Audrey Vaugrente
ArthroseLes faux espoirs des compléments alimentaires
Environ 1 personne sur 5 prend des compléments alimentaires pour soulager ses douleurs articulaires. De fait, les rayons des pharmacies sont garnis d’emballages promettant un « confort articulaire », faute de pouvoir alléguer un impact sur l’arthrose. Mais ces compléments n’ont pas fait leurs preuves et s’accompagnent de certains risques à connaître. Tour d’horizon.
Les stars du moment
Le collagène et l’acide hyaluronique sont omniprésents. C’est un vrai phénomène de mode. Or, rien n’a permis de démontrer qu’ingérer ces composants par la bouche est utile. On voit mal, en effet, comment ils pourraient cibler spécifiquement les articulations ou résister au processus de digestion.
Les médicaments déclassés
Les anti-arthrosiques d’action lente ont fait l’objet d’une vague de déremboursement en 2015, faute d’une efficacité suffisante. Aussi proposés comme compléments alimentaires, ils comportent les mêmes problèmes.
La glucosamine. Cette substance, produite par l’organisme, est impliquée dans l’entretien du cartilage. La supplémentation est à déconseiller aux personnes souffrant de diabète de type 2 ou d’obésité, car elle est susceptible d’augmenter la résistance à l’insuline. Ce conseil s’applique aussi aux personnes allergiques aux crustacés.
La chondroïtine. S’il s’agit d’un constituant du cartilage, rien ne prouve qu’une supplémentation permette d’améliorer la qualité du cartilage touché par l’arthrose. Elle est déconseillée en cas d’hémophilie ou de traitement anticoagulant. Les compléments alimentaires sont souvent riches en sodium. Prudence, donc, si vous devez suivre un régime pauvre en sel. En 2019, l’Agence nationale de sécurité sanitaire a alerté sur leurs effets indésirables fréquents, qui peuvent être bénins (troubles digestifs, éruptions cutanées) ou graves (hépatites, lésions hémorragiques de la peau). En outre, depuis 2012, ces produits n’ont plus le droit d’alléguer un effet sur la mobilité ou la souplesse des articulations.
Les insaponifiables d’huiles d’avocat ou de soja. Le plus souvent, ce type de complément entraîne des effets indésirables modérés. Toutefois, des effets plus sévères sur le foie (hépatite cytolytique, jaunisse, cholestase) ou sur la coagulation peuvent survenir. Il ne faut donc pas les prendre en cas de maladie du foie, de calculs biliaires ou de troubles sévères de la coagulation.
Ceux qui devraient rester en cuisine
Les acides gras oméga 3, l’acide gamma-linolénique. Suspectés d’avoir une action anti-inflammatoire, ces composants sont naturellement présents dans l’alimentation. Depuis 2012, les fabricants de compléments n’ont plus le droit de dire qu’ils contribuent à améliorer la mobilité des articulations. Au vu du risque d’effet anticoagulant, mieux vaut augmenter ses apports en huiles végétales (colza, noix, lin) ou en poissons gras (saumon, thon, sardine).
Le curcuma. Cette épice, notamment présente dans le curry, est souvent associée à la pipérine (elle-même issue du poivre noir) qui aiderait à mieux l’assimiler. Ni cela ni son effet prétendument anti-inflammatoire ne sont établis. Attention également aux interactions avec les fluidifiants sanguins. Enfin, il ne faut pas dépasser un dosage quotidien de 153 mg pour une personne de 60 kg.
Les promesses illusoires de la phytothérapie
L’harpagophytum. Aussi appelée griffe du diable, cette plante aurait une action anti-inflammatoire, qui reste non établie. Elle est déconseillée en cas de reflux ou d’ulcère gastrique, de calculs biliaires ou de maladie cardiovasculaire, car elle risque d’interagir avec les anticoagulants.
Le saule blanc et la reine-des-prés. Ces plantes contiennent des dérivés salicylés, qu’on trouve aussi dans l’aspirine. Aussi, leur prise est déconseillée dans plusieurs cas : ulcère digestif, allergie aux anti-inflammatoires ou aux médicaments de la famille des salicylates, risque d’hémorragie, goutte, asthme ou maladie rénale. Il existe aussi un risque d’interaction avec les AINS, l’aspirine et les fluidifiants sanguins.
Le cassis et le frêne. Leurs prétendues vertus anti-inflammatoires les rendent populaires, mais ces plantes ont aussi un effet diurétique. Prudence, donc, si vous prenez déjà des médicaments diurétiques. Le frêne est aussi déconseillé si vous prenez les médicaments suivants : antiagrégants plaquettaires, antihypertenseurs (dont diurétiques), antidiabétiques.
L’ortie dioïque (ou grande ortie). Cette plante est à éviter en cas de maladie rénale ou cardiaque. Ne la prenez pas en même temps qu’une supplémentation en fer : ses tanins risquent d’en diminuer l’absorption.