Elsa Abdoun
Huiles combinéesLe protocole
Notre sélection comporte 14 huiles combinées dont 6 conventionnelles et 8 bio composées de 3 à 5 huiles différentes. Ces huiles peuvent toutes s’utiliser en assaisonnement et sont, pour certaines, appropriées en cuisson. Parmi ces 14 huiles, on retrouve à la fois des références vendues en grandes et moyennes surfaces de marques nationales, de distributeurs, de distributeurs entrée de gamme mais aussi hard discount.
→ Test Que Choisir : Comparatif Huiles combinées
Les produits sélectionnés ont été soumis à un ensemble de tests complets : des analyses nutritionnelles afin d’identifier les meilleures combinaisons en acides gras et vitamines mais aussi vérifier les allégations sur les packagings des produits, des analyses physicochimiques afin de vérifier l’état d’oxydation des huiles. Enfin, nous avons traqué la présence éventuelle de divers contaminants.
Analyses nutritionnelles
Une attention particulière a été portée à la composition en acides gras dans les huiles combinées permettant d’apprécier leur contenu en acides gras saturés (AGS), monoinsaturés (AGMI) dits « non essentiels » et polyinsaturés (AGPI) dits « essentiels ».
Les paramètres nutritionnels suivants ont donc été mesurés : acide alpha-linolénique (oméga 3) et acide linoléique (oméga 6) dans la famille des AGPI, le ratio LA/ALA (oméga 6/oméga 3), la teneur en acide oléique (oméga 9) dans la famille des AGMI, l’addition en acides laurique, myristique et palmitique, la teneur en acides gras saturés. Ont également été prises en compte les teneurs en vitamine E et en vitamine D.
Nous avons ainsi pu définir la contribution d’une cuillère à soupe de chacun des échantillons analysés (soit l’équivalent de 10 g d’huile) aux apports journaliers recommandés en acides gras et en vitamines d’un adulte de 60 kg.
Ces analyses ont aussi permis de vérifier les allégations nutritionnelles et santé présentes sur les emballages.
Analyses physico-chimiques
L’acidité oléique et l’indice de peroxyde sont normés dans les huiles végétales qu’elles soient raffinées, vierges ou pressées à froid. Ils permettent d’évaluer le degré d’oxydation des huiles et donc de juger de leur état de détérioration.
Contaminants
Nous avons recherché la présence éventuelle de résidus de plastifiants, d’huiles minérales et de 3-MCPD et ses esters.
Plastifiants
L’analyse menée a permis de rechercher une quinzaine de molécules parmi lesquelles des phtalates (dont le DEHP et le DBP, tous deux classés substance toxique pour la reproduction au niveau européen et par ailleurs classées perturbateur endocrinien), des adipates, mais aussi des composés appartenant à d’autres familles de plastifiants.
Huiles minérales
Les MOSH (huiles minérales saturées) et les MOAH (huiles minérales aromatiques) constituent les deux grandes familles d’huiles minérales surveillées par le biais de nos analyses. Les sources de contamination sont multiples et présentes tout au long de la chaîne de production, depuis la matière première jusqu’au produit élaboré. Les MOAH sont considérées comme les plus à risques. Cette famille rassemble en effet un mélange complexe de composés aux toxicités variées et encore bien souvent inconnues. Elles sont notamment suspectées d’être cancérogènes. En mai 2022, la Commission européenne a recommandé des limites pour les MOAH dans les aliments, avec effet immédiat bien qu’encore non contraignantes pour les industriels.
Les 3-MCPD et leurs esters
Compte tenu des éléments disponibles sur les conditions de formation de ces contaminants, nous pouvons supposer que la présence d’esters de 3-MCPD et/ou de substances pouvant former du 3-MCPD dans les échantillons d’huiles combinées apparaît probablement lors du raffinage des huiles (désodorisation en particulier).
Le 3-MCPD libre ainsi que ses formes estérifiées (simple ou double estérification possible) présentent un risque pour les reins ainsi que pour la fertilité masculine, risque qui a été pris en compte pour la définition d’une dose journalière tolérable (soit 2,0 µg/kg pc/jour donc 120 µg/kg pour un adulte de 60 kg). Le glycidol, et par conséquent ses formes estérifiées d’esters glycidyliques d’acides gras (GE), sont quant à elles génotoxiques et cancérogènes. Un règlement européen sur les contaminants fournit des teneurs maximales en 3-MCPD et en esters glycidyliques d’acides gras (exprimés en formes libres) pour un ensemble de denrées alimentaires dont les huiles végétales.
→ Test Que Choisir : Comparatif Huiles combinées
Domitille Vey
Rédactrice technique
Léa Girard
Rédactrice technique