Florence Humbert
La librairie en péril
Quand la grande distribution se pique de démocratiser la culture en vendant des livres, c'est toute la librairie qui en pâtit.
«Qui saura, dans un avenir pas très lointain, ce que représentaient, pour des gens comme moi, les libraires et les librairies? Ce que signifiait, dans une ville grande ou petite, la présence de ces lieux où l'on pouvait entrer dans l'espoir d'une révélation.» À première vue, rien ne justifie les craintes du narrateur du roman de Pierre Péju, La Petite Chartreuse(1). La France n'est-elle pas le pays de l'exception culturelle? La loi Lang de 1981 n'a-t-elle pas permis aux libraires de résister à la guerre du discount entamée par la Fnac dans les années soixante-dix? «Entre la défense de Goethe et celle des supermarchés», le fougueux ministre avait tranché en faveur du premier. Le livre devait bénéficier d'un régime particulier : l'instauration d'un prix unique fixé par l'éditeur et l'interdiction d'un discount supérieur à 5% devaient garantir une concurrence loyale entre les différents canaux de distribution. Elle devait éviter aux libraires de se retrouver cantonnés dans la vente de livres à écoulement lent, réputés difficiles, tandis que les grandes surfaces monopoliseraient le commerce du livre à succès.
Vingt ans après, qu'en est-il vraiment ? Comparés aux disquaires, qui ont tous disparu les uns après les autres, force est de constater que les libraires sont privilégiés. Mais leur situation n'est pas forcément rose.
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