Perrine Vennetier
Activité physiqueComment lutter contre l’attrait du canapé
Si la raison nous dit de faire une activité physique, nos pulsions nous poussent au moindre effort. Il faut donc ruser et convaincre son cerveau que bouger est un plaisir et non une contrainte.
1 - Changer de stratégie
L’activité physique est excellente pour la santé. Les médecins le disent, les patients le savent, les autorités sanitaires le répètent. Or, sur 10 personnes qui déclarent vouloir se mettre à l’exercice, 7 ne s’y tiendront pas. Manque de volonté ? Pas exactement. Si l’humain est taillé pour se dépenser, il préfère aussi s’économiser. Nos ancêtres préhistoriques parcouraient des dizaines de kilomètres par jour pour se nourrir, mais ils évitaient tout effort inutile. Aujourd’hui, nous sommes toujours réglés sur ce modèle, mais nous en sommes devenus victimes. Prendre conscience de cette contradiction permet d’abord de déculpabiliser. Cela conduit ensuite à changer de stratégie. Si notre cerveau raisonnable n’est pas capable de l’emporter, il faut le court-circuiter et faire en sorte que l’activité physique soit perçue comme un automatisme plaisant et non comme une obligation.
2 - Se mettre en condition
Les habitudes ont la vie dure. La sédentarité surtout. Mais on peut retourner l’adage et faire en sorte que ce soit l’activité physique qui s’ancre dans le quotidien. Pour cela, il est préconisé de prévoir des plages dédiées. S’inscrire à une activité encadrée est une solution. Autre astuce : noter dans son agenda ses rendez-vous d’exercice ou mettre un rappel dans son téléphone. Par exemple : vendredi, 9 h, « aller au marché à pied ». Cette organisation crée des automatismes et évite de se poser la question : « j’y vais ou pas ? » (à laquelle on répond plus volontiers par non que par oui). Bien sûr, des embûches vont survenir : une invitation à dîner, une météo exécrable, etc. Pour parer à ces éventualités, préparer une liste de « Si… alors » est conseillé. Par exemple : « S’il pleut trop pour marcher, alors je fais du vélo d’appartement. » Cette stratégie permet aussi de se programmer : « Si je vois un escalator, alors je prends les escaliers qui sont à côté. » Le principe : ne plus avoir à réfléchir et créer de (bons) réflexes.
3 - Profiter !
Il faut pratiquer ce qui nous fait plaisir. Cela réduit le coût de l’effort et reste la meilleure façon de pérenniser le mouvement. Activités solitaires pour déconnecter ou collectives pour partager, en compétition ou en musique : le choix est vaste. Le jeu est un puissant moteur. Quand les enfants jouent à chat, ils ne cherchent pas à rester en bonne santé. Ils s’amusent ! Les bienfaits (avoir plus d’énergie et un meilleur sommeil, être plus concentré et plus détendu) créeront un renforcement positif qui incitera à continuer. Pour garder cette notion de plaisir, il faut donc éviter de souffrir : ne pas s’inscrire à un cours qui nécessite 1 h de trajet et ne pas s’épuiser. L’idée, c’est que les bénéfices pour la santé soient des effets collatéraux d’une activité qui nous plaît.
4 - S’engager
Personne ne trouve le courage d’aller à la piscine un soir de novembre juste pour donner satisfaction à son médecin. En revanche, avoir rendez-vous au bord du bassin avec un ami avec qui discuter dans le jacuzzi après les longueurs, c’est tout de suite plus engageant. Se fixer des perspectives est aussi une manière de persévérer. S’inscrire à un tournoi de tennis au printemps ou programmer 2 jours d’une randonnée l’été suivant permet de donner du sens à chaque séance. Ces objectifs n’ont pas à confiner à l’exploit. On peut par exemple viser l’équivalent d’un marathon mais en marchant régulièrement et sur un mois. Les applications de smartphone qui enregistrent l’activité physique (nombre de pas, nombre de séances, durée cumulée…) sont des outils assez efficaces.
→ Expert consulté : Boris Cheval, maître de conférences à l’ENS Rennes, coauteur du « Syndrome du paresseux », éd. Dunod, 2020.