Élisabeth Chesnais
RadonComment s'en débarrasser
Une fois que des mesures ont été effectuées et que la présence de radon a été établie, les solutions pour s’en protéger. Tout dépend des teneurs.
Moins de 300 Bq/m3
L’idéal est de ramener les teneurs au plus bas, à moins de 100 Bq/m3. Comment ? En faisant des courants d’air toutes fenêtres ouvertes pendant 10 minutes, deux à trois fois par jour, matin et soir au minimum. Et surtout en hiver, la saison la plus propice à l’accumulation de radon en intérieur. Il faut aussi chercher toutes les entrées de radon possibles et les colmater.
De 300 à 1 000 Bq/m3
Il faut :
- aérer de la même façon que ci-dessus ;
- vérifier l’état de la ventilation ;
- nettoyer les entrées d’air des fenêtres et les bouches d’extraction ;
- faire installer une VMC s’il n’y en a pas (la double flux est plus efficace que la simple) ;
- colmater tous les défauts d’étanchéité visibles, les espaces autour des gaines et des passages de câbles, les fissures apparentes. Pour cela, il faut utiliser un mastic d’étanchéité, des joints acryliques, élastomère ou polyuréthane. À éviter, le silicone et la mousse expansive, qui se dégradent dans le temps. Il convient aussi d’isoler les boîtiers de compteurs sans oublier les joints d’étanchéité. Si l’air passe dans les prises de courant, les démonter et remplacer leur support par un boîtier isolant étanche à l’air.
En cas de sous-sol, cave ou vide sanitaire, y poser un film antiradon, colmater les fissures du plafond, placer un joint d’étanchéité sur tout le pourtour de la porte d’accès. Ces actions faites, Que Choisir recommande d’analyser à nouveau les teneurs en radon avec un dosimètre. Si elles n’ont pas chuté fortement, il convient de passer à une des interventions ci-dessous.
Au-delà de 1 000 Bq/m3
Les teneurs de l’air intérieur en radon sont vraiment très élevées, les opérations qui précèdent sont indispensables, mais rarement suffisantes. Des interventions plus lourdes s’imposent.
En cas de sous-sol, de cave ou de vide sanitaire
Cet espace doit être ventilé en continu pour évacuer le radon à l’extérieur avant qu’il ne remonte dans l’espace habitable. C’est très efficace, à condition toutefois de bien s’y prendre. Pour assurer un bon balayage de tout l’espace, il faut des ouvertures (protégées par une grille) sur deux côtés opposés. Le ventilateur doit fonctionner en continu et être entretenu régulièrement. Si le garage se trouve en sous-sol, il est préférable de condamner l’accès intérieur par une porte étanche à l’air, et de n’y accéder que par l’extérieur. Si le sol de la cave ou du sous-sol est en terre battue, il faut le refaire. On pose une membrane antiradon avant de réaliser la dalle béton.
Construction sur terre-plein
Dans ce cas de figure, c’est plus compliqué et plus coûteux. Il existe deux grands procédés.
Le système de dépressurisation du sol (SDS)
« La dépressurisation du sol marche très bien, assure Stéphane Colle, référent national radon au Cerema Ouest. On aspire le radon sous le bâtiment et on le rejette en toiture. Mais dans l’individuel c’est compliqué, il faut casser le sol du rez-de-chaussée et le refaire étanche. C’est coûteux. » Sébastien Bodiguel, le patron de Solutions radon, qui met en œuvre ce système, relativise les travaux : « Le trou fait environ 10 cm de diamètre dans le plancher du rez-de-chaussée. On essaie de trouver un angle. On a parfois besoin de plusieurs points de captage. On installe une pompe électrique qui capte le radon et on l’évacue le plus haut possible, en toiture, par un conduit intérieur ou extérieur. »
La ventilation mécanique par insufflation (VMI)
« Avec la ventilation mécanique par insufflation (VMI), on insuffle l’air neuf par le toit, on le distribue dans les pièces de vie. La maison est en légère surpression, ce qui bloque la remontée du radon », explique Marc Loury, chargé d’affaires chez Neosfair, une société spécialisée en diagnostics et solutions radon. Les travaux sont moins importants que ceux de la dépressurisation du sol, mais une résistance électrique doit préchauffer l’air entrant en hiver, si bien que la VMI est antinomique avec les économies d’énergie. Cela étant, « tous les systèmes de ventilation assurent un renouvellement de l’air constant et ils sont performants vis-à-vis du radon s’ils sont bien dimensionnés et bien entretenus », précise Stéphane Colle.
Et dans le neuf ?
Construire sur un vide sanitaire ventilé ou poser une membrane d’étanchéité antiradon sont des techniques éprouvées à l’étranger.