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Justine Marenda
Phishing, arnaque au faux conseiller bancaire, au faux support technique, au faux virement, au faux RIB… Les tentatives de fraude bancaire se sont multipliées ces dernières années et peuvent coûter très cher à leurs victimes. Nos conseils pour les reconnaître et réagir au plus vite et au mieux.
Le phishing (« hameçonnage ») consiste pour des personnes malveillantes à envoyer des courriels frauduleux afin d’obtenir des données personnelles (le plus souvent des données bancaires) et soutirer de l’argent à leurs victimes.
L’escroc se fait passer pour une personne de confiance (un ami, un membre de la famille, etc.) ou un organisme que vous connaissez (les impôts, la Caf, votre opérateur téléphonique, etc.) et vous invite à confirmer vos coordonnées ou à les mettre à jour en cliquant sur un lien aboutissant sur un site Internet. L’escroc se sert alors de ces données pour effectuer des prélèvements frauduleux sur votre compte bancaire.
Quelques signes peuvent vous alerter. Nous vous conseillons de :
Gardez en tête qu’aucun organisme officiel ne vous demandera de communiquer vos coordonnées bancaires en réponse à un courriel. Au moindre doute, ne répondez pas et ne transmettez aucune information personnelle.
Tout d’abord, signalez sans tarder les opérations que vous n’avez pas autorisées à votre banque et, en cas de transmission des coordonnées de votre carte bancaire, faites également opposition à votre carte.
Ensuite, contestez l’opération et demandez le remboursement auprès de votre banque. En cas d’opération non autorisée, le principe est celui du droit au remboursement. En revanche, dans le cas d’agissements frauduleux ou de négligences graves de votre part, la banque n’est plus tenue de vous rembourser. Pourtant, même en pareil cas, elle doit prouver l’existence de ces manquements. En tout état de cause, elle ne peut pas se contenter d’évoquer l’hypothèse d’un phishing pour refuser le remboursement.
Cependant, si l’opération de paiement a été effectuée sans que la banque ait exigé une authentification forte (voir encadré), la banque doit vous rembourser (sauf à prouver une fraude de votre part).
Articles L.133-18, L.133-19 et L.133-44 du Code monétaire et financier, article 16 du règlement délégué (UE) no 2018/389 du 27/11/2017
L’authentification forte (ou double authentification) est un dispositif permettant de vérifier votre identité pour plus de sécurité. Il faut au moins 2 des 3 éléments suivants :
Elle doit s’appliquer dès lors que le montant de l’opération dépasse 30 € et que le montant cumulé des précédentes opérations depuis la dernière authentification forte du client dépasse 100 €, ou que le nombre des précédentes opérations de paiement depuis la dernière authentification forte du client dépasse 5 opérations de paiement électronique à distance individuelles consécutives.
→ Lire aussi Paiements en ligne • La double authentification s’impose
Une personne vous contacte, le plus souvent par téléphone, en se faisant passer pour un conseiller ou un salarié de votre banque, et prétend que vous êtes actuellement victime de paiements frauduleux. L’interlocuteur vous met en confiance car il connaît de nombreuses informations (votre identité, votre numéro de compte et même le nom de votre conseiller bancaire), puis il vous indique qu’il est urgent d’agir afin de contester ces paiements.
L’escroc vous demande alors de lui communiquer vos identifiants et/ou coordonnées bancaires pour procéder au blocage de ces opérations, ainsi que le code reçu par SMS pour confirmer le blocage de ces opérations (ou de cliquer sur un lien reçu par courriel).
En réalité, ce sont ces dernières opérations qui permettent à l’escroc d’effectuer des opérations frauduleuses.
Votre banque ne vous demandera jamais de communiquer ces informations par téléphone, ni de valider des opérations à distance.
Attention : les techniques de ces escrocs sont de plus en plus sophistiquées (par exemple : courriel imitant ceux de votre banque, lien vers une fausse interface ressemblant à votre compte en ligne, etc.). Dans certains cas, le numéro de téléphone affiché correspond même à celui de votre banque !
Dans tous les cas, nous vous invitons à raccrocher immédiatement et à ne transmettre aucune information ni cliquer sur un quelconque lien. Mieux vaut contacter votre conseiller bancaire par vos propres moyens.
Tout d’abord, signalez sans tarder les opérations que vous n’avez pas autorisées à votre banque et, en cas de transmission des coordonnées de votre carte bancaire, faites opposition à votre carte.
