CONSEILS

Produits de bricolageComment limiter l’utilisation et l’impact des solvants

Les solvants sont couramment utilisés comme nettoyant, décapant, dégraissant ou dilueur. Nombreux sont ceux qui contiennent des substances dangereuses pour l’homme et pour l’environnement, ce qui induit de limiter leur usage et d’opter pour les moins agressifs.

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Quels risques présentent-ils ?

Un solvant (organique ou chimique) contient généralement des substances nocives qui pénètrent le plus souvent dans le corps par les voies respiratoires ou par la peau.

Les solvants les plus communs

Les solvants émettent des composés organiques volatils (COV) et recèlent des substances toxiques. Certains d’entre eux, comme le dichlorométhane ou le trichloréthylène, sont classés cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR). Voici quelques-uns des solvants les plus courants :

White-spirit – Il est efficace pour diluer la peinture solvantée et en supprimer les taches, sur le bois et les vêtements. Il est irritant et, en cas d’exposition importante, dépresseur du système nerveux central. Il participe à la destruction de la couche d’ozone.

Acétone – Elle est utilisée contre les taches de vernis, de résine ou de graisse sur les tissus (non fragiles) ou sur le bois. Elle est aussi toxique pour le système nerveux central et, en cas d’exposition cutanée répétée, elle peut générer une dermatite de contact.

Chlorure de méthylène (dichlorométhane) – C’est un solvant chloré utilisé pour décaper vernis et peintures, et employé dans les peintures en aérosol ou les mousses polyuréthanes. Sa volatilité est extrême, et il est très inflammable. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) le classe cancérogène possible par inhalation. Une forte exposition peut entraîner une dépression du système nerveux central, une atteinte ischémique cardiaque et une augmentation de la carboxyhémoglobine (toxique pour l’organisme).

Essence F (souvent commercialisée sous un terme type « essence à nettoyer » ou « détachant taches grasses ») – Elle dégraisse et nettoie textiles, cuirs et métaux. Elle est irritante pour les yeux et les muqueuses, et peut affecter les reins, le foie et le système nerveux central.

Essence de térébenthine – Elle est efficace contre les taches de graisse et de goudron, et contre les moisissures. Moins agressive que la précédente, elle est utilisée, entre autres, dans les peintures « naturelles ». C’est cependant un allergène (cutané et respiratoire), qui peut porter atteinte au système nerveux central en cas d’exposition aiguë.

Terpène d’agrume (ou solvant d’agrume) – Il permet de diluer peintures, laques, huiles et vernis. Il dispose d’un bon pouvoir dégraissant. Il est moins irritant que les autres solvants cités, mais peut provoquer des réactions allergiques.

Trichloréthylène – Classé cancérogène certain par le Circ, il est depuis 2016 interdit pour les particuliers à une concentration supérieure à 0,1 %, dans l’Union européenne.

Des dangers qui varient avec le type d’exposition

Si le danger est réel et multiforme, il varie avec le mode d’utilisation. Ce qu’il faut retenir :

  • Une forte exposition peut provoquer une réaction aussi rapide qu’aiguë, de quelque ordre qu’elle soit (respiratoire, cutanée, ébrio-narcotique…).
  • Une exposition prolongée peut occasionner en outre des troubles de la conscience (somnolence, coma) et du rythme cardiaque.
  • Une exposition régulière à certains solvants entraîne une apparition progressive des dommages, avec à terme des atteintes du système nerveux central et périphérique, du sang, du foie, des reins et de l’oreille interne, des cancers, etc.

Inflammables et nocifs pour l’environnement

Les solvants sont inflammables et volatils. Leurs vapeurs peuvent générer des mélanges explosifs et provoquer des réactions dangereuses, en cas de combinaison de produits. Ils sont aussi nocifs pour l’environnement (qualité de l’air, couche d’ozone, nappe phréatique et eau de surface). Tout résidu doit être rapporté en déchetterie.

Comment limiter les risques ?

Voici quelques pistes pour vous permettre de protéger au mieux votre santé.

Substitut d’acétone et autres alternatives

Certains produits peuvent remplacer les plus nocifs.

À la place de l’acétone, essayez le substitut d’acétone. Il permet de nettoyer la peinture et est bien moins toxique pour l’homme et l’environnement. Son usage implique malgré tout de se protéger.

Il existe aussi des substituts de white-spirit (pour la dilution des peintures) et d’alcool ménager. Ils sont moins efficaces que les solvants « classiques », mais moins dangereux. Quant au trichloréthylène, désormais interdit, il peut être remplacé notamment par le substitut de trichloréthylène, plutôt adapté pour dégraisser les métaux.

Adopter les bons gestes

Concernant la peinture, il est possible de réduire l’usage des solvants en la nettoyant avec des lames à gratter, de l’eau savonneuse et du papier-émeri, en se lavant les mains avec de l’eau, du savon et une pierre ponce – ou, mieux, en privilégiant les peintures à l’eau. Les taches de graisse, quant à elles, peuvent s’éliminer avec des cristaux de soude ou du savon noir.

Il est recommandé de se protéger avec des gants, des vêtements couvrants, des lunettes et un masque respiratoire à filtre. Aérez aussi largement pendant et après utilisation. Et refermez les pots hermétiquement en les stockant dans un endroit bien ventilé (les chiffons et pinceaux imbibés doivent être portés en déchetterie ou rangés dans des récipients clos).

Quid de l’appellation « solvants verts » ?

« Agrosolvants », « biosolvants » ou « solvants verts » : ces appellations, désignant des solvants à base de matières premières renouvelables d’origine végétale, destinés à se substituer aux équivalents issus de la pétrochimie, ne sont pas réglementées. Les produits en question peuvent donc renfermer des composés toxiques, tels des terpènes, de l’éthanol, du lactate d’éthyle ou de l’acétate d’isolamyle. Demandez à consulter la fiche de données de sécurité (FDS), qui doit être établie par le fabricant et (en théorie) mise à disposition par le vendeur.


 

→ Ce texte est issu de notre livre Décrypter les produits du quotidien



 

Jordan Belly

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