Élisabeth Chesnais
GazComment choisir son fournisseur de gaz ?
Avec la fin du bouclier tarifaire, du tarif réglementé du gaz et des offres qui étaient indexées dessus, de nombreuses questions se posent pour les usagers. Dans ces nouvelles conditions, comment bien choisir son offre de gaz ?
Le tarif réglementé du gaz a été supprimé le 30 juin 2023 en dépit de l’instabilité du marché du gaz, en grande partie due à la guerre en Ukraine et aux incertitudes qu’elle a créées sur les capacités à s’approvisionner à un prix raisonnable.
Le prix repère de la CRE
Face à cette situation inédite, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) publie chaque mois, à compter de juillet 2023, un prix repère afin d’aider les consommateurs à se retrouver sur ce nouveau marché du gaz sans boussole. Ce prix repère évolue mensuellement à la hausse ou à la baisse, tout comme le tarif réglementé avant l’explosion des prix de gros et la mise en place du bouclier tarifaire qui avait stabilisé la facture des usagers.
La CRE calcule à la fois le prix du kWh et celui de l'abonnement. À l’inverse du tarif réglementé, ce prix repère n’est qu'indicatif, les fournisseurs de gaz n’ont aucune obligation de se caler dessus, ni même de s’y référer.
Autre différence majeure, il comporte un prix moyen du kWh, encadré par une fourchette basse et une fourchette haute. Entre ces deux extrêmes, un écart de 28 %, si bien que ce prix repère porte bien son nom, il brille par son imprécision.
L'offre Passerelle d’Engie
L’autre point de repère possible, c’est l’offre Passerelle d’Engie. Elle s’est appliquée d’office aux consommateurs restés au tarif réglementé jusqu’à son extinction. Elle offre l’avantage de fixer des montants précis en conservant les 6 zones tarifaires du tarif réglementé.
Le comparateur gaz de Que Choisir l’adopte désormais comme référence. Toutes les offres de gaz présentes sur le marché sont classées par rapport à lui, nous indiquons le surcoût ou l’économie qu’elles induisent.
L'indexation des offres
Aucune offre n’étant plus indexée sur le tarif réglementé, il n’y a que deux choix possibles, l’indexation sur le prix repère de la CRE ou l’indexation sur le prix de gros du gaz.
L’indexation sur le prix repère de la CRE
Les fournisseurs de gaz sont nombreux à l’avoir adoptée. Mais attention, « indexé » ne signifie absolument pas « identique ». Les prix se révèlent éminemment variables d’un fournisseur à l’autre, certains surfacturent l’abonnement pour présenter un prix du kWh acceptable, d’autres forcent sur les tarifs du kWh. Le terme « indexé » veut juste dire que le prix du kWh évoluera au même rythme que le prix repère de la CRE.
De plus, si un prix du kWh s’affiche identique à celui du prix repère de la CRE, que les professionnels nomment souvent « tarif de référence », ça ne veut strictement rien dire. Est-il calé sur le prix moyen, la fourchette basse ou la fourchette haute ? L’offre ne le précise pas, or sur la facture, ça change tout.
L’indexation sur le prix de gros du gaz
Les offres indexées dessus se disent « au plus près du prix du marché de gros », ou avec un prix « sujet aux évolutions de prix du marché ». Le prix du kWh s’affiche « indexé sur l’évolution de l’indice PEG Powernext », du charabia pour les consommateurs profanes, ou encore « librement fixé » par le fournisseur.
Mais dans tous les cas, le prix du kWh évolue au même rythme que les prix de gros. Ces derniers pouvant augmenter de 300 % sans crier gare depuis que le marché est chahuté, Que Choisir déconseille vivement ces offres-là, elles peuvent faire exploser la facture de l’usager en un rien de temps.
Le panorama des offres
Le panorama actuel des offres témoigne de l’instabilité du marché du gaz. La grande distribution qui s’était lancée dans la fourniture de gaz y a renoncé, des fournisseurs tels qu’Iberdrola ont quitté le marché des particuliers, d’autres et pas des moindres, Engie et Eni par exemple, ne proposent plus qu’une seule offre.
Quant aux prix fixes sur 2, 3 ou 4 ans qui fleurissaient avant le Covid, ils ont quasiment disparu. Seul le fournisseur EDF ose encore les contrats de gaz sur 4 ans, mais de source officieuse, il pourrait les ramener prochainement à 2. C’est dire la situation chahutée du marché, guère propice aux prix compétitifs.
La vigilance s’impose
Quand le prix du kWh d'une offre s’avère compétitif, c’est souvent très provisoire, juste un appât pour attirer le client. En effet, s’il n’avait jamais été utilisé sur le marché grand public de l’énergie jusqu’à l’explosion des prix de gros, l’article L. 224-10 du Code de la consommation est devenu l’arme magique des fournisseurs pour modifier les termes du contrat en cours à leur convenance. Ils considèrent qu’il leur suffit de prévenir le client 1 mois à l’avance pour revoir son prix, voire sa durée.
Face à une telle situation, la vigilance doit devenir permanente, sachant que de son côté, le consommateur peut quitter son fournisseur à tout moment sans la moindre pénalité.
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