Erwan Seznec
VéloLes éléments de sécurité et de protection
Casque, gilet réfléchissant, kit d'éclairage, précautions de base, règles de bonne conduite... Pour les cyclistes amateurs comme pour les plus aguerris, le vélo peut se révéler dangereux. Décryptage.
Un minimum de précautions
Des pneus si fins que la surface en contact avec le sol se résume à 4 cm2, un système de freinage rudimentaire, aucune protection pour l'utilisateur et une vitesse de pointe de 45 km/h, voire 60 km/h en descente ! Si le vélo était inventé aujourd'hui, on peut se demander s'il serait homologué pour la route... Pourtant, contre toute attente, le vélo tue peu, et pas forcément là où la circulation est la plus dense. Dans une étude publiée en 2008, la sécurité routière relève 4 800 accidents impliquant un vélo, dont 1 700 blessés et 180 morts en 2006, pour toute la France. La rase campagne est plus dangereuse que la ville (101 tués contre 79). Au total, les cyclistes représentent 3,80 % des victimes de la route, ce qui correspond à peu près à la part du vélo dans les déplacements. Les moins de 18 ans sont peu nombreux (22). L'immense majorité des tués ont plus de 40 ans (136), ce qui reflète l'âge moyen des cyclistes sportifs.
Toutes les études montrent que le nombre d'accidents est proportionnellement moins élevé là où les cyclistes sont nombreux. Piétons et automobilistes s'habituent à leur présence. À Paris, par exemple, entre début 2007 et mi-2008, la circulation des vélos a augmenté de 70 % suite à l'entrée en service des Vélib', mais le nombre d'accidents a progressé de « seulement » 20 %.
Casque ou pas ?
Il est obligatoire en compétition, mais les associations sont contre sa généralisation. Elles citent souvent le précédent australien. Le pays a rendu le casque obligatoire en 1991 sans faire baisser le nombre de cyclistes blessés au crâne. En revanche, l'usage du vélo a reculé, notamment chez les jeunes ! La Sécurité routière n'est pas davantage favorable au port du casque. Elle souligne que les traumatismes crâniens ne sont pas plus fréquents chez les cyclistes que chez les piétons ou les automobilistes, en cas d'accident de la circulation.
Le gilet réfléchissant
Jaune ou orange, il est obligatoire la nuit ou par visibilité insuffisante, hors agglomération, depuis septembre 2008. Le recul manque pour apprécier l'efficacité de la mesure, mais sa portée sera forcément relative : en 2006, 19 cyclistes « seulement » ont été tués de nuit ou par visibilité insuffisante hors agglomération.
L'éclairage
Les fabricants fournissent des kits d'éclairage parce que la loi l'impose, mais ils ne font pas beaucoup d'efforts en la matière. À dynamo ou à pile, leurs équipements vont du médiocre à l'inacceptable (voir notre test). Certains éclairent efficacement à... 60 cm ! Si vous roulez souvent la nuit, il faut vous équiper plus sérieusement. On trouve dans le commerce des kits performants (c'est-à-dire encore efficaces à 10 m) et amovibles. Le but est bien entendu de voir, mais aussi d'être vu par les automobilistes. À cet égard, les feux clignotants à l'arrière semblent assez intéressants.
Les freins
Ils constituent l'élément de sécurité essentiel du vélo. Leur entretien est très simple. Deux vis (une au guidon, l'autre au frein proprement dit) permettent de régler l'écartement de l'étrier. Il doit être le plus faible possible pour un freinage puissant et immédiat. Le manuel que le vendeur doit obligatoirement vous fournir vous donnera toutes les précisions utiles. Les patins de frein s'usent lentement, ils durent en principe plusieurs années.
La bonne conduite à vélo
En dehors des règles générales édictées par le code de la route, les associations comme la Fédération des usagers de la bicyclette (Fubicy) insistent sur quelques points particuliers auprès des cyclistes...
- Oubliez les priorités à droite. Faites comme si vous n'aviez jamais la priorité.
- Dans les rues étroites, ne vous serrez pas contre les voitures en stationnement pour laisser passer les automobilistes. Ils risquent de vous accrocher au passage, sans parler des ouvertures de portières intempestives. Roulez au milieu sans crainte de ralentir les voitures. Vous les rattraperiez de toute façon au feu rouge...
- À un feu ou un stop, ne restez jamais dans l'angle mort de vision d'un chauffeur de poids lourd (typiquement, à hauteur de la cabine, côté droit). S'il tourne, il risque de vous écraser. Placez-vous devant lui, et assurez-vous qu'il vous a vu.
- Un nombre croissant de villes autorisent les cyclistes à remonter certains sens interdits. L'habitude est loin d'être ancrée : soyez très prudent vis-à-vis des piétons qui traversent, ils ne regarderont pas forcément de votre côté.
- À la campagne, enfin, évitez de rouler à deux de front quand la circulation est dense.
Nadège Mazery
Rédactrice technique