Ensuite, contestez l’opération et demandez le remboursement auprès de votre banque. En cas d’opération non autorisée, le principe est celui du droit au remboursement. En revanche, dans le cas d’agissements frauduleux ou de négligences graves de votre part, la banque n’est plus tenue de vous rembourser. Toutefois, même en pareil cas, elle doit prouver l’existence de ces manquements.
Cependant, si l’opération de paiement a été effectuée sans que la banque ait exigé une authentification forte, la banque doit vous rembourser (sauf à prouver une fraude de votre part).
Articles L.133-18, L.133-19 et L.133-44 du Code monétaire et financier
L’arnaque au faux support consiste à vous faire croire que votre ordinateur a un problème grave (par exemple : la présence d’un virus, une erreur du système, un blocage de l’écran). Un message par SMS, courriel ou directement sur l’écran de l’ordinateur vous invite à contacter un numéro si vous ne souhaitez pas perdre vos données ou l’usage de votre ordinateur.
Une fois entré en communication, l’interlocuteur fait semblant de dépanner votre ordinateur en prenant la main à distance puis vous facture la soi-disant prestation et/ou vous incite à acheter des logiciels inutiles.
Il arrive même qu’en cas de refus de paiement, la personne menace de supprimer ou divulguer vos données personnelles pour vous convaincre.
Tout d’abord, pour essayer de limiter au maximum ce type de fraude, nous vous conseillons de :
Si malgré tout, vous êtes victime d’une telle tentative de fraude, nous vous conseillons de :
Tout d’abord, conservez des preuves de cette arnaque (impression écran ou photo de l’écran, documents éventuellement transmis, etc.).
Ensuite, vous pouvez faire opposition à votre carte bancaire pour éviter d’autres paiements. S’agissant d’obtenir le remboursement de la somme débitée, la banque devra vous rembourser uniquement si le montant débité est supérieur au montant que l’on vous a annoncé. Pensez à conserver des preuves si le montant vous a été communiqué par écrit (courriel, facture, photo de l’écran, etc.).
Vous pouvez tenter, en parallèle, d’obtenir le remboursement auprès du faux support informatique en précisant que vous déposez plainte.
Vérifiez par ailleurs si vous êtes couvert pour ce type de cas par l’assurance de votre carte bancaire.
Enfin, vous pouvez chercher à obtenir le remboursement, par l’intermédiaire de votre banque, auprès de la société qui a édité votre carte bancaire (Visa, Mastercard, etc.) dans le cadre de la procédure de chargeback (dite aussi de « rétrofacturation »).
→ Lire aussi Chargeback • Obtenir le remboursement d’un achat par carte bancaire
Article 1302 du Code civil, article L.133-25 du Code monétaire et financier
Vous vous apercevez, en vous connectant à votre espace client ou en consultant vos relevés bancaires, qu’un virement a été effectué au profit d’un bénéficiaire qui vous est inconnu.
Un escroc a réussi à pirater et accéder à votre espace client afin de procéder à ce virement frauduleux.
À aucun moment vous n’avez été à l’initiative de l’ajout d’un bénéficiaire, ni d’un virement à la suite d’un faux SMS, courriel ou appel téléphonique.
Les procédés employés dans ce type d’arnaque sont parfois mystérieux. Quoi qu’il en soit, l’escroc a réussi d’une manière ou d’une autre à obtenir vos identifiants bancaires. Pour limiter le risque de fraude, nous vous conseillons de :
Dans ce cas précis, il s’agit d’une opération frauduleuse car vous n’êtes pas à l’origine de l’opération et n’y avez pas consenti.
Contestez l’opération et demandez le remboursement auprès de votre banque. En cas d’opération non autorisée, le principe est celui du droit au remboursement. En revanche, dans le cas d’agissements frauduleux ou de négligences graves de votre part, la banque n’est plus tenue de vous rembourser.
Articles L.133-18, L.133-19 et L.133-23 du Code monétaire et financier
Vous êtes en relation avec une entreprise ou une personne à qui vous devez de l’argent. Celle-ci vous adresse un RIB par courriel et une facture en pièce jointe afin de procéder au règlement.
Ce courriel est intercepté par un escroc, en piratant soit votre boîte e-mail, soit celle de votre créancier, pour remplacer le RIB de votre créancier par le sien. Vous recevez le courriel modifié dans lequel seuls ont été modifiés le RIB et l’adresse courriel de l’expéditeur et procédez ensuite au virement avec le RIB reçu.
Les fonds sont en réalité transférés directement à l’escroc et non à votre créancier.
Avant de procéder au paiement, nous vous conseillons :
Au moindre doute, n’hésitez pas à contacter directement le professionnel pour confirmer les coordonnées bancaires avec lui.
