Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
La Commission européenne et les autorités de protection des consommateurs viennent de rendre leur verdict concernant l’enquête ouverte contre WhatsApp, suite à une plainte européenne déposée en juillet 2021 par l’UFC-Que Choisir et huit autres organisations dont le Bureau européen des consommateurs. Le résultat est plutôt décevant, puisque l’application n’obtient finalement qu’un simple avertissement.
Si je me réjouis de constater que notre alerte conjointe a permis l’ouverture d’une véritable enquête sur les pratiques de l’entreprise appartenant au géant Meta, j’espérais que la liberté de choix des utilisateurs et la protection de leurs données seraient davantage considérées.
Revenons deux ans en arrière, début 2021, lorsque WhatsApp a décidé de modifier ses conditions d’utilisation. Les évolutions proposées n’étaient pas clairement exposées, alors qu’il était question de faciliter les échanges avec les entreprises via la messagerie, ce qui ouvrait la voie à des transferts massifs de données et à la monétisation de l’activité des utilisateurs. L’application a eu recours à toute une série de subterfuges pour contraindre des millions d’utilisateurs à les accepter. Les « récalcitrants » ont quant à eux reçu des rappels quasi quotidiens pour les faire changer d’avis, sous menace de ne plus pouvoir utiliser le service. Une bien étrange façon de recueillir leur consentement !
L’enquête est arrivée à son terme. WhatsApp va désormais devoir mieux informer les utilisateurs des changements proposés et leur donner la possibilité de les refuser. C’est exactement ce que l’on demandait. Mais alors où est le problème me direz-vous ? Aucune solution n’est proposée aux millions d’utilisateurs qui ont donné leur accord en 2021 à des conditions générales obscures, sous l’intense pression de WhatsApp. En effet, cela ne s’appliquera qu’aux futures évolutions des conditions d’utilisation.
Nous attendions des autorités de protection des consommateurs européennes qu’elles envoient un signal bien plus ambitieux en sanctionnant la pratique agressive passée, et demandons à ce que soit resollicité un accord enfin éclairé des intéressés. En effet, la manière de forcer le consentement et le volume de données collectées n’avaient rien d’anodins. Mais cela n’est pas une fatalité. L’UFC-Que Choisir a lancé il y a quelques semaines sa campagne #Jenesuispasunedata, afin de vous inviter et vous aider à reprendre le contrôle sur vos données personnelles. A défaut de réponse officielle pleinement satisfaisante, aux utilisateurs d’exercer leurs droits.
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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