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Anne-Laure Lebrun
Couramment utilisés comme agents de texture et de conservation, les additifs pourraient présenter des risques pour la santé. Mieux vaut décortiquer les étiquettes pour les identifier.
Utilisés pour mélanger deux substances qui, normalement, se séparent lorsqu’elles sont en contact (comme le gras et l’eau), les additifs émulsifiants améliorent la texture des produits, ajoutent de l’onctuosité et contribuent à leur stabilisation. Ils prolongent ainsi leur durée de conservation. Plus de 60 d’entre eux sont autorisés dans l’Union européenne et entrent dans la composition de gâteaux, glaces, yaourts, plats préparés, sauces type mayonnaise, etc. Ces additifs peuvent provenir de produits naturels, comme les lécithines issues du soja largement retrouvées dans le chocolat ou les pectines naturellement présentes dans la pomme, mais aussi être fabriqués de toutes pièces en laboratoire.
Des chercheurs ont évalué l’exposition aux additifs les plus couramment utilisés par les industriels chez plus de 90 000 Français appartenant à la cohorte NutriNet-Santé. Ils ont mis en évidence des liens avec des risques accrus de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de cancers, surtout celui du sein et de la prostate. Voici quelques exemples. Les mono- et diglycérides d’acides gras sont associés à un risque accru de de cancers et de maladies cardiovasculaires. La carboxyméthyl cellulose expose à un surrisque de maladies cardiovasculaires. Enfin, des doutes pèsent sur les carraghénanes (risque accru de certains cancers et de diabète de type 2) et les gommes de guar, xanthane et autres (risque accru de diabète). « Ces études épidémiologiques sont les seules pour le moment à avoir pu étudier ces liens entre émulsifiants et santé. Ils sont donc à interpréter avec prudence, les résultats devant encore être confirmés. Cependant, des données expérimentales montrent que ces additifs, comme l’E466, troublent le microbiote intestinal, faisant le lit d’une inflammation chronique et de perturbations métaboliques, ce qui peut favoriser l’émergence de ces maladies », décrypte la Dr Mathilde Touvier, coordinatrice de ces travaux. Les chercheurs se penchent maintenant sur l’effet de ces cocktails d’additifs ingérés au quotidien et l’impact de leurs interactions sur notre santé.
Tous ces additifs émulsifiants sont loin d’être indispensables, voire franchement superflus. Pour preuve, entre deux desserts lactés identiques, certains industriels vont les ajouter tandis que d’autres ne le font pas. Mais puisque aucune législation n’existe pour stopper leur utilisation, il revient aux consommateurs de savoir les identifier et de faire le tri, en attendant que les industriels revoient leurs recettes.
À éviter
E483 : Tartrate de stéaryle, Tartrate de stéaroyle
Peu recommandables
De E432 à E436 : Polysorbates
E442, E450, E451, E452 : Phosphates
E466, E468, E469 : Carboxyméthyl cellulose de sodium, gomme de cellulose
E471, E472, E475, E476, E477, E479b : Esters du glycérol comme les mono et diglycérides d’acides gras ou esters polyglycériques d’acides gras
E473, E474 : Sucroesters, esthers de glycérol
E481, E482 : Lactylates de sodium, de calcium
De E491 à E495 : Esters de sorbitane
E1410, E1412, E1413, E1414, E1442, E1452 : Amidon modifié
Avec précaution
E322 : Lécithines
De E410 à E417, E425 : Gommes arabique, de caroube, de guar, de konjac, xanthane…
E407, E407a : Carraghénanes
E440 : Pectine
→ Experte consultée : Dr Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm.
Anne-Laure Lebrun
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