CONSEILS

Gel hydroalcoolique (vidéo)Comment bien l’utiliser

A priori rien de plus simple que de mettre un peu de gel hydroalcoolique dans sa main pour éliminer le SARS-CoV-2, le virus responsable de la pandémie de Covid-19. Et pourtant, il faut respecter une marche à suivre précise : les quantités et les temps d’application préconisés doivent être respectés. Tout comme pour le lavage des mains avec de l’eau et du savon. Explications en vidéo.

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Nos mains sont-elles une source majeure de contamination par le SARS-CoV-2 ?

 Q C  A priori, non. La voie directe – lorsque des postillons ou de l’air infecté pénètrent dans notre système respiratoire – semble le vecteur largement majoritaire de ce coronavirus. Aucun cas de contamination « manuportée » (transmise par les mains) n’a été mis en évidence. Cela tient sans doute à la fois à la rareté relative de ce mode de transmission et au fait qu’il est difficile d’en apporter la preuve. Lorsqu’un foyer d’infection est repéré, on est sûr que toutes les personnes ont respiré le même air. Montrer qu’elles ont touché le même objet est moins évident.

Comment une contamination via les mains peut-elle survenir ?

 Q C  Avoir du virus sur les mains n’est pas dangereux en soi : il ne passe pas la barrière cutanée. Ce sont la bouche et le nez ainsi que les yeux (à cause de la communication entre voies lacrymales et aériennes) qui constituent les portes d’entrée par lesquelles il gagne le système respiratoire. C’est donc en se touchant le visage que l’on peut se contaminer. Les contacts physiques directs, notamment les poignées de main, sont supposés inexistants, à part dans la sphère intime ou professionnelle, notamment pour les soignants. Si une contamination manuportée advient, elle se fait plutôt de manière indirecte. Concrètement, il faut que le virus véhiculé par un malade se dépose – par l’intermédiaire d’un contact ou de postillons, par exemple – sur une surface. Puis qu’une personne saine la touche, et qu’enfin, sans s’être lavé ou désinfecté les mains entre-temps, elle les porte à son visage. Une quantité de virus suffisamment élevée est aussi nécessaire pour être infectante. Pour l’heure, les scientifiques ignorent quelle est la probabilité pour que cette série de conditions se réalise « dans la vraie vie ». Les gestes d’hygiène des mains sont donc réalisés à titre de précaution.

Que sait-on du temps de survie du virus sur les surfaces inertes ?

 Q C  Plusieurs études expérimentales ont mesuré la capacité du SARS-CoV-2 à survivre hors de nos cellules. Ce temps de survie, qui peut atteindre plusieurs jours, dépend des surfaces, de la température, du taux d’humidité, de l’exposition aux rayons UV, etc. Ces recherches utilisent des quantités de virus extrêmement élevées, sans commune mesure avec ce que l’on retrouve dans les sécrétions d’une personne infectée. « Ces travaux nous apprennent que le SARS-CoV-2 fait partie des virus très résistants. Par comparaison, nombre de ceux qui provoquent des gastroentérites le sont aussi et, à l’inverse, le VIH disparaît au bout de 20 à 30 minutes sur une surface », précise Bruno Grandbastien, médecin hygiéniste, président de la Société française d’hygiène hospitalière. Mais ces études ne disent pas grand-chose du risque en vie réelle. D’autres recherches, parfois contradictoires, ont mesuré la présence du virus sur les surfaces environnant des malades. Dans un hôpital de Singapour, avant le nettoyage de la chambre d’un patient, des scientifiques en ont détecté sur à peu près tous les objets. À l’inverse, en Allemagne, dans 21 foyers où des gens infectés étaient en quarantaine, sur 119 surfaces testées (appareils électroniques, poignées de porte, meubles, vêtements, etc.), le virus n’a été décelé que quatre fois… « Quoi qu’il en soit, le fait de retrouver le virus sur une surface ne veut pas du tout dire qu’il est capable d’infecter quelqu’un », souligne Jean-Claude Manuguerra, responsable de la Cellule d’intervention biologique d’urgence à l’Institut Pasteur.

