CONSEILS

Revêtements de solAvantages et inconvénients des parquets, moquettes et carrelages

Les sols représentent un budget important, en matériel comme en main-d’œuvre. Cependant, à l’instar de tout équipement qui entre dans nos intérieurs, parquets, moquettes, carrelages ou sols souples peuvent présenter des risques sanitaires et environnementaux.

→ Livre Que Choisir : Décrypter les produits du quotidien

Avantage au parquet, s’il est naturel

Le parquet présente a priori de nombreux atouts : non seulement le bois est un matériau écologique qui nécessite peu de transformations, mais ses couleurs douces et son caractère chaleureux en font aussi un revêtement de choix. Attention, toutefois, aux différentes qualités.

Quel type de parquet choisir ?

Il existe deux catégories de « vrai » parquet, et une autre, qui peut faire illusion mais se révèle plus discutable en matière d’émissions toxiques.

Le parquet massif – Comme son nom l’indique, il s’agit de planches taillées dans une essence de bois unique, sans liant ou solvant ajouté. Il peut être cloué ou collé. Son bilan sanitaire et écologique dépend du choix de l’essence, du type de pose et de la finition.

Le parquet contrecollé – C’est un feuilleté composé de trois couches de matériaux différents collées entre elles (d’où son nom). Seule la partie supérieure, aussi appelée couche d’usure ou parement (entre 1 et 6 mm d’épaisseur), est en bois noble, ce qui le rend plus accessible. Les deux autres couches sont constituées de dérivés de bois, qui peuvent (notamment via la colle) relâcher au fil du temps des composés organiques volatils (COV) toxiques – dont le formaldéhyde, le benzène ou le trichloréthylène, classés cancérogènes certains par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ). Ainsi, lorsque l’étiquetage d’émissions de COV a été mis en place, aucun contrecollé n’obtenait la note A +. Aujourd’hui, les fabricants ont amélioré leur copie. Si vous optez pour ce type de revêtement, choisissez-le avec une couche d’usure la plus épaisse possible et une étiquette A +.

Le stratifié – Sa couche supérieure (inférieure à 2,5 mm) n’est qu’un décor imprimé en mélamine, reprenant le dessin et la couleur du bois, protégé par un vernis. Composé de particules boisées, souvent agglomérées, voire de polymères d’origine pétrochimique, il peut contenir de nombreux composés indésirables, à commencer par le formaldéhyde. Peu fragile et facile à entretenir, il est souvent recommandé pour les pièces d’eau. Mauvais calcul, le formaldéhyde se relâchant plus encore avec l’humidité et les changements de température. À noter : certains stratifiés, fabriqués à partir de composants naturels de qualité, obtiennent un A + en matière de COV, mais sont alors presque aussi coûteux qu’un parquet.

Assurer un moindre impact environnemental

Certains labels ainsi que le choix judicieux des essences de bois limitent les dommages en la matière.

Outre l’Écolabel européen, les labels FSC et PEFC permettent de garantir l’origine durable du bois. Si FSC se concentrait au départ sur les forêts tropicales et si PEFC était une création pour soutenir les forêts françaises, les deux concurrents ont depuis rapproché leurs cahiers des charges. Ils certifient aujourd’hui un produit issu de ressources responsables.

Privilégiez des matériaux d’origine française (bien souvent du chêne), pour limiter l’impact écologique du transport. Parce que leurs forêts se renouvellent vite, le bambou et le liège sont également intéressants – si les plaques n’ont pas été agglomérées avec des liants d’origine chimique. À l’inverse, la plupart des bois exotiques, comme le teck ou l’ipé, appréciés pour leur résistance à l’eau, viennent de loin, et leur exploitation peut participer à la déforestation de certaines régions. À éviter s’ils ne portent pas les labels FSC ou PEFC.

La pose : un impact non négligeable

La technique de pose influe elle aussi sur la quantité finale de polluants.

Il existe plusieurs méthodes :

  • sur lambourdes (pour le seul parquet massif), les lames étant clouées sur des panneaux de bois vissés au sol ;
  • flottante (pour le contrecollé et le stratifié), les lames s’emboîtant par un système de clips ;
  • collée (pour tout type de parquet).

