ENQUÊTE

Érosion côtièreCrise immobilière à l’horizon

La montée des eaux et l’érosion menacent des pans entiers du littoral français. Plus de 5 000 logements deviendront inhabitables au cours des 25 prochaines années. Pourtant, dans ces communes, les résidences secondaires s’achètent toujours à prix d’or.

«Nous sommes les premiers réfugiés climatiques français ! » La formule est osée, mais Jean-José Guichet l’assume : c’est ce que l’octogénaire et les 74 autres copropriétaires de l’immeuble Le Signal, à Soulac-sur-Mer (Gironde), ont ressenti le jour où les autorités leur ont intimé l’ordre d’abandonner les lieux. « Lorsque j’ai acheté mon appartement, en 1978, le rivage était à plus de 200 mètres, se souvient Jean-José, ancien président du conseil syndical. Chaque automne, la mer se rapprochait de quelques mètres. Les autorités avaient planté des pieux dans le sol pour surveiller cette avancée. Ils nous avaient prévenus : quand le dernier témoin, installé à 25 mètres, serait franchi, il faudrait partir. » Tout s’est accéléré au début de l’année 2014. Après « un mois de tempêtes terribles », l’arrêté de péril tant redouté par les copropriétaires est signé. Finie la douce vie balnéaire, place à un « marathon administratif et juridique sans nom » en vue d’obtenir une indemnisation.

Chaque professionnel de l’immobilier et élu local connaît cette histoire par cœur. Car le phénomène physique qui a sonné le glas de la résidence – le déplacement de la limite

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