Fabienne Maleysson
Crèmes anticelluliteToujours pas de miracle
Malgré les beaux discours mis en avant sur les emballages, la solution pour lutter contre la cellulite ne passe pas par la case cosmétique.
Saviez-vous que l’on distingue trois sortes de cellulite ? Non, on ne parle pas des trois expressions imagées utilisées pour la cotation visuelle par les observateurs, respectivement « peau d’orange », « cottage cheese » – très flatteur – et « matelas » – de mieux en mieux ! Mais bien des trois raisons pour lesquelles la peau peut prendre cet aspect bosselé que les femmes cherchent à combattre par tous les moyens. Les femmes, car ce fléau uniquement esthétique – ce n’est pas une pathologie – les touche quatre fois plus souvent que les hommes. Chez elles, la cellulite s’attaque principalement aux membres inférieurs, s’installant en particulier au niveau de la « culotte de cheval ». Même les minces peuvent en souffrir, même si l’excès de dépôts adipeux la favorise. Elle est en partie gouvernée par des facteurs hormonaux et s’expliquerait par la nécessité de disposer de réserves de graisses suffisantes pour assurer grossesse et lactation. Hélas ! le corps ne pousse pas la logique jusqu’au bout : même après la ménopause, la cellulite reste bien installée quoique aucun bébé ne risque de réclamer son dû.
Misez plutôt sur une bonne hygiène de vie
Pour revenir aux trois types de cellulite, les professionnels du secteur distinguent l’aqueuse, due à la rétention d’eau et de lymphe, l’adipeuse, qui comme son nom l’indique résulte de l’accumulation de graisses, et la fibreuse, due à un durcissement des fibres de collagène entourant les cellules graisseuses. Quant aux moyens de la prévenir ou l’atténuer, les données convaincantes sont rares. On peut quand même souscrire aux conseils de bon sens qui commandent, en cas de cellulite aqueuse (fréquente chez les femmes ayant souvent les jambes lourdes et les chevilles gonflées), de lutter contre les problèmes circulatoires. On évite le tabac, l’excès de sel, la station debout ou assise prolongée, les vêtements trop serrés et on privilégie des sports tels que vélo, natation, aquagym, aquabike. Quant aux versions adipeuse et fibreuse, c’est dans une alimentation moins grasse, moins sucrée, et dans le sport quel qu’il soit, qu’on peut trouver un début de solution. Le massage serait également un bon moyen de limiter les dégâts. Mais la patience et le savoir-faire qu’il requiert rendent difficilement envisageable sa pratique régulière à domicile, et les prix élevés des séances en institut ont de quoi dissuader les plus motivées. En revanche, les crèmes, elles, ne sont pas efficaces. Nous espérions que nous pourrions distinguer quelques « bons choix ». Espoir déçu. La seule bonne nouvelle, c’est que vous pourrez économiser l’achat de tubes dont les prix peuvent tout de même avoisiner les 60 €.
Allégations
Fausses promesses sans complexe !
C’est de la haute technicité, les crèmes anticellulite ! Voyez Elancyl, un vrai cours de maths, la présentation de son actif : « [Complexe caféine] 3D+ Booster nuit GP4G. » En revanche, quand il s’agit de donner des chiffres d’efficacité, on change de registre : « Lissage intense des capitons, amincissement significatif et contours resculptés. » C’est bien beau mais encore ? Le « complexe » est d’ailleurs incontournable. Nivea a son « complexe énergie », Lierac inclut même dans son « Complexe Morpho 4 D » (entre-t-on dans la 4e dimension ?) un « complexe caféine active » sans oublier le « WTB system » (on ne se moque pas, c’est à base de lotus sacré) et le « peptide messager cellulaire ». Avec tout ça, on ne va tout de même pas se rabaisser à fournir des résultats d’étude clinique. Cela dit, quand on en donne, c’est assez astucieux pour tromper la cliente. Ainsi, Nuxe parle de « jusqu’à -1,9 cm » mais après 8 semaines, sur le tour de hanches et non de cuisses, ce qui est très différent (93 cm en moyenne, contre 59 cm) et, surtout, chez les femmes qui ont le plus minci ! En moyenne, c’est deux fois moins. Même manipulation chez Linéance, qui tord les chiffres pour vanter son « action suractivée rapide et efficace ». Quant à Biotherm, son algue Coralline mise en avant à coups de photos pleines d’embruns est 24e sur sa liste d’ingrédients ! Du rêve bien mis en scène.
Gaëlle Landry
Rédactrice technique