Le choix n’est pas indifférent : les colles de pose peuvent relarguer des COV toxiques. Si vous optez pour un parquet massif, par exemple, mais que vous le collez sur la dalle avec un produit émettant tétrachloréthylène, benzène et formaldéhyde, votre revêtement diffusera des composés nocifs pour longtemps.

Dans la mesure du possible, privilégiez la pose clouée pour le parquet massif, flottante clipsée pour le contrecollé et le stratifié. Si vous ne pouvez pas faire autrement, préférez une colle formulée sans solvant.

Des finitions à soigner, elles aussi

Les parquets peuvent être huilés, cirés ou vitrifiés.

La vitrification, qui agit comme une couche de protection du bois contre les taches, les rayures et autres formes d’usure, émet généralement des COV, des phtalates et des isocyanates, particulièrement irritants lors de la pose.

Pour un rendu plus authentique et moins de polluants chimiques, préférez les huiles naturelles (huiles dures à base d’huile de lin, par exemple), qui imperméabilisent le bois. Cela demande néanmoins un entretien à la cire deux ou trois fois par an, cire qui relargue elle-même des substances nocives.

Il est par ailleurs recommandé de choisir un modèle dont la finition a été réalisée en usine. Le produit protecteur, quel qu’il soit, aura été posé et séché ailleurs qu’entre vos murs.

La moquette : confortable mais nid à poussières

Considérée comme salissante et bourrée d’acariens, la moquette a peu à peu disparu des intérieurs. Elle a en effet tendance à emprisonner la poussière, et son entretien n’est jamais aussi complet que celui d’un sol lavable. Les professionnels de santé recommandent donc aux personnes allergiques d’éviter ce type de revêtement.

Pourtant, la moquette ne manque pas d’atouts : quelle que soit sa composition, elle apporte un réel confort thermique et acoustique – selon le Centre d’information et de documentation sur le bruit (CidB), elle atténuerait celui-ci de 30 dB. Si vous faites ce choix, pour réduire les risques allergènes, passez l’aspirateur très régulièrement (si possible, plusieurs fois par semaine) avec un modèle à filtre HEPA.

Naturelle ou synthétique ?

Côté santé et environnement, le choix de la fibre est essentiel.

Les fibres synthétiques (principalement le polyamide) sont fabriquées à partir de produits issus de la pétrochimie, particulièrement néfastes pour l’environnement.

Les fibres naturelles (laine, coton, lin) ont pour atout supplémentaire de vous éviter d’introduire des dérivés de pétrole pouvant relarguer des COV dans votre logement.

Dans tous les cas, attention aux traitements contre les acariens, ignifuges et autres antitaches.

Les produits chimiques employés – essentiellement biocides ou composés perfluorés – sont suspectés d’être cancérogènes ou perturbateurs endocriniens. Ainsi, dans une étude indépendante de 2018, plus de 59 substances dangereuses ont été retrouvées dans différentes moquettes : mercure, plomb, retardateurs de flamme, etc. L’étiquette d’émission de COV et les labels sont de bons moyens de réduire les risques.

Attention au dossier et à la pose

Ces deux éléments jouent en effet un rôle non négligeable.

Quelle que soit la fibre choisie, la moquette comporte une sous-couche, appelée « dossier ». Ce dernier peut être en mousse de latex (naturel ou synthétique), en jute ou en feutre. Attention au latex synthétique, qui peut dégager des COV.

Si la moquette est un matériau peu émissif, sa pose peut changer l’équation. Des tests Que Choisir ont ainsi montré que, là encore, la colle pouvait émettre du formaldéhyde, et ce pendant longtemps. Heureusement, il existe d’autres techniques : optez plutôt pour des bandes adhésives encadrant la pièce. Pour les modèles en laine ou doublés en feutre, un système de bandes auto-agrippantes est l’idéal.

Les labels à rechercher

Deux labels peuvent vous guider dans votre choix de moquette.

