CONSEILS

Jardin écoresponsableTondez moins, mais mieux

Un jardin écoresponsable est le contraire d’une grande étendue verte et stérile. Il s’agit bien plutôt d’un espace couvert de végétations rases qui ne nécessitent pas trop d’interventions, mais un léger suivi.

Le véritable gazon correspond à une couverture de graminées, souvent du ray-grass. Plaisant lorsqu’il est bien entretenu, ce type de couvert demande des soins réguliers. Mais il s’avère stérile, ou presque, et évolue mal, car il finit souvent par devenir la proie des mousses (à l’ombre) ou des plantes à rosettes (en sol pauvre), ce qui nécessite des travaux supplémentaires et incite à la consommation de produits potentiellement nocifs. La pelouse d’un jardin écoresponsable, elle, est bien plus décontractée. Et, surtout, il y a plusieurs façons de l’envisager.

Tentez l’autre tonte

Tout dépend de l’usage qui est fait des lieux et de la situation de votre jardin. La première option consiste à réduire les passages de tondeuse, mais pas de la même façon partout. Ainsi, autour de la maison et dans les espaces que l’on fréquente très régulièrement, on ne diminuera qu’à peine la fréquence des tontes, cependant on coupera plus haut afin de protéger le sol. Plus loin, dans les endroits où l’on ne se rend qu’occasionnellement, on ne tondra pas plus d’une fois par mois, voire pas du tout de juin à fin août. Enfin, dans les espaces non cultivés, les lames ne passeront qu’une fois par an, en automne ou en hiver, laissant un carré d’herbes folles. Les professionnels appellent cette pratique la « tonte différenciée ». Elle donne aux fleurs sauvages le temps de se ressemer et aux insectes celui de se reproduire – nous parlons ici des auxiliaires, et non de ces enquiquineurs comme les horribles punaises qui s’introduisent dans les maisons en fin d’été ou les ravageurs de cultures. Enfin, un jardin où l’on pratique la tonte différenciée n’est pas laissé à l’abandon, bien au contraire. Ses parties les plus fréquemment tondues sont mises en valeur par celles qui le sont très peu, par effet de contraste. Cela le rend beaucoup plus intéressant qu’une carpette monotone et privée de vie…

L’alternative des végétaux tapissants

Autre option : abandonner le couvert de graminées qu’il faut couper et installer des plantes rases pour former un « tapis » ne nécessitant pas de tonte. Si le résultat n’est pas aussi vert et uniforme qu’un gazon régulièrement tondu, il s’avère en revanche bien plus fleuri et bien plus résilient. On doit l’aider à s’ancrer au début, mais ce tapis végétal se montre ensuite bien plus résistant au manque d’eau qu’une pelouse traditionnelle. Il supporte aussi un piétinement occasionnel. Sa composition ? Des espèces capables de faire face aux intempéries et de se remettre rapidement d’un gros caprice météo, mais surtout parfaitement adaptées à votre sol. Leur sélection préalable doit donc être très minutieuse ; si vous choisissez des végétaux tapissants sans tenir compte du terrain, vous serez déçu du rendu.

Les meilleurs substituts au gazon

  • Achillées  (Achillea coarctata ou millefolium)
  • Épervière piloselle  (Hieracium pilosella ou Pilosella officinarum)
  • Sédum rampant  (Sedum album)
  • Thym rampant  (serpolet, thym cilié)
  • Trèfle  (Trifolium repens)
  • Turquette  (Herniaria)
  • Verveine nodiflore  (Lippia nodiflora)

Comme un massif de plantes rases

Mettre la tondeuse au rancart demande une bonne organisation. Car une fois que l’on a trouvé ses substituts au gazon, leur faire coloniser l’espace n’est pas aussi simple que de semer une nouvelle pelouse… Cela revient, en fait, à créer un massif de plantes rases. D’abord il faut arracher le gazon existant ou l’étouffer pendant deux ou trois mois sous des couches de carton, par exemple, afin d’obtenir une terre propre. Une fois que le sol est prêt, prévoyez une bonne quantité de sujets à placer, de l’ordre de 10 à 15 au mètre carré, en godets ou minimottes. Cela représente donc un certain budget, même s’il s’agit de petits plants.

Un peu d’entretien quand même

Un tapis sans tonte nécessite une couverture rapide du sol. Mieux vaut donc l’arroser un peu au démarrage, en suivant les recommandations d’usage. Des herbes indésirables ne tarderont pas à arriver ; il faut les arracher au début mais, le temps passant, les plantes tapissantes prennent le dessus. Comptez pour cela environ 18 mois, selon la densité de départ. Ensuite vous ratiboiserez, une à deux fois par an tout au plus, les tiges et tout ce qui sèche, pour garder un air propre et sous contrôle. Un gazon sans tonte ne veut pas dire sans aucune coupe… Ce n’est néanmoins pas tant de travail et le jeu en vaut la chandelle ! Une merveilleuse tapisserie où vous verrez la faune prendre ses quartiers, à condition que vos passages y restent modérés. N’y marchez pas plus d’une fois par jour, ou alors variez les endroits. Bien sûr, ce type d’aménagement n’empêche pas de garder un coin de gazon régulièrement tondu.

Une variante : la bande fleurie

La technique, testée et validée par des institutions comme la Fédération nationale de l’agriculture biologique, est née en arboriculture fruitière après un constat tout simple : les vergers accueillant des fleurs sauvages sont moins attaqués par les fauteurs de troubles. Il s’agit donc de planter, entre les arbres fruitiers, des fleurs vivaces en bandes de 50 cm à 1 m de large (ou en disposition quelconque) qui attirent une faune variée et des prédateurs naturels. Ces bandes sont coupées à ras une fois par an, en hiver.

→ Retrouvez tous nos conseils dans le Que Choisir Pratique Jardin écoresponsable

AL

Annie Lagueyrie

JG

Jean-Michel Groult

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