Florence Humbert
Fromages AOCUn patrimoine menacé
La médiatisation des combats menés à Bruxelles pour la sauvegarde des fromages au lait cru ne masquerait-t-elle pas un ennemi plus insidieux de nos produits de terroir ? Les fromages industriels dont l'emprise sur le marché ne cesse de s'étendre...
La France est-elle toujours le pays des 365 fromages ? Le pays où la diversité des terroirs a donné naissance à des produits aussi différents que le maroilles et le roquefort, le camembert et le comté ? Il est permis d'en douter si l'on considère que l'emmental, cet immigré venu de Suisse dans les années cinquante, a fini par rafler la première place au palmarès des fromages les plus consommés dans l'Hexagone, devançant même notre emblématique camembert.
«Les fromages qui puent» n'auraient-ils plus la cote ? «Force est de constater que la tendance va plutôt vers les produits à saveur douce et crémeuse. Les femmes, en particulier, sont peu attirées par les fromages forts. Or, ce sont surtout elles qui font les courses, constate Bruno Roney, responsable des études et des marchés au Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel). Les modes de consommation évoluent aussi. À l'heure du snacking et des repas déstructurés, le classique plateau de fromages tend à disparaître de nos menus. Le fromage est de plus en plus utilisé comme ingrédient, par exemple, dans les salades, les pizzas ou les gratins. Le fait que 50% de l'emmental se consomme sous forme de râpé est d'ailleurs
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