Fabienne Maleysson
Sièges autoBien installer son enfant
Quelques conseils pour savoir où placer son siège auto, éviter de commettre les erreurs classiques et bien utiliser le rehausseur (siège du groupe 2/3 et équivalent i-Size).
40 % des accidents mortels chez l'enfant passager surviennent lors de trajets inférieurs à 3 km. Même à seulement 50 km/h, un enfant non attaché encourt les mêmes risques que s'il tombait du quatrième étage. Conclusion : il faut toujours attacher votre enfant dans son siège, même pour les courts trajets.
Après l'achat
Les notices ne sont pas toujours limpides... Le mieux est d'étudier tranquillement le mode d'emploi pour se familiariser avec le siège et de l'installer au calme, sans attendre d'en avoir besoin.
Jusqu'à 10 ans, au moins
Selon la réglementation, un enfant doit toujours être installé dans un siège homologué, adapté à sa morphologie et à son poids jusqu'à 10 ans (art. 412-2 du code de la route). Certes, le même article prévoit une dérogation pour les enfants « dont la morphologie est adaptée au port de la ceinture de sécurité (sans rehausseur, ndlr) ». Mais la notion est floue : comment la définir en cas de contestation entre le conducteur et les forces de l'ordre ? Concrètement, il vaut mieux, au contraire, continuer à utiliser un siège après 10 ans si besoin est, c'est-à-dire si votre enfant n'est pas très grand. On peut s'en passer à partir du moment où, sans rehausseur, la sangle supérieure de la ceinture passe au milieu de la clavicule, sans cisailler le cou.
Toujours selon la réglementation, les sièges auto ne sont pas obligatoires dans les taxis... mais si votre bébé est dans un siège transportable (type Maxi Cosi), n'hésitez pas à l'attacher.
À quelle place ?
À l'arrière, sauf si...
Le code de la route (art. 412-3) prévoit aussi l'interdiction de transporter un enfant de moins de 10 ans à l'avant du véhicule. Mais il existe des exceptions. La plus notable est l'utilisation d'un siège dos à la route. Son installation à l'avant est autorisée, mais attention à l'airbag : en se déclenchant, il peut tuer le bébé, à cause du choc ultraviolent que subira sa nuque. Il faut impérativement que le véhicule ne soit pas équipé d'airbag frontal du côté du passager, ou que celui-ci soit désactivé. Certains véhicules le permettent grâce à un interrupteur spécial, ou parce qu'ils détectent automatiquement la présence d'un siège auto à l'avant. Autres exceptions : si le véhicule ne comporte pas de siège arrière ou si celui-ci est dépourvu de ceinture de sécurité ou encore si les sièges arrière sont momentanément inutilisables ou occupés par d'autres enfants de moins de 10 ans sur leurs sièges. Il faut alors reculer au maximum le siège du passager avant. Il n’est pas nécessaire de désactiver l’airbag frontal si le siège auto est installé face à la route. Dans tous les cas, il faut s’assurer que le siège est bel et bien prévu pour pouvoir être installé à l’avant, en se reportant au manuel d’utilisation.
Si possible, au centre
La place centrale à l'arrière est la moins exposée. En effet, si l'enfant est bien attaché, seule la force exercée par la ceinture peut engendrer de légères blessures. Alors que s'il est assis sur le côté, en cas de choc latéral, il peut être impacté par la portière avec à la clé des traumatismes beaucoup plus graves. Même chose en cas de choc frontal : l'enfant assis au centre n'aura pas d'obstacle devant lui, alors que, pour ceux assis sur les côtés, la tête peut venir heurter le siège avant. Malheureusement, la place centrale arrière n’est souvent qu’une place d’appoint, inutilisable avec un système de retenue pour enfant.
Face ou dos à la route
Le « dos à la route » est la position à adopter dès la naissance et le plus longtemps possible. D’ailleurs, la réglementation oblige à installer les enfants dos à la route jusqu’à 9 kg et pour les nouveaux modèles homologués selon le règlement R129 (i-Size), ils doivent avoir plus de 15 mois. En effet, les vertèbres cervicales des bébés sont très fragiles, jusqu'à 2 ans. En cas de choc frontal du véhicule, cas d'accident le plus fréquent, c'est dos à la route que cette zone sensible du corps sera le mieux protégée. Malheureusement, au bout de quelques mois, les sièges deviennent trop petits pour supporter un bébé dans cette position, notamment parce qu'aucun espace n'est prévu pour ses jambes.
L'intérêt du rehausseur
Si les parents comprennent très bien l'utilité de sangler un bébé dans sa coque protectrice, ils entrevoient parfois difficilement l'intérêt du rehausseur (siège du groupe 2/3 ou i-Size de 100 à 150 cm, destiné aux plus grands enfants). Celui-ci est pourtant indispensable.
- Un bon positionnement de la ceinture
La présence du rehausseur permet de positionner la ceinture de manière à ce que, au-delà de son rôle de protection, elle fasse le moins de dégâts possibles en cas de choc. Une ceinture bien positionnée passe au milieu de la clavicule et en haut des cuisses. En cas de choc, elle peut faire quelques dégâts sur la clavicule et les os du bassin, mais le plus souvent sans grande gravité. Sans rehausseur, elle sera mal positionnée et passera sur le cou et le ventre. En cas de choc, c'est la partie cervicale qui risque de souffrir, mais aussi les viscères abdominaux (risques d'éclatement, d'hémorragie...).
