Florence Humbert
OptiqueComment choisir les verres de ses lunettes
Unifocaux, progressifs, mi-distance, standard ou dernier cri, avec ou sans traitement de surface… L’offre de verres optiques est immense et les prix font le grand écart. Face à ce marché opaque, le consommateur est d’autant plus démuni qu’il n’a pas les moyens de juger de la qualité des verres qu’on lui propose. Voici quelques clés pour s’y retrouver.
Quel matériau pour mes verres ?
Les fabricants de verre utilisent trois types de matériaux.
Le verre minéral
Par le passé, toutes les lunettes étaient en verre minéral. Aujourd’hui, ce matériau n’est presque plus utilisé, car il est lourd et se casse facilement. En revanche, il offre une excellente qualité optique, il ne se raye pas et lorsqu’il est aminci, il offre de bons résultats pour les fortes corrections.
L’organique
Cette résine de synthèse tient aujourd’hui la vedette. Plus légers, plus confortables, plus minces, les verres organiques ont aussi l’avantage de pouvoir se monter sur tout type de monture. Ils peuvent être facilement amincis. Leur point faible : ils se rayent facilement.
Le polycarbonate
Ce matériau de synthèse est incassable et plus léger que l’organique mais se raye encore plus facilement. Il est surtout recommandé pour les enfants ou pour certaines activités sportives. En revanche, il est fragile chimiquement et sa qualité optique n’est pas très bonne. De plus, comme son indice est unique (1.59), il ne peut pas être aminci.
Quels verres correcteurs ?
La géométrie du verre permet de corriger les défauts visuels du porteur. Ils se regroupent en trois familles.
Les verres unifocaux
Les unifocaux sont des verres simples, qui ne permettent de corriger qu’un seul défaut de vision : la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme ou, passé la quarantaine, la vision de près pour la presbytie. L’unifocal existe en plusieurs versions. Peu onéreux, le verre conventionnel sphérique offre un bon rapport qualité-prix. Il remplit parfaitement sa mission pour les petites corrections. Plus plat, plus mince, le verre asphérique offre un champ de vison élargi avec une réduction des déformations à la périphérie du centre. L’avantage n’est pas évident pour les petites corrections. En revanche, il apporte un vrai confort de vue pour les fortes corrections ou lorsqu’il existe des différences importantes de correction entre les deux yeux. Enfin, durant ces dernières années, l’offre d’unifocaux s’est enrichie de nouvelles gammes « haute définition », destinées à réduire la fatigue visuelle liée à l’utilisation d’appareils numériques (ordinateurs, tablettes, smartphones…). Mais difficile de faire la part du marketing et de la véritable innovation technologique…
Les verres progressifs
Les verres progressifs corrigent la presbytie, ce vieillissement naturel de l’œil qui apparaît autour de 45 ans, mais aussi d’autres troubles visuels (myopie, hypermétropie, astigmatisme) qui peuvent lui être associés. Le principe est de réaliser sur un seul verre toutes les corrections nécessaires à la vision de près comme de loin, en passant par toutes les distances de vision intermédiaires, sans aucune rupture. Un vrai challenge technologique car la combinaison de plusieurs puissances dans un même verre entraîne des déformations des images sur les côtés et des effets de tangage lors des changements de position du porteur de lunettes. Autre point névralgique : la partie inférieure du verre, consacrée à la lecture, où la vision n’est pas nette. Pour y pallier, les fabricants de verre mettent régulièrement sur le marché de nouvelles générations de verre apportant, en théorie, toujours plus de confort de vision. Ainsi, le surfaçage point par point permet de faire varier très progressivement la géométrie du verre et passer en douceur de la vision de loin à la vision de près selon les différentes postures de la personne, notamment dans le cadre d’activités en vision rapprochée (lecture, activités minutieuses, etc.). Bien sûr, ces innovations ont un prix. Chaque nouvelle génération coûte plus cher que la précédente. Mais il est bien difficile pour le consommateur de savoir si le jeu en vaut la chandelle. D’autant qu’il ne peut comparer plusieurs gammes avant de faire son choix, les verres devant être façonnés par l’opticien pour s’adapter à sa vue. « En fait, tout est une question d’usage. Quelqu’un qui porte des lunettes en permanence n’a pas les mêmes exigences que celui dont l’utilisation de lunettes est ponctuelle et se limite à la vision de près, précise un opticien. L’enjeu est de trouver le verre qui colle au plus près aux activités du porteur, selon qu’il passe sa vie sur un ordinateur, ou qu’il est très mobile ». Reste que le port de verres progressifs nécessite toujours une période d’adaptation, plus ou moins longue, surtout pour ceux qui n’avaient jamais porté de lunettes auparavant.
