ENQUÊTE

Patrimoine culturelValorisation à deux vitesses

Désormais, le monde des musées et des monuments est soumis à une logique marchande. Cette quête de rentabilité à tout prix, au détriment de la mission de service public, compromet l’équilibre du système.

Au fond de la clairière, des haut-parleurs diffusent des airs de danse de la Renaissance tandis qu’un animateur en ­costume d’époque explique le maniement des outils traditionnels des ­faneurs sous l’Ancien Régime. Au milieu du champ, une vingtaine de personnes, ­enfants et adultes, répètent ­maladroitement ces gestes ­ancestraux. Nous ne sommes ni dans un ­village de vacances, ni dans un parc de loisirs mais, par un beau dimanche de mai, à l’ombre du château d’Écouen (95), musée de la ­Renaissance. Ici comme dans bon nombre de monuments français, ­animations, reconstitutions ­historiques et autres attractions sont dans l’air du temps.

Il faut rentabiliser !

Louable volonté de démocratisation culturelle ? Sans doute, mais pas seulement. Aujourd’hui, la tendance est à la rentabilisation du patrimoine. Il faut donc ratisser large pour y attirer un vaste public. En quelques ­décennies, le regard des pouvoirs publics sur les monuments a radicalement changé. Après la période faste des années 1970 à 2000, durant laquelle les musées ont connu un développement sans précédent (on en comptait 857 en 1965 et plus de 1 200 en 2010), l’État cherche désormais un retour sur

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Florence Humbert

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