Fabrice Pouliquen
PhotovoltaïqueComment choisir un kit solaire
De plus en plus de stations solaires plug & play arrivent sur le marché. On trouve ces kits solaires à monter soi-même en magasin de bricolage, chez certaines enseignes de la grande distribution ou sur Internet. On vous aide à y voir plus clair.
En résumé
- Un kit solaire fonctionne comme une installation photovoltaïque classique, de celles qu’on voit se multiplier sur les toitures de bâtiments. Mais ces kits solaires sont plug & play (prêts à l’emploi) : on peut les monter seul, sans connaissances en bricolage, et les démarches administratives sont réduites à leur portion congrue.
- Les kits solaires ne s’installent pas forcément en toiture mais le plus souvent au sol, voire aux murs ou sur les garde-corps des balcons pour certains.
- En contrepartie de cette installation facile, les kits solaires plug & play restent des installations photovoltaïques de petite puissance : n’espérez pas vendre l’électricité produite. L’enjeu est plutôt l’autoconsommation.
- Ces kits plug & play sont une porte d’entrée intéressante pour celles et ceux qui veulent commencer à produire leur propre électricité.
Mettre à profit les rayons du soleil pour produire soi-même de l’énergie et faire des économies, l’idée est dans l’air du temps, car le prix de l’électricité a flambé ces dernières années et, dans le même temps, celui des panneaux photovoltaïques a chuté. Les Français sont de plus en plus nombreux à franchir le pas. À la mi-2024, Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution électrique, comptait 556 039 foyers équipés de panneaux solaires. En seulement 2 ans, le nombre d’installations a été multiplié par 3 !
Tout de même, le montant pour une puissance installée de 3 kilowatts-crête (kWc) en surimposition de toiture – disposition la plus pertinente chez les particuliers – tourne autour des 7 000 € avec un onduleur classique. Ce n’est pas rien ! Par ailleurs, tout le monde n’a pas non plus la place, sur son toit, pour de telles installations. Mais on peut commencer plus petit, ne serait-ce que pour se faire une première idée de ce qu’implique de produire sa propre énergie. De plus en plus de stations solaires dites « plug & play », à monter seul chez soi, sont proposées à la vente. Nos conseils pour bien les choisir.
Les différentes marques de kits solaires
On trouve ces kits solaires dans les magasins de bricolage (Brico Dépôt, Castorama, Leroy Merlin…), dans certaines grandes surfaces (Leclerc) ou sur les sites Internet des fabricants eux-mêmes. Dans notre test de stations solaires, nous avons testé six solutions plug & play proposées par Ekwateur, Supersola, Katezer, Beem, Sunology et Avidsen. Il y en a d’autres comme Oscaro Power, Mater France, etc.
Question prix, la fourchette des systèmes à monter soi-même varie entre 300 et 700 €. La puissance promise ainsi que les accessoires, les réglages et la destination (sol, mur, balcon…) ont un impact sur la facture.
Comment fonctionne un kit solaire ?
Sur le principe, le fonctionnement est le même que celui d’une installation solaire classique. Ces kits se composent d’un ou plusieurs panneaux photovoltaïques dont les cellules absorbent les rayons du soleil et transforment cette énergie en électricité en courant continu. Ces kits ne produisent pas d’électricité seulement l’été, mais potentiellement toute l’année : ce n’est pas la chaleur qui compte mais la luminosité, et certaines journées d’hiver sont parfois bien ensoleillées. Ces kits solaires comprennent également un micro-onduleur. Fixé derrière les panneaux, il convertit le courant continu produit par la station en courant alternatif prêt à être injecté dans le réseau, via la prise électrique à laquelle on a branché l’installation.
La particularité de ces kits solaires – ou du moins la promesse que font leurs fabricants – est que l’on peut installer ces appareils facilement, seul, sans passer par un professionnel et avec un minimum de démarches administratives. C’est en ce sens qu’ils peuvent être vus comme une porte d’entrée dans la production d’énergie solaire. Une façon de commencer petit pour, si on se prend au jeu, se tourner ensuite vers des installations plus complexes et plus puissantes. La plupart de ces kits offrent d’ailleurs la possibilité de connecter d’autres panneaux photovoltaïques par la suite.
Où les installer ?
Ces kits solaires se posent principalement au sol, typiquement dans un jardin ou sur une terrasse. Il faut alors les lester pour éviter qu’ils ne s’envolent à la première bourrasque. Dalles de béton, parpaings, sacs de sable… chaque fabricant y va de ses recommandations, pas toujours très claires d’ailleurs pour certains d’entre eux. À l’inverse, d’autres incluent cette préoccupation dans la conception même du kit, en prévoyant des ballasts à remplir d’eau derrière le panneau.
Mieux vaut en tout cas s’assurer que l’on a chez soi l’endroit idoine où installer le kit. Ces appareils prennent une certaine place, au minimum 2 m2 pour une installation au sol. Il faut aussi pouvoir les brancher à une prise électrique dédiée et protégée par un disjoncteur différentiel de 30 mA pour des raisons de sécurité. Or, les câbles de sortie livrés avec les kits sont parfois bien courts. Certes, il est toujours possible d’utiliser une rallonge, mais elles sont généralement vendues en option.
