Morgan Bourven
Climatiseurs mobilesVos questions, nos réponses
Après la publication de notre test de climatiseurs mobiles, vous avez été nombreux à nous écrire, pour des conseils ou des demandes de précisions. Car choisir un climatiseur n’est pas une tâche facile : après avoir défini le type de produit adéquat, en fonction de ses besoins, il convient de s’interroger sur son utilisation au quotidien, sur son entretien et sur les nuisances potentielles. Dans le cas des climatiseurs « split » avec unité extérieure, des questions de droit entrent aussi en jeu ! Voici nos réponses à vos questions les plus fréquentes.
Les climatiseurs mobiles
Pour les climatiseurs « split » fixes, les Japonais Daikin, Toshiba, Panasonic, Mitsubishi-Electric et Hitachi dominent le marché et ont prouvé leur savoir-faire. La réponse est moins évidente pour les climatiseurs mobiles, dont les fabricants utilisent souvent les mêmes sous-traitants. Certains produits identiques sont même vendus sous différentes appellations : difficile, donc, de recommander telle ou telle marque. En outre, nos tests de climatiseurs montrent que, même chez les fabricants les plus connus, la qualité varie fortement en fonction des modèles.
Un climatiseur sous-dimensionné fonctionnera en surrégime et consommera plus avec une efficacité moyenne. Pour obtenir la puissance nécessaire, comptez 100 W par mètre carré ou 45 W par mètre cube. Pour une pièce de 20 m2 avec 2,50 m sous plafond, la puissance frigorifique recommandée est donc située aux alentours de 2 000 à 2 250 W (20 × 100 ou 20 × 2,5 × 45).
Oui, les climatiseurs sont de gros consommateurs et devraient être utilisés avec parcimonie. Un appareil d’une puissance réfrigérante de 2 500 W (pour une pièce de 25 m2 environ) coûte, en électricité, environ 16 centimes d’euro par heure d’utilisation, soit près de 4 € par jour en fonctionnement continu. À titre de comparaison, un réfrigérateur combiné récent consomme en moyenne 15 centimes par jour d’électricité. Ne cherchez pas à avoir froid à tout prix. Un réglage de votre climatiseur 7 °C en dessous de la température extérieure est suffisant pour votre confort. Vous consommerez moins d’électricité et votre appareil fera moins de bruit.
Lisez les notices des fabricants et entretenez votre appareil régulièrement (notamment le nettoyage des filtres). Une entrée d’air obstruée ou un filtre chargé de moutons ou de poussière réduira le débit d’air frais en sortie. Le compresseur fonctionnera plus fréquemment et la consommation sera plus élevée.
Malheureusement, non. Le bruit est, avec la consommation, le principal défaut de ces appareils. Imaginez un réfrigérateur dont le moteur tournerait en permanence, avec un ventilateur en plus… Les climatiseurs monoblocs annoncent en général un bruit compris entre 60 et 70 dB. Pour un appareil silencieux (du moins, pour vous ; pas pour les voisins !), il faut se tourner vers les « split », dont le moteur est situé à l’extérieur de la pièce et qui peuvent descendre à 40, voire 30 dB. Certains modèles proposent un mode « nuit » (aussi appelé « sleep » ou « silence ») pour un fonctionnement plus discret. Il consiste à réduire graduellement la puissance du climatiseur : cela fait grimper la température, mais permet de s’endormir dans un peu moins de bruit.
Les climatiseurs mobiles évacuent l’air chaud grâce à une gaine flexible passée par une fenêtre entrouverte ou un trou dans le mur, ce qui les rend plus efficaces que de simples ventilateurs. Il faut donc laisser une fenêtre entrouverte (au risque que l’air chaud entre dans la pièce) pour évacuer la chaleur… Ça peut sembler paradoxal, mais le but de l’appareil est de réduire la température plus rapidement que la pièce ne se réchauffe. Ce fonctionnement implique qu’il n’existe pas de climatiseur mobile sans tuyau d’évacuation. Seule solution si vous ne voulez pas ouvrir une fenêtre : utiliser un ventilateur ou un rafraîchisseur d’air, moins efficaces, mais plus écologiques et moins bruyants.
Cette solution semble logique : puisque la chaleur monte, passer l’évacuation dans le conduit de cheminée ne devrait pas poser un problème. C’est pourtant une très mauvaise idée. Il est déconseillé de brancher le tuyau d’évacuation sur un conduit de cheminée ou sur une bouche d’aspiration d’air de VMC, car les climatiseurs n’ont pas assez de puissance pour évacuer l’air chaud à la verticale. Il risque donc d’être refoulé dans la pièce, ces conduits n’ayant pas assez de tirant d’air. En outre, l’air chaud évacué est chargé en humidité : une condensation pourrait se former dans le conduit et l’abîmer. Le conduit du climatiseur peut être prolongé de quelques dizaines de centimètres (par exemple pour passer à travers un mur), mais pas de plusieurs mètres.
