Elsa Casalegno
PoissonsComment acheter durable
Vous souhaitez privilégier les poissons dont le stock est abondant, protéger les fonds marins, soutenir la filière française ou la pêche artisanale ? Selon vos priorités, vous n’achèterez pas les mêmes espèces. Voici quelques pistes.
Préférez le poisson entier frais
Il sera très probablement issu de la pêche française pratiquée par des bateaux de taille petite ou moyenne (moins de 25 mètres).
Bon à savoir. Un poisson vendu « frais » peut avoir été pêché par des bateaux sortant à la journée, mais aussi par des navires partant pour des marées de moins de 15 jours (les poissons sont « glacés » mais pas congelés).
Privilégiez les petits poissons féconds
Optez pour les petits poissons aux stocks abondants et à fort taux de fécondité (sardine, anchois, maquereau…). Vous contribuerez ainsi à faire baisser la pression de pêche sur les espèces situées plus haut dans la chaîne alimentaire, davantage menacées (cabillaud, baudroie…).
Redécouvrez les poissons oubliés
Laissez-vous séduire par des poissons oubliés, comme la vieille, la plie ou le tacaud. Vous contribuerez à améliorer la valorisation de la pêche des navires français, tout en baissant la pression sur les poissons les plus demandés.
Oubliez les poissons importés
Abandonnez les espèces importées (dont il est parfois difficile de connaître les conditions de pêche ou d’élevage) et celles des grands fonds, comme la lingue bleue, le grenadier des roches ou encore le sabre noir.
Limitez les poissons d’élevage
Ils sont souvent produits dans des conditions intensives et polluantes, et nourris avec des farines de petits poissons issus de la pêche minotière, elle aussi intensive et source de surexploitation de ces espèces.
Vérifiez l’engin de pêche utilisé
Favorisez la ligne, le casier, le filet, qui concernent avant tout la petite pêche côtière, plus locale et de saison.
Bon à savoir. Le terme « chalut » englobe les chaluts de fond et les pélagiques. C’est l’espèce (poisson de fond ou de pleine eau) qui permet alors de savoir lequel est en jeu.
Évitez les poissons en période de frai
Par exemple, pas de bar pendant sa période de reproduction (en février-mars au large des côtes bretonnes, un peu plus tôt au sud, et un peu plus tard au nord), d’autant que sa chair est alors moins bonne.
Prenez les labels avec des pincettes
Ne vous fiez pas aux macarons privés des marques et des distributeurs. MSC, Pêche durable et Pavillon France ont au moins la garantie d’un cahier des charges sérieux, même s’ils sont insuffisants sur le plan environnemental. Dommage que le label Artysanal, qui entend favoriser la petite pêche côtière, reste confidentiel.
Testez les circuits courts
L’association Pleine mer a élaboré une carte interactive (voir sur son site associationpleinemer.com). Néanmoins, ces circuits courts sont encore réservés aux habitants à proximité des ports, et à ceux de quelques grandes villes.
Essayez d’utiliser les zones FAO
L’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a déterminé des zones de pêche permettant de visualiser la provenance du poisson. Si votre mémoire retient quelles zones sont gérées durablement selon l’espèce, bravo !
Soyez vigilant sur la provenance
Par exemple, des bateaux sous pavillon français peuvent pêcher dans les eaux françaises et européennes, mais aussi ailleurs (eaux internationales ou domaines maritimes d’autres pays, en particulier d’Afrique et d’Amérique latine) – dans ce cas, ils n’arriveront pas frais dans les magasins, mais surgelés ou en conserve.