Anne-Sophie Stamane
CoronavirusLes caractéristiques des différents masques
Depuis mars 2020, beaucoup d’informations circulent sur les différents types de masques disponibles. Devenus indispensables au quotidien, ils ne répondent pas aux mêmes besoins. Voici quelques repères.
Masques chirurgicaux
Ils protègent avant tout l’entourage de la personne qui les porte. Mais celle-ci est également protégée des projections de gouttelettes, sans qu’on sache dans quelle proportion exactement. Ils répondent à la norme NF EN 14683.
- Le type I filtre 95 % des particules expirées de plus de 3 000 nanomètres ;
- le type II, plus de 98 % ;
- le type IIR résiste, en plus, aux éclaboussures.
Les paquets de masques chirurgicaux indiquent souvent qu’ils ne protègent pas des virus. Pourquoi les utiliser, alors ?
Cette mention signifie qu’un masque chirurgical n’est pas un équipement de protection individuel. Il n’est pas conçu pour protéger d’une contamination la personne qui le porte, mais bien pour empêcher ses projections (gouttelettes et aérosol) potentiellement porteuses du virus d’atteindre son entourage. Hors contexte épidémique, les dentistes en mettent pour ne pas contaminer leur patient, de même qu’au bloc opératoire, les médecins et personnels infirmiers ont un masque pour que la personne opérée, dont l’organisme est exposé aux infections, soit préservée au maximum durant l’intervention. La protection individuelle contre le virus n’est au final assurée que si tout le monde porte un masque quand il existe un risque de contamination. Il s’agit d’une démarche collective.
► Mise à jour Suite aux dernières recommandations du gouvernement d’abandonner les masques en tissu maison et les masques « filtration garantie » de niveau 2, les masques chirurgicaux sont devenus la référence, avec les masques tissu « filtration garantie » de niveau 1.
Masques FFP
Ce sont des équipements de protection individuelle, un masque FFP protège avant tout la personne qui le porte. Mais, logiquement, il protège aussi l’entourage des aérosols expirés, sans qu’on puisse dire exactement dans quelle mesure. Ils répondent à la norme NF EN 149.
Un masque FFP filtre les particules à partir de 600 nanomètres.
- Un FFP1 en filtre au moins 80 % ;
- un FFP2 94 % ;
- un FFP3 99 %.
Masques FFP à valve expiratoire
La valve rend le masque plus confortable, elle soulage l’effort à faire pour expulser l’air à travers le masque, au moment de l’expiration. La personne qui porte le masque est bien protégée car la performance de filtration est celle des FFP, et la valve ne s’ouvre qu’à l’expiration. Mais l’entourage ne l’est pas du tout, puisque l’air sortant n’est pas filtré.
► Ce masque n’est pas adapté à l’épidémie de Covid-19.
Masques en tissu filtration garantie
Filtration garantie 5 (ou 10, 15, etc.) lavages
Les masques portant le macaron « filtration garantie » ont fait l’objet de tests en laboratoire à l’initiative du fabricant. Leur efficacité est assurée pour le nombre de lavages affichés sur l’emballage, et selon 2 niveaux de filtration.
- Un masque de catégorie 1 filtre au moins 90 % des particules de plus de 3 microns.
- Un masque de catégorie 2 en filtre entre 70 et 90 %.
On les appelle « masques barrières » ou « masques grand public ».
► Mise à jour Suite aux recommandations gouvernementales de janvier 2021, les masques tissu « filtration garantie » de niveau 2 ne sont plus conseillés. Il faut utiliser un masque chirurgical ou un masque tissu « filtration garantie » de niveau 1.
Norme NF
Les fabricants de masques en tissu peuvent désormais solliciter une certification en bonne et due forme. Elle inclut une visite sur le site de production, un test de résistance des brides, et encadre 4 catégories de masques selon leur capacité de filtration et leur niveau de confort.
Les masques certifiés en tissu sont-ils plus efficaces que les masques faits maison ?
Impossible à dire, mais au moins, leurs capacités de filtration ont été testées en laboratoire, au contraire de celles des masques maison. Ces derniers peuvent aussi bien s’avérer plus efficaces, que moins efficaces !
Masques faits maison
Des modèles ont circulé sur le Net, l’Afnor en a proposé des patrons en téléchargement, avec des conseils sur les étoffes à utiliser dans un contexte de confinement. Il n’est pas simple de savoir quel tissu choisir pour obtenir le bon équilibre filtration/respirabilité. Notre test de 18 masques en tissu maison ne distingue que deux possibilités satisfaisantes : un tissu en maille de polyester type polo, et un satin épais de polyester également, à assembler en deux couches. La solution pour rendre n’importe quel masque efficace : un Kleenex déplié placé entre les deux épaisseurs suffit à lui donner des capacités de filtration équivalentes à un masque avec garantie filtration.
Comment s’assurer qu’un masque maison est efficace ?
Notre test le montre : choisir une matière textile qui filtre correctement n’est pas évident. Rien ne permet de s’assurer de son efficacité au moment de l’achat du tissu en magasin. La solution infaillible : prévoir un espace entre les deux épaisseurs de tissu pour y glisser un Kleenex déplié. Lors de nos essais, les Kleenex ont montré des qualités de filtration étonnantes. Il faut toutefois les remplacer régulièrement, car ils s’humidifient rapidement.
► Mise à jour Même si les résultats de nos tests restent valables, les recommandations officielles sont désormais d’utiliser les masques chirurgicaux ou les masques portant le macaron « filtration garantie » de niveau 1.
Masques en tissu sans mention particulière
Couturières de quartier ou magasins de prêt-à-porter proposent couramment des masques en tissu deux couches, en vrac ou dans un emballage simple. Sachez que, comme les masques faits maison, leurs performances de filtration ne sont pas établies. Ils sont sans doute efficaces, mais ils ne le sont peut-être pas autant que nécessaire.
► Mise à jour Le renforcement de la lutte contre la transmission du virus et de ses variants a conduit le gouvernement à estimer insuffisante la protection fournie par les masques tissu, en dehors de ceux portant un macaron « filtration garantie » de niveau 1.
Protections faciales
Visières insuffisantes
Apparues au moment où les masques chirurgicaux manquaient, les visières faciales sont parfois encore utilisées. Elles ne doivent pourtant pas l’être seules, car elles ne sont pas assez protectrices. Composées d’un écran en plastique transparent qui se fixe sur le front par un serre-tête ou autour de la tête, elles facilitent la respiration et la communication, mais les espaces sur les côtés et sous la visière laissent passer les aérosols, dont la responsabilité dans la dissémination du coronavirus est désormais avérée. La visière ne peut donc être efficace contre SARS-CoV-2 qu’en complément d’un masque, ce qui limite son intérêt ! Elle peut à la rigueur servir aux personnes qui, pour des motifs médicaux, ne supportent pas le masque. Mais elles doivent savoir qu’en s’équipant d’une visière, elles protègent mal leur entourage, et se protègent mal également. Les visières minimalistes qui ne font écran que devant la bouche et le nez – elles tiennent en appui sur le menton et par des attaches derrière les oreilles – sont encore moins fiables. Les espaces autour du plastique sont beaucoup trop larges pour garantir la moindre protection.