L’Ange Bleu – C’est le label de référence en Allemagne, où sont basés plusieurs gros fabricants de moquette. Géré par l’Agence fédérale de l’Environnement, il est décerné par un jury d’associations de défense de l’environnement, de syndicats, de défense des consommateurs, etc. Il s’intéresse à l’impact sanitaire et environnemental. La teneur en COVT se voit plafonnée, et de nombreuses substances nocives sont interdites (phtalates, métaux lourds, retardateurs de flamme bromés…).

Le label GUT – Bien qu’il s’agisse d’une émanation de l’Association européenne des fabricants de moquettes et tapis, qui le gère, ce label garantit notamment un produit à faible niveau d’émissions de COV, dépourvu de formaldéhyde, d’acétaldéhyde, de métaux lourds, etc.

Le carrelage, un matériau plutôt sûr

Facile à nettoyer et solide, donc durable, le carrelage est un revêtement de qualité (mais qui amplifie la répercussion du son).

La céramique

Fabriqués à partir de terre, d’argile, de quartz ou de kaolin, les carreaux en céramique sont le résultat d’une cuisson à très haute température (entre 900 et 1 400 °C), ce qui en fait un matériau en soi inerte, donc sûr – a priori. Ce qu’il faut savoir :

La terre cuite (un mélange d’eau et d’argile) présente l’avantage de laisser passer la vapeur d’eau et d’emmagasiner puis de restituer la chaleur mieux que d’autres matériaux (grès…). Elle est donc recommandée pour ses qualités thermiques. Sa porosité peut nécessiter un traitement hydrofuge (sans solvant de préférence), pour la protéger à plus long terme contre les salissures.

Toutes les céramiques ont un coût environnemental : leur extraction et leur fabrication génèrent poussières, rejets de fumée et déchets en masse. Par ailleurs, selon la provenance des carreaux, la pollution générée par le transport est à prendre en compte. L’Écolabel européen vous garantit toutefois une production plus économe en eau, en énergie et en déchets, et des émissions polluantes limitées.

Certains carreaux émaillés de couleur vive (style zellige, carreaux de ciment…) contiennent des substances nocives. Les teintes rouge et orange, notamment, peuvent être obtenues à l’aide de pigments au cadmium, au zinc ou au chrome. Or ces métaux lourds sont cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR). Divers industriels parviennent aujourd’hui à obtenir du rouge sans utiliser ces substances : vérifiez leur absence auprès du fabricant, qui généralement la signale… ou préférez des teintes naturelles (ocre, gris, etc.).

La pose a là encore son importance : la colle du carrelage et le mortier de jointement peuvent en effet apporter leur lot de polluants. Privilégiez donc les mortiers colles de qualité écologique, à base de sable de quartz, poudre de marbre et ciment blanc.

La pierre

Très prisée pour son authenticité et sa beauté, la pierre ne peut être choisie partout en raison de son poids, qui exige une structure suffisamment solide et une pose très technique.

Le carrelage en pierre naturelle est considéré comme écologique, son matériau ne nécessitant pas de transformation, sa fabrication étant économe en énergie et le produit final ne contenant pas de polluant. Encore faut-il donner la préférence à des ressources locales, pour éviter l’impact du transport. La récupération de pierres, quand elle est possible, peut être une solution plus économique.

La pierre « reconstituée », en revanche, a un impact environnemental plus lourd : ce mélange industriel de béton et de minéraux affiche ainsi une énergie grise élevée – trois fois supérieure à celle de la terre cuite, par exemple.

Les sols souples : à éviter

Extrêmement faciles à poser et très accessibles en termes de prix, les sols souples en rouleaux séduisent : on peut refaire une chambre en une demi-journée, sans l’aide de professionnels. Mais, si le véritable linoléum, ou « lino », est naturel, car fabriqué à partir de toile de jute et de poudre de bois, on n’en trouve quasiment plus. La grande majorité des sols souples vendus en grandes surfaces de bricolage sont en PVC : ils contiennent jusqu’à 50 % de phtalates ! Même si certains rouleaux parviennent à obtenir une étiquette A +, mieux vaut se tourner vers des produits non issus de la pétrochimie.


 

→ Ce texte est issu de notre livre Décrypter les produits du quotidien



 

Angélique Vallez

Angélique Vallez

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