Les chances d’obtenir un remboursement de la part de votre banque sont faibles. En effet, vous êtes à l’initiative de ce virement et dans ce cas, sauf exception (virement différé ou permanent), le virement est par principe « irrévocable ». Il ne peut pas être annulé dès lors que l’ordre de virement a été reçu par votre banque.
De plus, la réglementation prévoit que si les coordonnées fournies par l’émetteur du virement sont inexactes ou liées à une erreur, ni la banque émettrice du virement ni la banque réceptrice ne sont responsables.
Par conséquent, elles n’ont pas à vérifier l’adéquation entre le nom mentionné sur le RIB et le détenteur du compte (Cour de cassation, chambre commerciale 24/01/2018 no 16-22336). N’hésitez pas à signaler ce(s) virement(s) frauduleux car dès lors qu’elle en est informée, votre banque doit tenter de récupérer les fonds. Pour ce faire, elle demande à la banque du bénéficiaire toutes les informations utiles en sa possession. Si elle ne parvient pas à recouvrer les sommes, la banque doit vous transmettre les informations obtenues, mais uniquement à votre demande. Ces éléments pourront vous servir si vous envisagez un recours en justice contre l’escroc.
En parallèle des démarches effectuées auprès de votre banque, vous pouvez déposer plainte auprès du commissariat de police ou de la gendarmerie proche de chez vous.
Article L.133-21 du Code monétaire et financier
→ Si vous avez besoin d’être aidé dans vos démarches, prenez contact avec une association locale de l’UFC-Que Choisir.
L’UFC-Que Choisir, face aux nombreux refus de remboursement injustifiés des banques, a déposé plainte contre 12 établissements pour pratiques commerciales trompeuses le 28 juin 2022. L’UFC-Que Choisir, à travers la multitude de refus injustifiés, a mis au jour une véritable stratégie des banques pour s’affranchir de leur obligation de démontrer la négligence personnelle de leurs clients afin de refuser de les rembourser.
→ L’UFC-Que Choisir recense encore les signalements des fraudes non indemnisées par un formulaire dédié.
Vous trouverez également à votre disposition deux lettres types et un outil fournissant des conseils personnalisés :
Par principe, dès lors qu’une opération non autorisée est signalée à la banque, cette dernière est tenue de procéder immédiatement au remboursement de ladite opération et au plus tard à la fin du premier jour ouvrable suivant. Cette règle comporte une exception, si la banque a de bonnes raisons de soupçonner une fraude de l’utilisateur du service de paiement et si elle communique ces raisons, par écrit, à la Banque de France.
Depuis le 19 août 2022, des pénalités sont désormais prévues en cas de retard dans le remboursement :
Article L.133-18 du Code monétaire et financier modifié par l’article 22 de la loi no 2022-1158 du 16 août 2022
L’UFC-Que choisir constate que les banques conditionnent souvent le remboursement à un dépôt de plainte préalable. Or les services de police et de gendarmerie sont débordés par ces dépôts de plainte et refusent parfois de prendre la plainte des victimes de fraudes bancaires. En tout état de cause, la banque ne peut exiger un dépôt de plainte pour traiter votre demande de remboursement. Cette formalité n’est pas imposée par la réglementation.
Si vous souhaitez déposer plainte, vous pouvez le faire par écrit en portant plainte contre X. En revanche, faute de certitude sur les moyens employés par les fraudeurs, évitez d’évoquer des hypothèses. Restez factuel en indiquant uniquement le(s) débit(s) frauduleux constatés. En effet, la banque peut chercher des éléments dans votre déclaration pour considérer que vous avez été négligent dans la conservation de vos données bancaires et refuser de vous rembourser. Néanmoins, la négligence grave ne se présume pas. Elle devra être prouvée par la banque.
Vous pouvez signaler les fraudes à la carte bancaire directement en ligne avec le téléservice Perceval (via le site Service-public.fr). Le signalement n’est pas un dépôt de plainte, mais il permet de centraliser les déclarations de fraude bancaire pour aider les services de police. De plus, un récépissé est délivré. Vous pourrez le présenter à votre banque à l’appui de votre demande de remboursement.
En parallèle existe également, depuis le 15 mars 2022, la plateforme Thésée, aussi accessible depuis le site Service-public.fr. Par ce biais, il est possible de déposer plainte en ligne pour les escroqueries. Attention, le phishing (« hameçonnage ») n’est pas inclus dans ce service de plainte en ligne.
Justine Marenda
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