Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
Récemment présenté en grande pompe par le Gouvernement, le plan de sobriété énergétique prétend non seulement être une réponse aux menaces de coupures de courant cet hiver, mais aussi proposer des mesures permettant de faire baisser structurellement la consommation d’énergie. Malheureusement le plan n’est que trop taiseux sur un aspect essentiel pour faire baisser de manière drastique cette consommation : la rénovation énergétique.
Le Gouvernement vient de lancer une campagne médiatique pour vous inciter à réduire votre consommation d'énergie dans laquelle est indiqué l'intérêt de baisser le chauffage, ou encore de raccourcir sa douche. Le rappel de ces petits gestes pourrait apparaître comme une forme de condescendance. Les consommateurs sont loin de gâcher l'énergie ! Avec un prix de l'électricité qui a augmenté de plus de 50 % en 10 ans et un prix du gaz qui a explosé l'année dernière avant d'être plafonné, le signal-prix joue déjà à plein. Et il jouera à "plus plein que plein" quand les tarifs augementeront de 15 % dès le début de l'année prochaine !
Les messages visant à reporter la consommation en dehors des heures où le réseau est sous tension sont quant à eux davantage pertinents, l’idée ici n’étant pas de baisser la facture d’énergie, mais de limiter les risques de coupure d’électricité. Je ne peux donc qu’inviter les consommateurs à reporter leur consommation en dehors des heures de pics de consommation lorsque c’est possible (particulièrement entre 19 heures et 21 heures).
Je ne peux également que m’inquiéter que le plan de sobriété énergétique dans lequel s’inscrit cette campagne fasse autant l’impasse sur un élément central pour limiter la consommation d’énergie : les travaux de rénovation énergétique. Le gouvernement se contente de rappeler les moyens financiers prévus pour financer le dispositif MaPrimeRénov’, sans les augmenter. Surtout, il néglige deux éléments fondamentaux.
En premier lieu, aucune annonce n’est dédiée au renforcement des travaux d’isolation thermique, qui sont le parent pauvre de la rénovation énergétique (seules 20 % des aides dans le cadre de MaPrimeRénov’ servent à améliorer le bâti), alors qu’en France on compte selon certaines estimations près de 10 millions de passoires thermiques !
En second lieu, aucune annonce ne vient fiabiliser le secteur de la rénovation énergétique, pourtant impérative si l’on veut que l’efficacité énergétique soit une réalité, et non un vœu pieux. Rien pour une fiabilisation du DPE, rien pour imposer aux entreprises de rénovation énergétique une obligation de résultat les engageant quant aux promesses de réduction de la consommation énergétique.
J’attends donc du Gouvernement qu’il aille rapidement au-delà de l’exercice de communication pour mettre en place toutes les mesures nécessaires à l’amélioration effective et rapide de la performance énergétique des bâtiments, pierre angulaire d’une société moins énergivore !
Alain Bazot
Président de l'UFC-Que Choisir
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