Surtout, pour maximiser la production d’un kit solaire, il convient d’orienter les panneaux plein sud en veillant à ce que rien ne leur fasse de l’ombre (comme un arbre). Une installation au mur ou à la rambarde d’un balcon pourra s’avérer plus efficace. Certaines stations solaires proposent des kits de fixation spécifiques fournis à l’achat de l’appareil, mais plusieurs fabricants font le choix de les vendre séparément. Installer ces kits au mur ou sur un balcon peut toutefois impliquer des démarches administratives supplémentaires.
La puissance des panneaux
C’est forcément un critère important au moment de choisir son kit solaire, car cette puissance donne un aperçu de la production d’électricité que l’utilisateur pourra escompter. Elle est donnée en watts-crête (Wc). Dans notre test de kits solaires, elle varie de 425 Wc pour les kits les plus puissants à 300 Wc pour les moins puissants. Cependant, ces puissances annoncées par les fabricants risquent de vous décevoir : elles correspondent aux performances que leurs panneaux peuvent théoriquement atteindre dans des conditions d’ensoleillement optimales. Et surtout, elles concernent uniquement le panneau solaire. Or, la conversion de l’électricité produite en courant alternatif induit des pertes de rendement. C’est surtout la production réelle des kits (panneau + onduleur) qui compte. C’est celle-ci que nous indiquons dans notre test, et l’écart avec les chiffres mis en avant par les fabricants est parfois de taille.
Autoconsommation ou vente de l’électricité produite ?
Les kits solaires sont des installations de trop faible puissance pour que la question se pose ! Vendre l’électricité produite est inenvisageable car trop peu rentable. C’est même impossible auprès d’EDF OA, la filiale d’EDF destinée à acheter l’électricité photovoltaïque aux producteurs, qui impose notamment que l’installation soit réalisée par un professionnel labellisé RGE (reconnu garant pour l’environnement).
Avec ces kits solaires, l’enjeu est de réussir à autoconsommer le plus possible l’énergie produite. L’objectif est que cette production couvre votre talon de consommation, cette quantité minimale d’électricité que vous consommez en permanence même quand vous n’êtes pas chez vous (box Internet, appareils en veille, etc.). Plusieurs sites Internet vous aident à calculer ce talon. C’est utile pour bien choisir son kit solaire. Acheter un kit plus puissant que nécessaire n’est pas très opportun : vous le paierez plus cher et serez contraint de faire cadeau de votre surplus de production au réseau.
Quoi qu’il en soit, n’espérez pas économiser énormément avec un kit solaire. Les projections que donnent certains sont largement surestimées : « Cent euros par mois », avance l’un d’eux… Les gains à espérer sont plutôt de l’ordre d’une centaine d’euros par an.
La durée dans le temps
Généralement, un panneau solaire a une durée de vie minimale de 20 ans avant de commencer à perdre en rendement. Mais, bien installé et bien entretenu, il peut durer bien plus longtemps. Pour le micro-onduleur (pièce qui se change mais qui coûte cher), on est plus sur une durée de vie de 10 ans.
Certains fabricants garantissent le panneau et l’onduleur 25 ans, d’autres beaucoup moins. Or ce ne sont pas seulement les panneaux et l’onduleur qui doivent tenir dans le temps, mais aussi tout ce qui va autour (châssis, accessoires, etc.) et certains kits parmi ceux que nous avons testés ont négligé cette partie et nous ont semblé peu robustes.
L’application de suivi de production
Elle permet de connaître à tout moment la quantité d’électricité produite par le kit solaire. L’outil est précieux lorsqu’on cherche au maximum à aligner sa consommation électrique sur sa production d’énergie solaire pour la consommer au maximum. Et même si vous n’ouvrez l’application que de temps en temps, elle restera utile pour vous alerter sur d’éventuels problèmes : si, par exemple, la production affichée vous paraît basse alors qu’il fait grand soleil, c’est peut-être le moment de nettoyer la surface de vos panneaux… Les applications les plus abouties donnent d’autres informations intéressantes comme la météo ou la température du micro-onduleur (comme tout appareil électronique, il faut éviter qu’il surchauffe) et d’autres statistiques.
Les petits plus qui peuvent faire la différence
Côté production, certains kits offrent des options qui permettent d’espérer des gains de performance (même si c’est difficile à mesurer). Certains modèles rendent notamment possible l’inclinaison des panneaux solaires, en proposant jusqu’à trois angles différents. C’est utile quand on veut suivre au mieux la course du soleil en fonction de la saison. Par exemple, on relèvera les panneaux l’hiver, lorsque le soleil est plus bas dans le ciel.
Certains kits sont « bifaciaux » : les panneaux solaires produisent de l’électricité tant à partir de leur face verso que recto, en utilisant la lumière réfléchie par le sol. Pour en tirer parti, il convient de les placer sur une surface claire (à fort albédo).
Les démarches administratives
On n’y échappe pas tout à fait en achetant un kit solaire plug & play. Dans tous les cas, il faut remplir une déclaration auprès de votre gestionnaire de réseau électrique (Enedis le plus souvent). Il saura ainsi que vous y injecterez dorénavant du courant. Si vous accrochez votre station au mur ou à la rambarde d’un balcon, il faudra le déclarer préalablement en mairie si l’installation dépasse 1,80 m de haut. Enfin, si vous habitez en appartement et que vous fixez le kit au garde-corps de votre balcon, il faudra au préalable vérifier que l’installation est conforme au règlement de copropriété et, idéalement même, approuvée lors de l’assemblée générale.