Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
La Commission européenne négocie depuis plusieurs mois les achats de vaccins contre le Covid-19 avec différents laboratoires pharmaceutiques. Alors que le développement d’un vaccin prend habituellement de nombreuses années, les industriels espèrent trouver un remède d’ici l’année prochaine...
Pour sortir vainqueur de cette course, les industriels plaident pour des aides massives, à toutes les étapes, de la production à la commercialisation. La somme d’argent public engagée n’est pas mince : 2,4 milliards d’euros de budget européen doivent être consacrés à l’achat des vaccins. Mais après tout, compte tenu des enjeux, pourquoi devrait-on s’en offusquer ?
Le problème c’est que cet océan d’argent public s’accompagne d’un abîme d’opacité : en dehors du nombre de doses de vaccins déjà réservées aux usagers du vieux continent, rares sont les informations qui percent des négociations, et ce que nous en connaissons n’a pas de quoi nous rassurer. Fin août, le Financial Times révélait que les producteurs de médicaments négociaient leur irresponsabilité financière et juridique, ou du moins une indemnisation prise en charge par les pays européens, en cas d’effets secondaires indésirables. Les Européens pourraient donc devoir indemniser de leur poche les éventuelles conséquences inattendues. En termes d’image, le bilan est désastreux : comment demander à la population d’avoir confiance en la sécurité d’un vaccin pour lequel les industriels s’exonèrent d’avance de toute responsabilité ? De même, si les industriels sont mis à l’abri, comment s’assurer qu’ils veilleront de la même façon à l’innocuité de leur produit ?
Il est également stupéfiant que la liste des membres de l’équipe chargée de la négociation des contrats pour l’Union européenne ne soit toujours pas publiée. La révélation de la présence du Suédois Richard Bergström, ancien directeur général de la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques (EFPIA), au sein de l’équipe de négociateurs, envoie un très mauvais signal en termes d’éventuels conflits d’intérêts.
La transparence des informations, en plus d’être un devoir envers les citoyens de l’Union européenne, est également une nécessité absolue en termes de santé publique : il est illusoire d’envisager une porte de sortie vaccinale quand 59 % seulement des Français ont l’intention de s’inoculer le sérum, selon un récent sondage Ipsos. Devant la nécessité de renforcer la confiance des usagers, il est urgent d’opter pour la transparence…. de la négociation des contrats, jusqu’à leur signature et la mise sur le marché des vaccins. Les mesures, assurant la sécurité comme la disponibilité des vaccins, doivent être rendues publiques et un fonds d’indemnisation des patients en cas d’effets secondaires graves doit être développé en y impliquant financièrement les industriels.
En réponse aux exigences faramineuses des industriels, nous réclamons au nom des usagers l’accès aux informations qui leur sont dues. Je ne le répéterai jamais assez : pas de confiance sans transparence !
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir
Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus