ENQUÊTE

Vide-greniersQuand la chine s'éveille

En vingt ans, le nombre des brocantes et des vide-greniers a littéralement explosé. Mais les bonnes affaires, elles, n'ont pas progressé au même rythme.

«Que font les Français, le dimanche, quand ils ne vont plus à la messe ? Eh bien, ils chinent dans les brocantes», remarque le sociologue André Rauch, auteur de Vacances en France de 1830 à nos jours (1). Véritable phénomène de société, la chine serait même devenue le loisir favori de nos compatriotes, à en croire les statistiques du ministère de la Culture. Rien n'est plus tendance en effet que ces joyeux bric-à-brac où l'on vend tout et n'importe quoi, dans une ambiance bon enfant. Et dans la foule des badauds qui s'y pressent, se mêlent aussi bien les bobos que les chômeurs et les étudiants désargentés, les collectionneurs avertis que les familles en goguette.

Explosion de la demande

«Chiner est une activité de loisirs accessible à tous, peu coûteuse, agréable, conviviale. C'est se promener dans une sorte d'espace-temps où il est permis de s'émouvoir devant des babioles qui réveillent notre mémoire enfouie et nous rappellent nos racines», constate Nina Sébaya, rédactrice en chef d'Aladin, une revue spécialisée dans la brocante. La nostalgie d'un paradis perdu (plus souvent fantasmé que réel) se cristallise sur ces objets du passé, bien souvent abîmés ou cassés et qui n'auraient aucune valeur marchande s'ils ne portaient en eux cette part de rêve.

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Florence Humbert

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