Florence Humbert
Laits corporelsLe soin du corps
Alors que notre visage fait l’objet de toutes les attentions, les soins du corps sont souvent négligés. L’application, au quotidien, d’une crème ou d’un lait corporel est pourtant indispensable pour conserver à la peau sa souplesse et sa douceur naturelle. Nos conseils pour choisir le produit le mieux adapté à votre type de peau.
Une belle peau est une peau bien hydratée. Faute de quoi, elle prend rapidement un aspect rugueux et terne, et se couvre de petites squames qui la font ressembler à une peau de lézard. Cet état est généralement la conséquence de multiples agressions environnementales : soleil, vent, froid, climatisation, chauffage… Il peut aussi être lié à l’utilisation répétée de produits irritants (détergents, savons industriels, eau calcaire). Avec l’âge, le dessèchement de la peau s’accentue. Pour y remédier, les crèmes et les laits corporels ne vont pas se contenter de déposer de l’eau à la surface de la peau. Ils vont aussi, et surtout, ajouter des corps gras et des principes actifs pour emprisonner les molécules d’eau et former une barrière plus ou moins occlusive freinant l’évaporation (voir encadré).
Peau normale, sèche ou très sèche
La plupart des marques de cosmétiques segmentent leurs gammes en fonction des types de peau : normale, normale à sèche, sèche, ou très sèche. Si ces indications sont utiles, il ne faut cependant pas s’y fier aveuglément. Selon les résultats de nos tests, certains produits pour peaux sèches, voire très sèches, ne font pas mieux que les basiques pour peaux normales.
La plupart des laits corporels que l’on trouve sur le marché sont des émulsions dites « huile dans eau » (H/E). Elles ont l’avantage d’être fluides, donc faciles à appliquer et de procurer une agréable sensation de fraîcheur. Mais elles sont moins efficaces que les émulsions « eau dans huile » (E/H) dont les effets sont plus durables. Revers de la médaille : celles-ci laissent un film huileux plus ou moins épais sur la peau. Néanmoins, si vous avez la peau très sèche, mieux vaut la nourrir avec une formule E/H. Malheureusement, les fabricants n’indiquent jamais cette précision sur les emballages. Pour savoir à quelle famille appartient votre lait habituel, passez-vous les mains sous l’eau après les avoir enduites du produit. Si un film gras subsiste après le rinçage, il s’agit d’une émulsion E/H. Si c’est l’inverse, la crème est une émulsion H/E.
Quelle texture ?
À côté des crèmes et des laits corporels classiques, les soins hydratants se déclinent aussi sous forme de baumes, de sprays ou d’huiles. La texture très onctueuse des baumes séduira les adeptes des soins cocooning car il faut souvent un peu les chauffer au creux de la main, avant de les appliquer en massages légers. Effet relaxant garanti, mais pas idéal quand on manque de temps. À l’inverse, pas besoin d’étaler les sprays sur la peau, ils s’évaporent immédiatement. Mais s’ils procurent une sensation d’extrême fraîcheur, particulièrement agréable durant la belle saison, il ne faut pas trop compter sur leurs propriétés hydratantes. Les atouts cosmétiques des gels sont sensiblement les mêmes que ceux des sprays. Cependant leurs effets hydratants varient énormément selon leur composition.
Enfin, les huiles végétales (huiles de noisette, d’argan, d’amande douce, de jojoba, de macadamia, d’olive…) empêchent l’eau de s’évaporer et préservent donc le taux d’hydratation. Mais elles pénètrent difficilement et collent aux vêtements. La solution ? Utiliser une huile dite « sèche » qui associe l’huile à des esters naturels ou à des silicones. Grâce à ces substances, la pénétration est quasi immédiate, et l’effet « soyeux » sur la peau est garanti. Seul bémol : plus une huile est sèche, moins elle est émolliente et nutritive.
Spécial peau sensible
Si vous avez la peau sensible, vous devez utiliser des produits spécialement conçus pour ce type de peau. Ils contiennent des agents dits apaisants, anti-inflammatoires, antioxydants. N’en attendez pourtant pas de miracles, car il existe un très grand nombre de substances susceptibles d’entraîner des réactions de sensibilisation.
La seule solution consiste à tester plusieurs produits jusqu’à ce que vous trouviez celui qui vous convient. La plupart des marques offrent des échantillons. Le meilleur endroit pour faire le test est derrière l’oreille.
Enfin, ne confondez pas les produits pour peaux sensibles avec les produits dits « hypoallergéniques » ou « hypoallergènes ». Ces mentions signifient que les fabricants de ces produits ont choisi des ingrédients censés réduire les risques de réactions allergiques… sans jamais les abolir.
Appliquer le principe de précaution
Bien que classés parmi les perturbateurs endocriniens, les parabènes sont autorisés dans les cosmétiques, sous réserve de respecter les teneurs maximales fixées par la loi. Des teneurs qui pourraient toutefois être revues à la baisse pour les parabènes à longue chaîne (propyl- et butyl-parabènes). En attendant une éventuelle modification de la réglementation, mieux vaut éviter les produits qui en comportent. Il en va de même pour le phénoxyéthanol. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, ex-Afssaps) préconise une diminution de la concentration de ce conservateur dans les produits d’hygiène pour bébés. Les laits corporels qui ne sont pas spécifiquement dédiés aux enfants ne sont pas concernés par cette mesure, mais rien n’empêche de leur appliquer le principe de précaution.
Le prix n’est pas un critère de choix
Inutile de payer des fortunes pour un lait corporel. Les résultats de nos tests le démontrent régulièrement : un prix élevé n’est pas forcément gage d’efficacité.
Zoom sur la composition des laits corporels
La composition des crèmes et des laits corporels est inspirée de celle du film hydrolipidique de surface qui protège naturellement notre épiderme contre les agressions extérieures. Même si chaque fabricant a sa formule, la plupart des produits contiennent :
– une phase aqueuse plus ou moins importante selon le degré de viscosité du produit ;
– une phase grasse. Issus de la pétrochimie ou d’origine végétale, les lipides ont plusieurs fonctions : certains forment un film à la surface de l’épiderme qui empêche l’eau de s’évaporer (huile de vaseline, paraffine, cires végétales et animales, alcools gras, etc.), d’autres assurent la cohésion de la peau comme le ferait un ciment intercellulaire (omégas 3 et 6, céramides, huile de bourrache, d’onagre, de germe de blé, lanoline et ses dérivés, etc.) ;
– des facteurs d’hydratation : naturellement présents dans la couche cornée, les NMF (natural moisturizing factors) ont une forte affinité avec l’eau et aident ainsi à la fixer. Il s’agit principalement de l’urée, des acides aminés ou encore des sucres (glucose, lactose) ;
– et aussi… des vitamines, des polyphénols et autres oligoéléments, censés améliorer l’aspect de la peau et/ou avoir des effets anti-âge.