La présence de rehausseur évite aussi le sous-marinage, c'est-à-dire la tendance qu'aura le corps de l'enfant à glisser sous la ceinture en cas de choc, ce qui conduira la sangle ventrale à exercer une force importante sur son abdomen. La matière utilisée pour la fabrication des sièges, plus ferme que la banquette de la voiture, évite ce phénomène, et le cheminement de la sangle sous-abdominale en cas de présence de rehausseur aussi.
- Jamais de coussin
Pressé de prêter votre rehausseur ou obligé de transporter un copain de votre progéniture, vous êtes parfois tenté de glisser un coussin sous les fesses de l'enfant pour faire office de rehausseur. C'est une mauvaise idée. Car en cas de choc, la présence du coussin va favoriser le sous-marinage. À la limite, même si ce n'est évidemment pas conseillé, mieux vaut mettre un enfant directement sur la banquette de la voiture que sur un coussin.
- Toujours à dosseret
Certains rehausseurs ne comportent pas de dosseret (dossier) ou, dans certains cas, il est amovible. Or, sa présence est importante car les retours sur les côtés offrent une certaine protection en cas de choc latéral. En outre, lorsque l'enfant s'endort, il aura tendance à appuyer la tête sur les côtés du dosseret. S'il n'y en a pas, il va le plus souvent s'affaisser vers l'avant et la sangle supérieure de la ceinture sera positionnée sur son abdomen. Cela dit, cette position penchée vers l'avant n'est pas toujours évitée par la présence du dosseret. C'est pourquoi certains rehausseurs offrent une possibilité d'inclinaison vers l'arrière, qui augmente les chances de positionnement correct en cas d'endormissement.
Sans dossier, la ceinture n'est pas guidée et elle cisaille le cou de l'enfant. De plus, la protection en choc latéral n'est pas assurée.
En haut, rehausseur sans dossier ; la ceinture cisaille le cou de l’enfant. En bas, exemple de groupe 2/3 avec dossier et guide de ceinture.
Les erreurs à ne pas commettre
Régulièrement, des enquêtes menées par les instituts de recherche ou les associations type Prévention routière montrent que les enfants sont mal attachés. Attention à ne pas commettre les erreurs classiques :
- pour tous : veiller à ne pas tordre la ceinture ou le harnais. « L'effet ficelle » concentre les forces exercées en cas de choc ;
- installer l’enfant dos à la route le plus longtemps possible. C’est obligatoire jusqu’à 9 kg, et pour les sièges homologués R129 (i-Size), jusqu’à 15 mois ;
- pour les groupes 0 et 0+ et équivalents i-Size (naissance à 45 cm) : ne pas inverser les passages des sangles thoracique et sous-abdominale. Normalement, en position « dos à la route », la sangle inférieure passe sous le siège ou à travers des crochets placés devant l'enfant, et la sangle supérieure derrière le siège. Par ailleurs, pour les sièges qui sont utilisables ensuite en position « face à la route », attention au changement de passage des sangles : bien étudier la notice ;
- pour les groupes 1 et équivalents i-Size (de 61 à 115 cm) : veiller à faire passer la sangle au bon endroit dans la coque et à bien régler le harnais. Il doit être aussi ajusté que possible. L'enfant ne doit pas pouvoir enlever une bretelle, ce qui serait dramatique en cas d'accident. Attention aussi l'hiver, si le harnais a été réglé sur l'enfant habillé et qu'il finit par retirer un vêtement épais, type doudoune : il faut alors l'ajuster à nouveau ;
- pour les rehausseurs : s'il y a des accoudoirs, la sangle inférieure doit évidemment passer en dessous et non au-dessus, position qui engendrerait des dégâts importants dans l'abdomen en cas de choc. Quant à la sangle supérieure, en l'absence de guide-sangle, il faut veiller à chaque fois à son bon positionnement au milieu de la clavicule. Trop proche du cou, elle risquerait de provoquer des lésions au niveau cervical en cas de choc. Pire encore, lorsque la ceinture cisaille le cou, l'enfant, gêné, peut finir par être tenté de la glisser sous l'aisselle. Dans ce cas, le thorax et l'abdomen sont les premiers atteints en cas de choc.
- pour les sièges Isofix : ne pas oublier de déployer la jambe de force ou d’attacher la sangle anti-rotation.
Jamais dans le Caddie
Certains sièges auto pour tout-petits sont facilement transportables par une anse et font aussi office de transat. D'où la tentation de les installer dans le chariot du supermarché. Un geste à bannir ! Plusieurs accidents dont au moins un mortel ont été rapportés : le chariot n'étant pas conçu pour cette utilisation (sauf exception, alors indiquée), le siège peut très facilement basculer. La Commission de sécurité des consommateurs (CSC) avait demandé, à l'automne 2001, l'apposition de dispositifs d'avertissement, par exemple des autocollants barrés de rouge.
Lars Ly
Rédacteur technique