ENQUÊTE

Insécurité routièreMettre les menaces à exécution

Sur la route, les pouvoirs publics promettent la tolérence zéro pour la vitesse, l'alcool et bientôt la drogue. C'est loin d'être gagné.

Jacques Chirac l'a décrété le 14 juillet dernier : la lutte contre l'insécurité routière est érigée «au rang de priorité nationale». «Il faut parler avec les mots réels. Il faut parler de délinquance, voire d'assassinat», renchérissait Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre, lors des états généraux de la sécurité routière, mi-septembre à Paris. Un colloque, un de plus, pour enrayer le carnage sur les routes (7 720 morts, 153 945 blessés, en 2001). Les pistes évoquées peuvent-elles être suivies rapidement ? Pour le savoir, nous les avons passées au banc d'essai (voir «projets», p. 30). Comment ce discours volontariste a-t-il d'ores et déjà été relayé sur le terrain ? Pour en juger, nous nous sommes assis sur les bancs des tribunaux.

Quand l'alcool coule

Ce 27 septembre au matin, le hall du petit palais de justice de Guingamp (22) grouille de chauffards. En attendant que débute l'audience hebdomadaire des CEA (conduites en état alcoolique) du tribunal correctionnel, une vidéo pédagogique est projetée. En fait, une succession de coups de poing : conducteurs encastrés, motards déchiquetés, pompiers faisant des gestes désespérés... Des scènes rouges de sang ignorées des conducteurs convoqués.

Au cours de l'audience, à peine les entend-on murmurer quelques

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Arnaud de Blauwe

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