Morgan Bourven
Obésité des chiensÉtiquetage insuffisant sur les paquets de croquettes
L’obésité est un gros problème chez les animaux de compagnie. Diverses études estiment à plus de 40 % le taux de chiens en surpoids ou obèses. Alors que la qualité nutritionnelle des aliments est plutôt bonne et correspond à leurs besoins, c’est la taille des rations qui pose souvent problème. La faute à un manque d’information sur les étiquettes des produits.
Rien ne sert de se voiler la face : si vous êtes propriétaire d’un chien, il y a près d’une chance sur deux pour qu’il soit en surpoids, voire obèse. Or, une enquête menée en 2010 par l’institut BVA pour les jardineries Gamm Vert montre que si 2 Français sur 10 avouent qu’on leur a déjà fait des remarques sur le poids de leur animal, seuls 13 % les estiment fondées. C’est un problème, car un animal en surpoids est en danger. Cette pathologie peut provoquer troubles cardiovasculaires, diabète, problèmes articulaires ou hypertension. Le fabricant Purina a étudié pendant 14 ans des labradors retrievers et constaté que ceux qui demeurent minces ont une espérance de vie prolongée de 1,8 an. Chez l’humain, cela équivaut à 15 ans !
L’obésité commence à 15 % au-dessus du poids idéal de l’animal. Un simple contrôle permet de la repérer : en palpant ses flancs, vous devez sentir ses côtes. Vu de profil, il doit avoir le ventre qui remonte vers l’arrière.
Une information au régime sec
Pour éviter le surpoids, il importe d’adapter les rations de nourriture au poids, à l’âge et à l’activité du chien. À ce sujet, les étiquettes des produits industriels sont trop imprécises. Les bons résultats de nos tests le montrent : la composition des aliments et les apports nutritifs ne sont pas les principaux responsables de l’épidémie d’obésité canine. Mais « le meilleur aliment mal distribué peut vite conduire à une prise de poids excessive », alerte Bernard-Marie Paragon, professeur émérite à l’École nationale vétérinaire d’Alfort et expert à la Fédération européenne de l’industrie des aliments pour animaux familiers (Fediaf).
La plupart des emballages des produits de notre sélection présentent des modes d’emploi insuffisants, inadaptés à la vraie vie et à la diversité des animaux. Pour faciliter le dosage des rations, chaque produit devrait afficher des indications d’usage spécifiques pour différentes familles d’animaux : chien vivant majoritairement en intérieur ou chien actif souvent à l’extérieur, avec une distinction s’ils sont stérilisés ou non. Mais les marques se contentent souvent d’afficher des rations pour un « chien moyen » dont on sait qu’il n’existe pas. « Les grandes marques proposent des gammes de produits très diverses, c’est la preuve que cette personnalisation est pertinente », note le Pr Paragon.
Il déplore qu’en rayon, peu de produits indiquent que la ration d’un chien stérilisé doit être réduite de 20 %. Ils sont pourtant près d’un tiers dans cette situation. Autre manquement : rares sont les emballages spécifiant la densité énergétique, alors que cela aide grandement à déterminer des quantités quotidiennes à distribuer. « L’argument des fabricants est que cette donnée est trop difficile à comprendre pour les consommateurs… qui la voient pourtant sur les pizzas qu’ils achètent », glisse l’expert de la Fediaf, qui milite depuis longtemps pour la mise en avant de cette information.
Du sport et un régime
Si votre compagnon à quatre pattes est déjà trop lourd, contactez un vétérinaire pour vérifier que son surpoids n’est pas dû à une maladie. Si le problème vient de son alimentation, un régime s’impose. Réduisez les calories, bannissez les distributeurs automatiques de croquettes et incitez l’animal à faire de l’exercice. Certains maîtres préfèrent l’alimentation ménagère (les « restes ») à l’industrielle. Il faut alors être prudent pour éviter les excès. Un morceau de fromage mangé par un petit chien correspond à 9 morceaux ingurgités par l’homme ! Enfin, n’oubliez pas de caresser votre animal ou de jouer avec lui : l’affection peut aussi être un substitut partiel à la nourriture.