Prix des carburantsUne baisse trop contenue
Chaque mois, nous faisons le point sur les tendances tarifaires des carburants. Les prix fluctuent rapidement et varient fortement d’une région à l’autre, voire d’une station-service à l’autre. En ce mois de novembre, les tarifs sont à la baisse, mais ils restent bien plus élevés qu’il y a 2 ans.
Jamais, depuis février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prix des carburants n’ont été aussi bas qu’en cet automne 2024. L’élection de Donald Trump laisse à penser que l’exploitation des pétroles non conventionnels par les États-Unis, premier producteur mondial de l’or noir, ne ralentira pas. De quoi prédire une stabilité des tarifs dans les mois à venir.
Les niveaux actuels dépassent toutefois nettement ceux constatés avant l’année 2022. Par exemple, le litre de gazole plafonnait à 1,40 € entre 2014 et 2021. Il est aujourd’hui facturé 1,60 € en moyenne. Même constat pour l’E10, qui a lui aussi augmenté de 20 centimes sur les mêmes périodes.
Marges et taxes à incriminer
La hausse du coût du pétrole ne suffit pas à expliquer ce phénomène. Le baril de brut se négocie certes au-dessus des niveaux de la période 2015-2017, mais seulement à 5 centimes supplémentaires par litre ! Et ces ordres de prix se retrouvaient en 2014 ainsi qu’entre 2018 et 2021. Pourquoi ce différentiel a-t-il aujourd’hui quadruplé à la pompe ? Pour comprendre, il faut regarder du côté des hausses des marges et des taxes.
D’une part, depuis l’année dernière, le montant des marges de raffinage, de distribution et de transport a triplé, passant de 11 à 33 centimes par litre de carburant. D’autre part, les taxes progressent continuellement sous l’effet de décisions de plus en plus sévères. Notamment, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) a très fortement augmenté en 2018, et la taxe incitative relative à l’utilisation d’énergie renouvelable dans le transport (Tiruert) a fait son apparition en 2022. À cela s’ajoute le bond des recettes de TVA, à laquelle est soumis le prix global du carburant. Au final, les taxes sur le gazole ont grimpé de 66 à 88 centimes d’euro par litre en 10 ans (+ 33 %) et celles sur l’E10, de 86 à 94 centimes d’euro (+ 9 %).
Inégalités territoriales
Pour acheter moins cher, cap à l’est ou à l’ouest ! La Bretagne, dénuée d’autoroutes, et les départements limitrophes de l’Allemagne présentent les tarifs à la pompe les plus bas de France. À l’inverse, la note est beaucoup plus salée dans les départements du couloir rhodanien et en Île-de-France. Localement, d’une station-service à l’autre, les politiques de prix varient fortement.
La France, l’un des pays les plus chers d’Europe
Au niveau européen, la France se situe dans le peloton de tête des pays les plus chers aux côtés de l’Allemagne, de la Grèce ou de l’Italie, loin devant l’Espagne, le Portugal ou les pays de l’est de l’Europe. Mais le Danemark et les Pays-Bas battent des records : le prix au litre de carburant y atteint 2 €. Ces deux nations sont aussi celles où les voitures électriques se vendent 2 ou 3 fois mieux qu’ailleurs.
Marie Bourdellès