Florence Humbert
BiocoopLa forteresse assiégée
La nouvelle stratégie suivie par Biocoop, l’enseigne emblématique de l’esprit bio, lui ferait perdre son âme. Enquête au cœur de ce réseau coopératif.
Depuis 1986, date de sa création, Biocoop fait figure d’ovni dans le paysage de la distribution alimentaire. Fondé par une poignée d’écologistes, ce réseau coopératif, à la fois militant et commerçant, intégrait dans son ADN la volonté farouche de développer une agriculture biologique reposant sur un partage équitable de la valeur. L’implantation de magasins ne constituait qu’un maillon dans un projet politique plus vaste que la coopérative n’a cessé de porter. Avec une croissance à deux chiffres, Biocoop serait-elle à son tour gagnée par la logique de la compétitivité ?
Des boutiques pas comme les autres
À 11 heures du matin, un vendredi d’avril, le parking de Graine de bio ne désemplit pas. L’enseigne Biocoop de Pont-l’Abbé (29) étale fièrement ses 650 m2 à la périphérie de l’agglomération. Une trentenaire range ses emplettes dans le coffre de sa voiture : « L’avantage, c’est qu’on y trouve à peu près tout, des légumes, des fruits, de l’épicerie, une vraie boucherie, un rayon boulangerie, un caviste… » À l’entendre, on pourrait penser que Graine de bio est un supermarché comme les autres. Or, la différence saute aux yeux. Et pas seulement parce que tout est bio.
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