Roses équitablesUn marché en éclosion
Il était longtemps resté dérisoire, presque anecdotique. Mais l’année dernière, le marché des roses équitables s’est envolé.
En 2016, 22 millions de roses labellisées Max Havelaar ont été vendues en France, soit presque trois fois plus que les années précédentes. À l’origine de cette accélération, la signature de deux partenariats stratégiques : à quelques semaines d’intervalle, le groupe Système U (Super U, Hyper U) et le fleuriste en ligne Aquarelle.com se sont engagés à ce que toutes leurs roses en provenance d’Afrique de l’Est soient labellisées Fairtrade Max Havelaar.
Une première. « Cela faisait longtemps que nous nous approvisionnions dans des fermes certifiées respectant des règles strictes en matière de protection de l’environnement et des conditions de travail des ouvriers mais, l’année dernière, nous avons voulu aller plus loin en faisant labelliser nos roses par Max Havelaar », explique François de Maublanc, le président d’Aquarelle. Surtout connue pour son soutien aux petits producteurs de café et de cacao, l’association aide aussi les fermes horticoles du Kenya et d’Éthiopie, pays d’où viennent la majorité des roses que nous achetons en France. Les fermes certifiées s’engagent à réduire leurs recours aux pesticides, à se passer des produits chimiques les plus dangereux et à optimiser leur consommation d’eau. Dans ces exploitations, les salaires sont un peu plus élevés qu’ailleurs, les ouvriers jouissent d’une sécurité sociale et les femmes bénéficient d’un congé maternité de huit semaines. Le respect de ces engagements est contrôlé par un organisme indépendant. Mais surtout, pour pouvoir afficher le label Max Havelaar sur leurs produits, Système U et Aquarelle se sont engagés à reverser au producteur une prime équivalente à 10 % du prix des fleurs. « Cet argent est placé sur un compte indépendant et ce sont les travailleurs eux-mêmes qui choisissent comment l’utiliser. Il peut ainsi servir à financer des bourses d’éducation pour les enfants, à créer des dispensaires, des écoles, des cantines, etc. », détaille Nicolas Dutois, responsable de la filière fleurs chez Max Havelaar France.
La balle est dans le camp des acheteurs
Rien qu’en 2016, Aquarelle aurait dépensé 200 000 € au titre de cette prime, en plus du prix d’achat des fleurs. Mais pour le vendeur en ligne, le jeu en vaut la chandelle. « Aujourd’hui, on ne peut plus s’abstraire des conditions dans lesquelles sont fabriqués les produits que l’on consomme », précise François de Maublanc, qui compte également sur la labellisation pour nouer avec ses producteurs une relation de confiance. Le vendeur assure par ailleurs ne pas avoir augmenté le prix de vente de ses bouquets. « Notre pari, c’est de vendre plus de fleurs et pendant plus longtemps », déclare-t-il. Mais encore faut-il que les consommateurs se tournent en nombre vers ces produits. À l’heure actuelle, seules 3,5 % des roses vendues en France sont équitables. Chez nos voisins suisses ou allemands, elles représentent un tiers des ventes.
Commerce responsable • Les 3 principaux labels
Fairtrade Max Havelaar
C’est le plus répandu. Il certifie que les fleurs ont été produites dans le respect des normes environnementales et sociales, et qu’une prime de 10 % a été versée pour la mise en place de projets destinés à la communauté (école, bourses, etc.).
Fair Flowers Fair Plants (FFP)
Il impose notamment un usage raisonnable des produits phytosanitaires, des engrais, de l’énergie et de l’eau, exige un salaire minimum, le respect des horaires de travail et interdit l’embauche des enfants. On trouve les fleurs FFP notamment dans les magasins Lidl.
MPS
Les fermes ayant ce label s’engagent surtout à contrôler les intrants de leurs exploitations : eau, énergie, fertilisants...
Impact carbone • Ça se discute
Si les fleurs d’Afrique de l’Est respectent les ressources locales et les producteurs, quel est leur impact sur l’environnement ? Contre toute attente, il serait plutôt bon. Alors que les fleurs des Pays-Bas poussent dans des serres énergivores, les roses d’Afrique profitent, elles, d’un ensoleillement toute l’année et d’une chaleur optimale. Résultat : selon une étude de 2007, une rose du Kenya générerait moins de CO2 qu’une rose produite aux Pays-Bas, transport compris.
Isabelle Bourcier
Observatoire de la consommation
L’observatoire de la Consommation de l’UFC-Que Choisir