GUIDE D'ACHAT

LunettesComment trouver le meilleur rapport qualité-prix

S’équiper de lunettes n’est pas un simple acte d’achat, c’est avant tout un geste médical qui va conditionner votre vie quotidienne pendant plusieurs années (deux ans au moins… pour pouvoir être remboursé). Que ce soit un premier équipement ou un renouvellement, c’est aussi l’occasion d’établir un bilan de votre vision par un professionnel de santé. Mais cet équipement peut vite tourner au cauchemar tant la filière est opaque et les pratiques commerciales agressives.

Pas facile de choisir une paire de lunettes. L’offre est pléthorique et les magasins d’optique poussent comme des champignons. Une spécificité française qui ne se retrouve pas chez nos voisins européens. Dans ce contexte de concurrence effrénée, les enseignes se battent à coups de prix cassés et d’offres alléchantes (la deuxième paire gratuite, 69 € la monture + les verres, etc.) dans l’espoir d’attirer le chaland. Des arguments commerciaux qui font mouche tant les lunettes représentent un poste de dépense important. Selon une étude de l’assurance maladie publiée en avril 2016, le coût moyen en 2014 d’une paire de lunettes équipée de verres unifocaux s’élevait à 316 € (138 € pour la monture et 178 € pour les verres) et à 613 € pour les équipements multifocaux (150 € la monture et 463 € pour la paire de verres). Si les complémentaires santé couvrent 72 % de la dépense, l’assurance maladie n’en payant pas plus de 4 %, le reste à charge pour le consommateur est de 24 %. Mais ces statistiques cachent d’importantes disparités, selon les contrats des mutuelles et les tarifs pratiqués par les enseignes. Pour un équipement a priori équivalent, les prix peuvent varier du simple au double. Sans compter les options et services additionnels qui peuvent faire grimper le reste à charge. Nos conseils pour trouver des lunettes au meilleur rapport qualité-prix.

Première étape : l’ophtalmo

La première étape passe généralement par une consultation chez votre ophtalmo. Mais il faut s’armer de patience : obtenir un rendez-vous chez ce spécialiste, particulièrement en province, peut prendre plusieurs mois. S’il y a urgence, et pour un simple renouvellement de l’équipement, l’opticien pourra actualiser la puissance correctrice des verres, à condition que l’ordonnance originale date de moins de 5 ans si vous avez entre 16 et 42 ans. Au-delà, il faudra que celle-ci date de moins de 3 ans. Et pour les enfants de moins de 16 ans ou dans le cas d’un premier équipement pour presbytie, une nouvelle ordonnance reste indispensable. Enfin, pour les simples presbytes, la solution de recourir à des loupes vendues en libre-service dans les pharmacies et parapharmacies constitue un pis-aller qui ne va pas sans risque en cas d’utilisation prolongée. 

Où acheter ses lunettes   

Muni du précieux document, reste à choisir l’opticien compétent qui saura vous conseiller et vous orienter vers le produit qui convient le mieux à vos besoins, dans les limites de votre budget. La France compte plus de 12 000 points de vente d’optique, dont 50 % sont des opticiens indépendants, l’autre moitié se répartissant entre franchises (Optical Center, Alain Afflelou, Lissac, Lynx Optique, etc.), groupements coopératifs (Optic 2000, Krys, Visual et Atol, etc.), centres mutualistes (réservés à leurs adhérents) et grandes surfaces spécialisées (Optique Carrefour, Grand Optical, La Générale d’Optique). Difficile de trouver son chemin dans ce maquis ! Si vous avez accès à une plateforme de santé (Istya, Kalivia, Santéclair, Sévéane, Terciane, Carte Blanche) grâce à votre mutuelle, vous avez intérêt à choisir un opticien affilié à son réseau d’opticiens. Par convention, ceux-ci s’engagent sur la qualité de leurs prestations et sur leurs prix : pour un équipement donné, ils appliquent des tarifs définis à l’avance. Autre avantage, tous pratiquent le tiers payant intégral. Vous n’aurez donc rien à payer de votre poche (dans la limite de la prise en charge par votre mutuelle). À noter que certains réseaux dits « fermés » (Itelis, Santéclair) pratiquent une sélection plus sévère de leurs adhérents et garantissent ainsi un meilleur niveau de prestations et des prix plus avantageux.

Dans tous les cas, la première précaution à prendre lorsque vous franchissez la porte d’un magasin d’optique, est de vérifier que votre interlocuteur est bien titulaire d’un diplôme d’opticien-lunetier. Car ce n’est pas toujours le cas. En effet, pour ouvrir une enseigne spécialisée, il suffit qu’un seul salarié parmi le personnel soit diplômé ! Mieux vaut donc avoir affaire à un professionnel, dont l’exercice est réglementé par le code de la santé publique, même si ce n’est pas une garantie absolue de qualité.

Les verres correcteurs

Le premier réflexe lorsque l’on entre chez un opticien est de s’intéresser aux montures. C’est pourtant mettre la charrue avant les bœufs. Ce sont les verres qui constituent le cœur de votre besoin et le poste de dépense le plus important. Pour les verres progressifs notamment, les prix peuvent grimper jusqu’à 1 000 € et plus. Si vous choisissez la monture en premier, vous risquez d’être pieds et poings liés pour l’achat de verres adaptés à ce produit et obligé d’avoir recours à des traitements additionnels (bords amincis, type de fixation, etc.) alors que vous auriez peut-être pu trouver une solution tout aussi satisfaisante et beaucoup moins onéreuse. Prudence, donc, et n’oubliez jamais de faire jouer la concurrence entre les enseignes.