Quand dois-je me laver ou me désinfecter les mains ?

 Q C  « On s’aperçoit que beaucoup de gens se lavent les mains sans réflexion, remarque Marc-André Selosse, professeur d’écologie microbienne au Muséum national d’histoire naturelle. Il convient de le faire lorsqu’on est susceptible d’avoir touché une surface contaminée et ensuite de se toucher le visage. Pas à tout bout de champ. » Concrètement, à part les mesures d’hygiène habituelles (avant de manger ou de préparer à manger, en sortant des toilettes, avant de s’occuper d’un bébé ou d’une personne dépendante), on se posera systématiquement la question : ai-je touché une surface potentiellement infectée depuis mon dernier lavage ou usage de gel ? Une précaution supplémentaire : désinfecter fréquemment son téléphone portable si on s’en sert régulièrement dans des situations « à risque ».

Dois-je préférer le lavage des mains au savon ou la friction au gel hydroalcoolique ?

 Q C  « À chaque fois qu’on a accès à un point d’eau, il faut privilégier le lavage des mains, car il faut bien comprendre que le gel hydroalcoolique ne nettoie pas. Si vous avez des saletés sur les paumes, elles y restent », rappelle Marc-­André Selosse, à l’unisson avec tous les microbiologistes que nous avons interrogés depuis le début de la pandémie. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), le lavage se révèle même plus efficace contre le virus : « Le savon enlève l’ensemble des matières organiques, vivantes ou mortes, y compris les bactéries et virus. Une solution hydroalcoolique ne lave pas, elle ne fait que désinfecter. La désinfection d’une surface ou de mains sales est plus difficile, car la saleté peut “cacher” les bactéries et virus. Lorsque cela est possible, il est donc recommandé de se laver les mains avec du savon et de l’eau plutôt que d’employer une solution ou un gel hydroalcoolique. »

Comment utiliser le gel pour qu’il soit efficace ?

 Q C  Il faut respecter la dose et le temps préconisés sur l’emballage, souvent au moins 3 ml et 30 secondes. C’est beaucoup de produit, et c’est un long moment (voir notre vidéo ci-dessus) ! Or, les fabricants interrogés avouent ne pas savoir dans quelle mesure le virus est détruit avec des quantités et des durées moindres. Une désinfection mal effectuée n’en étant pas une, mieux vaut utiliser du gel seulement à bon escient et en respectant le mode d’emploi, plutôt que de manière frénétique et en faisant les choses à moitié.

Quelles précautions faut-il que je prenne ?

 Q C  Refermez soigneusement le flacon pour éviter l’évaporation de l’alcool et conservez-le à l’abri de la chaleur. Par ailleurs, l’Anses a alerté sur les projections accidentelles de gel dans les yeux des jeunes enfants, car plusieurs dizaines de cas avaient été signalés, certains ayant requis une intervention chirurgicale. Ce sont les distributeurs en libre-service dans les lieux publics qui présentent un risque particulier, car les petits peuvent être tentés de les actionner et leur visage se trouve juste sous la buse. Ne les laissez pas jouer avec et, si projection il y a, rincez immédiatement pendant au moins 15 minutes – le retard de rinçage étant particulièrement préjudiciable. Si les symptômes persistent, consultez au plus vite.

Le port de gants est-il recommandé ?

 Q C  « C’est le type même de la fausse bonne idée, avertit Bruno Grandbastien (médecin hygiéniste). C’est comme avoir une seconde peau qui va se contaminer de la même façon que les mains. La différence est qu’on s’abstient de les nettoyer. Les gants vont donc contribuer à la propagation du virus au lieu de l’entraver. » 

Comment se laver les mains ?

Le lavage des mains au savon est préférable à l’utilisation de gel. Il doit durer au moins 30 secondes.

Source : Ministère de la Santé

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