Perrine Vennetier
Régime amaigrissantCe qu’il faut faire et ne pas faire
À la suite de notre vidéo expliquant pourquoi les régimes amaigrissants ne marchaient pas, vous avez été nombreux à demander ce qu’il fallait faire pour perdre du poids. Soyons honnêtes : si l’on avait découvert la recette pour faire maigrir durablement, tout le monde l’appliquerait. Néanmoins, il existe quelques données scientifiques solides, qui donnent des indications sur ce qu’il faut faire et ne pas faire.
Il ne faut pas forcément chercher à maigrir
Il semble une évidence que plus on est mince, mieux c’est. Or, les canons de la mode ne sont pas ceux de la médecine. En termes de santé, on recommande souvent de viser un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 18,5 et 25 (1). Mais c’est un repère statistique qui est valable pour une population et pas forcément pour les individus. De plus, en mai dernier, une étude menée au Danemark a montré que les personnes qui avaient un IMC autour de 27 (donc en surpoids selon les critères actuels !) étaient celles chez qui survenaient le moins de décès. S’engager dans une démarche d’amaigrissement ne doit donc pas se décider à la légère.
En effet, il est bien établi désormais que les régimes présentent des dangers pour la santé : ils se soldent le plus souvent par une reprise de poids, une perte de muscle, une fragilisation des os (surtout après la ménopause), une baisse du métabolisme de base (nos dépenses énergétiques), une hausse de l’appétit et peuvent entraîner des troubles du comportement alimentaire, entre autres. En raison de ces dangers, un régime amaigrissant ne doit être entamé que s’il existe des motifs médicaux sérieux. La recherche d’une perte de poids peut se justifier pour, par exemple, soulager des douleurs articulaires, améliorer un diabète ou traiter l’hypertension… Sinon, mieux vaut chercher à stabiliser son poids, à ne pas grossir donc.
Mieux vaut privilégier un régime alimentaire équilibré
En 2010, l’Agence nationale de l’alimentation (Anses) avait passé au crible divers régimes à visée d’amaigrissement. Du régime « soupe au chou » aux programmes des docteurs (Cohen, Dukan, Fricker et compères), les experts de l’agence ont constaté de nombreux déséquilibres. Par exemple : l’apport en protéines était trop important pour 80 % des phases de régimes étudiées et l’apport en fibres était insuffisant pour 74 %. Tout faux. Ces déséquilibres condamnent de fait ces régimes à être abandonnés à plus ou moins brève échéance. Or, l’adhésion au régime est essentielle. Dans une étude menée en 2009, les participants avaient regrossi au bout de deux ans mais ceux qui avaient le moins repris (perte maintenue de 9 kg en moyenne) étaient ceux qui avaient été les plus assidus aux séances organisées pour favoriser l’adhésion. Le meilleur programme minceur est sans doute celui que l’on n’arrête pas ! Il est donc moins recommandé de « faire un régime » que d’adopter un nouveau régime alimentaire au sein duquel on absorbe moins de calories.
Sur la nature du régime, on peut recommander de faire évoluer ses menus vers une alimentation de type méditerranéen (2). Ses bienfaits sur la santé ont été maintes fois démontrés, indépendamment d’une perte de poids (voir Que Choisir santé, juin 2015).
Reste une épineuse question : de combien faut-il réduire les apports énergétiques ? Un tout petit peu ? Beaucoup ? On ne sait pas. Certains experts préconisent de réduire un peu mais pas trop, pour que se crée un déficit en calories qui fait maigrir sans entraîner des privations délétères à long terme. Mais en l’absence d’études solides en la matière, difficile de donner des repères chiffrés.
Il faut absolument faire de l’exercice
Commençons par une apparente mauvaise nouvelle : l’exercice ne fait pas perdre de poids. L’idée de maigrir en se dépensant plus, plutôt qu’en mangeant moins, était pourtant séduisante. Mais force est de constater que cela ne suffit pas. Plusieurs pistes d’explications sont proposées à ce résultat décevant. Parmi elles, une étude suggère que le corps réagit à un accroissement d’activité (comme en cas de privation alimentaire) : il devient plus efficace et donc… dépense proportionnellement moins d’énergie.
Pour autant, si l’aiguille de la balance ne bouge pas, l’exercice permet d’obtenir des bénéfices esthétiques et pour la santé, notamment cardiovasculaires, indéniables. Dans le cadre d’une alimentation avec réduction des apports caloriques, l’activité physique est le facteur n° 1 pour éviter de regrossir. En effet, l’exercice réduit la fonte musculaire liée au régime. En maintenant la masse musculaire, il évite que les dépenses énergétiques de base ne diminuent trop après les premiers mois. Il est possible aussi qu’il aide à mieux réguler la faim et donc d’ajuster ses apports alimentaires à ses besoins. L’adoption d’un nouveau régime alimentaire en vue de maigrir doit donc impérativement s’accompagner d’une activité physique régulière.
(1) L’indice de masse corporelle (IMC) se calcule en divisant le poids (en kg) par la taille (en m) au carré.
(2) Dans les grandes lignes, l’alimentation méditerranéenne est centrée sur les légumes, les fruits et les céréales. On y consomme de plus des fruits à coques (noix et autres) et des légumineuses, un peu de produits laitiers fermentés, du poisson, très peu de viande rouge, de l’huile d’olive et de colza. On y évite les boissons sucrées et on déguste un verre de vin si on en a envie.