Si votre prescription porte sur des verres simples (unifocaux), ceux-ci offrent la même correction sur toute leur surface. Inutile de choisir des verres sophistiqués, sauf en cas de fortes corrections.

Si votre prescription comporte une double correction (vision de près et de loin), l’opticien vous conseillera probablement des verres progressifs qui permettent les deux corrections sur la même paire de lunettes. Ce n’est pourtant pas la panacée, surtout si votre correction pour la vision de loin est faible. Beaucoup moins coûteux, les verres « intermédiaires » ou « mi-distance » se révèlent une bonne solution dans de nombreux cas de figure. Ce sont d’ailleurs les verres les plus vendus dans le monde… à l’exception de la France !

Pour ceux qui ne peuvent se passer de verres progressifs, il faut savoir qu’il existe différentes générations et donc différentes qualités et performances de verres. Les gammes proposées vont des verres standards aux verres individualisés, c’est-à-dire 100 % sur-mesure, réalisés en fonction de vos besoins personnels et de vos habitudes visuelles. Pour autant, ces derniers ne sont pas systématiquement une garantie de réussite car ils intègrent de nombreux paramètres et donc multiplient les risques d’erreurs, aussi bien lors de la prise de mesure qu’au cours de leur fabrication. Par ailleurs, la qualité technologique des verres a énormément progressé ces dernières années. Les trois grands acteurs qui se partagent le marché – Essilor et ses filiales (BBGR, Shamir, Novacel, Nikon, etc.), Hoya/Seiko et Carl Zeiss – offrent tous des produits de qualité, capables de corriger la plupart des défauts de vision. La différence entre les gammes standards et celles de dernière génération s’amenuise. Tout dépend donc de votre niveau d’exigence. C’est là que l’échange avec l’opticien sera primordial. C’est en vous interrogeant sur vos activités, votre profession, qu’il pourra vous conseiller des verres en adéquation avec vos besoins visuels quotidiens. Sa compétence et la qualité des mesures de votre visage et de votre champ de vision seront aussi essentielles pour vous garantir des lunettes bien adaptées à votre vue.

Attention également aux traitements additionnels – verres amincis, antirayures, antisalissures, antibuée, anti-lumière bleue – qui viennent gonfler la note (et le reste à charge !). Vérifiez bien que ces options ne sont pas déjà comprises dans le prix du verre, vous éviterez de les payer deux fois. Traquez les traitements superflus. Les verres anti-lumière bleue par exemple sont sujets à caution, d’autant qu’aujourd’hui, les écrans d’ordinateur sont souvent équipés de filtres qui arrêtent les rayons toxiques.

La monture

Au fil des ans, les lunettes sont devenues des accessoires de mode. Souvent griffées par de grands couturiers, le prix des montures atteint parfois des sommets. Leur remboursement par les complémentaires santé étant désormais plafonné à 150 € par les pouvoirs publics, le reste à charge pour le consommateur est souvent plus important que celui des verres dont les plafonds sont plus généreux. Soyez donc vigilants et ne vous laissez pas influencer par le talent commercial du vendeur. Reste que les lunettes participent de l’image de soi, et il est important de trouver une monture qui colle à sa personnalité. Mais « une paire de lunettes ne se choisit pas comme un objet de décoration. Vous allez trouver jolie une paire de lunettes, mais il y a 95 % de chances qu’elle ne soit pas adaptée », remarque un opticien. S’il existe des critères objectifs, comme la forme du visage, du nez, la position des yeux plus ou moins rapprochés, la couleur des yeux ou des cheveux, l’essentiel n’est pas là. Une paire de lunettes se porte quotidiennement. Elle doit donc avant tout être confortable et fonctionnelle. Attention aux effets de mode et aux coups de cœur intuitifs. De plus, les montures s’essayent sans les verres. L’effet ne sera pas le même lorsque ceux-ci seront montés. Là encore, seul un professionnel peut extrapoler le résultat avec les verres.

La livraison

Vient enfin le moment crucial : la livraison du nouvel équipement. Comme rien ne ressemble plus à un verre qu’un autre verre, l’opticien doit vous remettre la « carte vue » fournie par le verrier qui certifie la qualité et l’authenticité de vos verres. Une précaution loin d’être superflue car elle permet d’éviter les fraudes, nombreuses dans ce secteur.

Essayez vos lunettes dans le magasin et prenez le temps de vous mettre en situation (apportez le livre que vous êtes en train de lire, vérifiez le confort sur l’écran d’un des ordinateurs du magasin, etc.). Si, à l’usage, vos lunettes ne vous donnent pas satisfaction, n’hésitez pas à revenir chez l’opticien pour les faire régler. Pour les verres progressifs, une période d’adaptation est souvent nécessaire. Mais si décidément, vous ne parvenez pas à vous y habituer, la plupart des enseignes offrent la possibilité de les échanger gratuitement contre des verres mi-distance ou contre un équipement de deux montures (une pour vision de près, une pour vision de loin).

Et l'achat sur Internet ?

Pour les verres unifocaux (myopie, hypermétropie, astigmatisme), l’achat sur Internet est une possibilité, à condition de connaître son écart pupillaire, c’est-à-dire la distance entre le centre de vos deux yeux. Normalement, les ophtalmologues doivent l’inscrire sur l’ordonnance, c’est une obligation réglementaire. Vous disposez donc peut-être de cette mesure sur une ancienne prescription. L’essai des montures est un frein important et légitime à l’achat sur Internet. Les sites proposent des systèmes d’essai virtuel par caméra interposée. Ils ont parfois un magasin physique dans les grandes villes, où l’on peut essayer des modèles.
A-S. S.

Florence Humbert

Florence Humbert

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