Pour éviter d’avoir à entrouvrir la fenêtre, si l’utilisation d’un climatiseur est fréquente, il peut être intéressant de percer une vitre, une porte ou un mur pour passer le tuyau (comptez 100 à 250 €). Le trou sera bien sûr muni d’un cache le reste de l’année. Attention, il n’est pas possible de percer un trou dans une vitre à double vitrage : elle doit être remplacée par une vitre déjà équipée. Il existe aussi des kits de calfeutrage (20 € environ) à installer autour de la fenêtre pour empêcher l’air d’entrer lorsqu’elle est entrouverte. Plus esthétique, mais pas forcément plus efficace qu’une couverture…
Si tous les climatiseurs déshumidifient l’air, certains sont équipés d’une touche spécifique qui leur permet d’utiliser cette fonction indépendamment du refroidissement, voire de contrôler le degré d’humidité. Idem pour le filtrage : tous les appareils purifient l’air, mais certains se disent en plus capables de retenir les particules les plus fines et, parfois, de supprimer les odeurs. Le filtre au charbon actif est censé être efficace contre les mauvaises odeurs, tandis que le filtre électrostatique est plus adapté contre les poussières. Pour être efficaces, les filtres doivent être nettoyés régulièrement. Certains climatiseurs disposent d’une minuterie ou d’un programmateur. Enfin, de rares modèles sont dotés d’une gaine isolante enveloppant le tuyau d’évacuation de l’air chaud pour limiter le dégagement de chaleur entre le climatiseur et la fenêtre. Cette option est intéressante et permet d’obtenir de meilleures performances.
Pour garder un appareil efficace le plus longtemps possible, il convient d’effectuer régulièrement un nettoyage des filtres. Ils peuvent être brossés ou nettoyés à l’eau savonneuse quand le matériau le permet. Pensez aussi à dépoussiérer régulièrement l’appareil, en passant l’aspirateur au niveau des grilles d’aération, et à vider régulièrement le bac à condensat (qui récupère l’humidité absorbée).
Certains modèles permettent de basculer en mode chauffage, ce qui en fait des appareils d’appoint appréciables en hiver… Les climatiseurs « split » réversibles (ou pompes à chaleur) peuvent être moins énergivores qu’un chauffage électrique classique. Le seul défaut est la température de chauffage maximale (~ 15 °C), qui doit être complétée par une autre source (radiateur…).
Les climatiseurs « split » avec unité extérieure
Oui, impérativement. Néanmoins, il s’agit d’une simple déclaration préalable de travaux. Elle doit être adressée au maire en recommandé avec accusé de réception. Un mois après la réception de la demande en mairie, l’absence de réponse vaut acceptation. En lotissement, il vaut mieux vérifier également le cahier des charges, même si la loi Alur en a fortement réduit la portée juridique.
A priori, non. Les règlements de copropriété interdisent les modifications de façades et les atteintes à l’aspect extérieur de l’immeuble. Il faut donc faire inscrire la demande à l’ordre du jour de l’Assemblée générale (AG) des copropriétaires. Elle est en droit de refuser l’installation de climatiseurs, y compris si l’unité extérieure se place sur une terrasse ou un balcon. Même s’ils sont à usage privatif, il s’agit en effet de parties communes. La décision se prend en AG à la majorité absolue des voix de tous les copropriétaires, présents ou non. Si ce vote recueille au moins un tiers des voix en faveur du projet, l’AG peut procéder à un second vote, cette fois à la majorité des voix des copropriétaires présents ou représentés. Poser un climatiseur en copropriété sans avoir obtenu l’autorisation de l’AG expose à l’obligation de le démonter, la jurisprudence est assez constante sur ce point.
Le bruit de l’unité extérieure des clims ne gêne évidemment pas leurs propriétaires, ils les font fonctionner fenêtres fermées. Pour les voisins proches, ça peut en revanche devenir une nuisance insupportable. Comme il s’agit de « bruits de comportement », il n’est pas nécessaire a priori de financer des mesures acoustiques. On tente d’abord de négocier à l’amiable. Sans résultat, on s’adresse au maire de sa commune, garant de la tranquillité publique. Il doit agir en envoyant un agent assermenté constater l’infraction, puis peut adresser une mise en demeure ou dresser un procès-verbal afin d’exiger la fin de cette gêne sonore. S’il refuse de s’en mêler, il faut passer par un conciliateur de justice. Si cette étape échoue encore, il ne reste qu’à saisir la justice. Mais engager une procédure est long et coûteux : il faut vérifier le cadre de la protection juridique de son contrat d’assurance, faire un constat d’huissier, effectuer des mesures acoustiques… Des décisions de justice ont imposé le démontage de pompes à chaleur, mais le résultat n’est jamais garanti. Entre nuisance ressentie et nuisance objective, il arrive qu’il y ait de gros écarts.
Le climatiseur brasse énormément d’air, il peut dégrader la qualité de celui qu’on respire dans le logement, surtout si ses filtres sont encrassés ou empoussiérés. Il est essentiel de les nettoyer très souvent, et de les changer régulièrement. Il est tout aussi indispensable de dépoussiérer les bouches d’air à l’eau savonneuse.
Il n’existe pas d’obligation d’inspection ni de contrat d’entretien pour les climatiseurs grand public. Seuls les équipements d’une puissance supérieure à 12 kW ou contenant plus de 4 kg de fluide frigorigène sont concernés. Ce qui n’empêche pas les problèmes d’encrassement ou de fuite de fluide frigorigène. Faire vérifier sa clim par un professionnel tous les 2 ans est une sage précaution, d’une part pour qu’elle fonctionne correctement, d’autre part en raison des risques de fuite de fluides frigorigènes, qui sont de redoutables gaz à effet de serre contribuant fortement au réchauffement climatique.