Les verres mi-distance
Les verres mi-distance, dits aussi « intermédiaires », sont idéaux pour les presbytes débutants qui n’ont pas d’autres défauts de vision. Ils peuvent aussi être très utiles en équipement d’appoint pour les porteurs de progressifs. Ces verres disposent d’une large plage de vision qui va de la zone de lecture jusqu’à 1,50 m environ, très utile dans certaines situations de la vie courante lorsqu’une correction intermédiaire est nécessaire (pour les activités manuelles ou au bureau pour travailler successivement sur un écran, sur un dossier et avec un collègue, par exemple). Au-delà, ils seront totalement inefficaces et peuvent entraîner des sensations de vertige ou des erreurs d’appréciation des distances. Attention : le rapport entre la correction intermédiaire et la correction de la vision de près est limité, ce qui diminue l’intérêt de ces verres dans le cas de forte presbytie. Dans tous les cas, faites un essai devant un écran chez votre opticien pour vérifier la bonne adéquation à votre vue.
Faut-il amincir les verres ?
Plus la correction de la vision est forte, plus le verre sera épais. Une caractéristique qui nuit à l’esthétique et limite le type de monture adapté. C’est là qu’intervient l’indice de réfraction qui mesure la déviation d’un rayon lumineux lorsqu’il traverse la matière. Plus cet indice est élevé, plus la puissance de correction est importante. Or plus le verre est mince, plus cet indice augmente. La solution consisterait donc à amincir systématiquement les verres, mais cette technique ne présente pas que des avantages : l’augmentation de l’indice de réfraction entraîne une perte de qualité de la vision sur les côtés (éloignement du centre optique du verre) et des phénomènes d’aberration chromatique. Cela peut provoquer des difficultés importantes d’adaptation pour les porteurs. De plus, les prix augmentent rapidement en fonction de l’importance de l’amincissement. « Pour les petites corrections, il n’est pas nécessaire de choisir le verre le plus aminci, sauf en cas de monture percée ou à fil nylon (style nylor) », explique un opticien.
Quels traitements de surface ?
Les traitements additionnels sur les verres sont généralement proposés en option, mais ils sont parfois inclus dans le prix des verres. Mieux vaut vérifier que vous ne les payez pas deux fois.
Certains traitements apportent un véritable plus. Ainsi, l’antireflet améliore la netteté, le contraste et la précision de vision. L’avantage est aussi d’ordre esthétique. Grâce à sa transparence, l’antireflet permet à la personne qui vous regarde de voir vos yeux. Il existe toutefois différentes gammes d’antireflet dont l’efficacité varie selon le prix. Généralement, le traitement antireflet contient un traitement durcisseur qui limite les rayures lors de l’essuyage des verres sans pouvoir les empêcher totalement. Les traitements hydrophobes et antisalissures facilitent le nettoyage des verres, sans faire de miracle pour autant. Quant à l’antibuée, il élimine la condensation sur le verre, résultant d’un passage rapide du froid au chaud, ou dans un environnement humide. Pas évident que l’option soit réellement utile, sauf pour certaines professions (cuisiniers, employés dans un magasin de surgelé, chirurgien portant un masque, etc.) ou lors d’activités d’extérieur (moto, ski, vélo). Enfin, certains traitements ont pour objectif de filtrer la lumière bleue, la bande de 415-455 nanomètres, la plus toxique pour les cellules rétiniennes, qui contribuerait à la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Le soleil est le plus fort émetteur de lumière bleue, d’où l’intérêt de s’en protéger en portant des lunettes de soleil, mais la plupart des écrans (téléviseurs, ordinateurs, smartphones, tablettes) en émettent aussi, à moindre intensité. Si rien ne prouve aujourd’hui que l’exposition à la lumière des écrans présente un risque avéré, par précaution, mieux vaut essayer d’en modérer les effets.