Hugo Hosegourd
Produits ménagersLes alternatives aux produits chimiques pour déboucher une canalisation
→ Livre Que Choisir : Décrypter les produits du quotidien
Pas efficaces pour tout et extraordinairement dangereux
Face à un évier, une bonde de baignoire ou une cuvette de toilettes obstrués, les déboucheurs chimiques apparaissent d’emblée comme une évidence. Pourtant, ces produits peuvent présenter une extrême nocivité, tant pour l’homme que pour l’environnement. De plus, ils ne sont pas aussi efficaces qu’on veut bien le faire croire.
Une performance limitée
Les déboucheurs chimiques ne font leur office que si le bouchon qui obstrue la canalisation est composé de déchets organiques ou minéraux : typiquement, des cheveux, des accumulations de calcaire ou des restes alimentaires. Ils sont en revanche totalement inefficaces si le problème provient d’un morceau de textile, d’un jouet, de tout élément en « dur » (bois, plastique, métal) qui serait tombé par inadvertance et se trouverait coincé. Il en est de même pour ce qui est des préservatifs ou, par exemple, des protections périodiques.
Une dangerosité illimitée
Qu’ils soient présentés sous forme de gel, de microbilles ou de poudre, les déboucheurs chimiques représentent de grands dangers – y compris pour les canalisations, qu’ils peuvent endommager !
Des risques pour la santé – Les ingrédients que l’on retrouve dans la composition de ces produits sont des plus redoutables : acide sulfurique, acide chlorhydrique, soude caustique, hydroxyde d’ammonium ou de potassium, hypochlorite de sodium, tallowtrimonium chloride… sont autant de « bombes » qu’il convient de manipuler avec grand soin, les projections pouvant être néfastes : irritants pour la peau, les yeux et les voies pulmonaires, corrosifs, toxiques, ils peuvent provoquer des insuffisances respiratoires aiguës, de graves brûlures et des dégâts oculaires irréversibles (quelques gouttes dans l’œil peuvent à elles seules entraîner une cécité définitive), entre autres. Les précautions s’imposent donc : port d’un masque, de gants de protection et de lunettes à chaque utilisation.
Des risques pour l’environnement – Déversés dans les canalisations, ces produits très nocifs se retrouvent dans les égouts. Or les stations de traitement des eaux usées ne peuvent les éliminer complètement. Ils vont donc polluer les nappes phréatiques, les sols et les cultures. Ils sont par ailleurs hautement toxiques pour les organismes aquatiques, avec parfois des effets sur le long terme.
Des solutions alternatives
Avant d’appeler un dépanneur à domicile ou d’utiliser un déboucheur chimique, il existe des solutions manuelles simples et performantes.
Aspirer à la ventouse
C’est un grand classique, qui demeure très efficace. Une ventouse, utilisée sur un fond d’eau stagnante (écopez d’abord le plus gros), avec des applications répétées, va permettre de créer un mouvement de va-et-vient. Ainsi, avec un peu d’huile de coude, cela permet généralement de débloquer le bouchon qui obstrue la canalisation, via un phénomène d’aspiration. Sur un évier ou un lavabo, pensez à boucher le trop-plein avec de l’adhésif pour que l’aspiration fonctionne.
Pour gagner en rapidité, sachez qu’il existe, à des prix assez modiques, des ventouses à pression d’eau (aussi appelées déboucheurs à pompe) permettant d’arriver au même résultat encore plus aisément, grâce à une poignée et un système de piston.
Défaire le culot du siphon ou le siphon
Sur un lavabo ou un évier, si la ventouse ne suffit pas et que le bouchon se trouve au niveau du siphon, le plus simple est de démonter le culot dudit siphon, le cas échéant, ou le siphon lui-même. Si vous avez du mal à desserrer la pièce (culot ou siphon), pulvérisez dessus un peu de dégrippant. Enfilez des gants de protection, pensez à positionner un seau sous le siphon pour récupérer l’eau stagnante et nettoyez. Pour le siphon, utilisez une pince multiprise ou une clé à siphon.
Introduire un furet
Comme son appellation le suggère, cette technique s’inspire de l’animal dont elle porte le nom, adepte des galeries souterraines : le procédé consiste ainsi à insérer une longue tige souple, dotée de brosses métalliques, dans la canalisation bouchée. Cette tige est le plus souvent couplée, au niveau du manche, à une manivelle manuelle qui va permettre de faire tourner les brosses pour aider à débloquer le bouchon obstruant, notamment si celui-ci est trop loin dans la canalisation pour être enlevé par aspiration. Un seul bémol : les brosses peuvent abîmer l’émail au fond d’une cuvette de toilettes. À manier avec précaution, par conséquent.
Prévenir plutôt que guérir
Éliminer un bouchon, c’est bien, mais prévenir son apparition, c’est encore mieux. Des solutions très simples existent pour cela. Installer une crépine, par exemple : c’est une petite pièce métallique filtrante à poser à l’entrée de l’évacuation, qui va permettre de retenir les corps étrangers et de ne laisser passer que les liquides. Plus simple encore : éviter que les déchets ne se retrouvent là. Par exemple, plutôt que de déverser les graisses d’une poêle dans l’évier, jetez-les à la poubelle en ayant pris soin de les absorber avec une matière susceptible de les « boire » (comme du marc de café), ce qui les empêchera de s’écouler dans le bac à ordures.