Erwan Seznec
Pommeau de BretagneDétournement d'appellation
L'institut national de l'origine et de la qualité (Inao) envisage, en toute discrétion, d'assouplir l'appellation qui couvre le pommeau de Bretagne. Pas sûr que le consommateur y gagne...
Imaginez que l'AOC (appellation d'origine contrôlée) des vins de Bordeaux, qui couvre à peu près tout le département de la Gironde, se trouve étendue du jour au lendemain à l'ensemble de l'Aquitaine et de la région Midi-Pyrénées. Toutes proportions gardées, voilà ce qui menace d'arriver aux producteurs bretons de pommeau, un alcool proche du pineau des Charentes. L'Inao, représenté en l'occurrence par son centre de Caen (14), envisage en effet d'augmenter de 700 % l'aire géographique de leur appellation d'origine contrôlée. Du jamais vu.
En termes économiques, l'affaire est anecdotique. Le pommeau de Bretagne AOC représente 150 000 bouteilles annuelles, autant dire une goutte dans l'océan des vins et spiritueux français. Cet apéritif traditionnel, à base d'eau-de-vie de cidre et de moût de pomme, a été relancé il y a une quinzaine d'années par quelques producteurs, principalement finistériens. À l'issue d'un long parcours administratif, ils ont décroché une AOC « Cidre de Cornouaille » en 1996, puis une AOC « Pommeau de Bretagne » couvrant une quarantaine de communes, en 1997. Pendant dix ans, la filière est montée en gamme. De la sélection de variétés de pommes tombées dans l'oubli au vieillissement de trente mois en fûts de chêne, les Bretons ont
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