Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Les résultats d’une enquête de la DGCCRF sur les pratiques commerciales de 1 800 EHPAD privés à but lucratif, publiés ce jour par Le Parisien, sont édifiants, révoltants… mais malheureusement peu surprenants.
Dans une grande étude publiée au mois de mai, l’UFC-Que Choisir soulignait non seulement le coût prohibitif des EHPAD privés (en moyenne 2 900 euros par mois pour un résident), mais révélait également, sur la base d’une analyse territoriale, l’absence d’alternatives pour bon nombre de seniors.
Cette absence est d’autant plus insupportable lorsque les tarifs des EHPAD privés ne sont justifiés ni par un meilleur encadrement médical, ni par des prestations de qualité visant à rendre le quotidien des résidents le plus souriant possible. Or, l’enquête de la DGCCRF met en évidence le caractère imaginaire de ces prestations dans de bien trop nombreux cas… alors même que les EHPAD prétendaient en disposer dans leurs prospectus commerciaux.
Des établissements justifient des tarifs élevés en « vendant » aux résidents la présence d’un salon d’esthétique, ou encore sophrologues ou podologues. En réalité, ils n’existent pas. En vendant la présence d’une salle de bain privative ? En réalité, elle n’existe pas.
Les résidents et leurs familles ne seront vraisemblablement pas réconfortés en sachant que les établissements les ayant floués ont, parfois, reçu de menues amendes de la part de la DGCCRF. Quid du préjudice des résidents ? N’a-t-il pas vocation à être réparé ? Malheureusement, l’action de groupe telle qu’elle existe aujourd’hui en France ne prend en compte que l’unique préjudice financier, qui doit être qui plus est parfaitement chiffrable, ce qui est peu aisé, voire impossible, ici.
Cette enquête de la DGCCRF vient donc renforcer encore plus la conviction de l’UFC-Choisir qu’il est indispensable que l’action de groupe prenne pleinement en compte le préjudice moral. Pour les résidents victimes de pratiques commerciales trompeuses des établissements dans lesquels ils résident, il est immense.
Cette enquête de la DGCCRF permet également d’appuyer l’idée selon laquelle il est impératif de disposer d’une vision exhaustive et constante de la qualité de vie des résidents au sein des EHPAD. À cette fin, je rappelle que l’UFC-Que Choisir demande que les associations agréées en santé (ce qui est le cas de notre association) puissent être représentées au sein des Conseils de la vie sociale des EHPAD. Cela permettrait à ces associations de constater les conditions de vie des résidents, et d’être pour eux, ainsi que leurs familles, un interlocuteur de confiance. Une proposition de loi de plusieurs Sénateurs a repris la demande de notre association. Espérons, pour le bien-être des résidents, qu’elle soit rapidement discutée et adoptée.
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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