Florence Humbert
Huile d’oliveDes techniques marketing discutables
Même s’ils n’enfreignent pas la réglementation, les packagings de nombreuses marques d’huiles d’olive entretiennent l’ambiguïté sur l’origine de leurs huiles. Quelques exemples.
Elles sont là, bien alignées, avec leurs belles étiquettes décorées de rameaux d’olivier sur fond de couleurs provençales : les bouteilles d’huile d’olive Puget fleurent bon le sud de la France. Grâce à la mention « depuis 1857 », nombre de consommateurs croient acheter une valeur sûre, un produit français. La mention légale portée sur l’étiquette « Huile origine UE » devrait pourtant leur ôter toute illusion.
La réputation d’excellence des huiles d’olive italiennes n’est plus à faire, au point que le pays exporte deux fois plus d’huile d’olive que ce qu’il produit ! Les marques à consonance transalpine font florès dans les rayons. Chez Carapelli, filiale du géant espagnol Deoleo, on affiche fièrement le logo « Casa Olearia Carapelli Firenze 1893 » même si la plupart des produits de la marque portent la mention « Huile issue de l’UE », ce qui indique un assemblage d’huiles en provenance de différents pays de l’Union européenne, et non une huile italienne ! Il fallait donc afficher un semblant d’authenticité en élargissant l’offre avec des cuvées haut de gamme « édition limitée », au joli packaging, et avec quelques huiles authentiquement AOP ou IGP italiennes. Objectif : que le consommateur, lorsqu’il achète un produit basique à moins de 10 €/l, reste persuadé de son origine transalpine. Cherchez l’erreur !
Profiter de la notoriété d’une AOP est théoriquement interdit. Sauf si l’on peut justifier d’une antériorité ! L’entreprise Alziari, qui a pignon sur rue dans le vieux Nice depuis des générations, vend ainsi un large panel d’huiles d’olive qui n’ont rien de niçois, ni même de provençal, dans de jolis bidons aux couleurs vives sur lesquels le nom de la ville de Nice s’affiche en caractères gras. Une seule véritable huile AOP Nice complète la liste. Pour les autres, il faut retourner le flacon afin de découvrir la mention « Huile origine UE ». Tant pis, elles pourront toujours servir pour faire la ratatouille !
Bien sûr, toutes ces pratiques sont parfaitement légales : les entreprises citées, parmi beaucoup d’autres, n’enfreignent pas la loi et la qualité de leurs produits n’est pas en cause, certaines sont d’ailleurs bien placées dans notre comparatif huiles d’olive. C’est leur authenticité qui pose question.