ENQUÊTE

Cidres brutsLe cidre, une richesse qui s’ignore

Longtemps cantonné aux crêperies où on le sert à la bolée, le cidre tente de retrouver ses lettres de noblesse. Mais le rouleau compresseur de l’industrie agroalimentaire risque de l’écraser ! Le point sur les enjeux d’une lutte pour la survie d’un patrimoine français.

Le cidre ? Une boisson effervescente légèrement alcoolisée obtenue à partir de jus de pomme fermenté, point barre. Un produit « nature », un peu désuet, au parfum de ruralité et de vieux vergers ! C’est du moins la vision qu’en ont la plupart d’entre nous.

Hélas, la réalité est bien différente. Le monde du cidre est aux mains de deux géants de l’industrie agroalimentaire, Agrial et Val de Rance qui, sous couvert du statut de « coopérative », contrôlent plus de 80 % du marché. Leurs marques phares, Loïc Raison, Écusson, Kerisac, Val de Rance, inondent les linéaires des grandes surfaces. Bien qu’ils affichent le nom de « cidre » sur leurs étiquettes, la plupart de ces produits n’ont qu’un lointain rapport avec la boisson que l’on buvait jadis au quotidien dans nos campagnes. Aujourd’hui, règnent en maîtres tous les procédés industriels autorisés par une législation vieillissante et trop laxiste : utilisation de jus concentrés (moins chers que les pommes fraîches) et ajout d’eau (idéal pour gonfler les volumes), de gaz carbonique (moins risqué que la prise de mousse naturelle !), pasteurisation (indispensable pour assurer la

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Florence Humbert

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