est d’y insérer des piles identiques.
Il existe une différence de voltage entre les rechargeables et les jetables, 1,2 V contre 1,5 V. Cette différence n’a strictement aucune importance, pour 2 raisons :
24 % des piles vendues sont des piles bouton. Elles n’ont pas d’alternative rechargeable, en revanche elles font peu de déchets car elles tiennent longtemps, que ce soit dans les montres, les calculatrices, les appareils auditifs, les jouets…
Mais attention, laisser traîner une seule pile bouton peut être fatal à un jeune enfant. Les autorités sanitaires alertent régulièrement sur le risque qu’elles présentent pour les moins de 6 ans. Les centres antipoison recensent de nombreux cas d’ingestion, qui peuvent être dramatiques, aller jusqu’à la perforation des voies respiratoires ou à l’hémorragie brutale.
Piles jetables et rechargeables empruntent la même filière de recyclage. Les vendeurs sont tenus de mettre à disposition du public des boîtes de collecte. D’après l’éco-organisme Corepile, chargé de l’organisation de la filière de recyclage des piles en France, seule la moitié des piles commercialisées sont collectées. Chaque foyer posséderait 106 piles et batteries – 5 fois plus qu’ils ne s’imaginent – dont 10 usées qui attendent de rejoindre un point de collecte. 15 % des piles finissent encore à la poubelle et ne sont donc pas recyclées. Dommage : 80 % des métaux qu’elles contiennent, une fois extraits, sont réutilisés dans l’industrie.
Autant qu’il est possible, branchez vos appareils sur une prise de courant pour les recharger, au lieu d’acheter des piles.
Élisabeth Chesnais
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