BILLET DE LA PRÉSIDENTE

Publicités pour enfantsEcran noir sur les promesses ?

Alors que le Gouvernement a récemment rendu publique une première version du projet de loi devant traduire les propositions formulées par la Convention Citoyenne pour le Climat, bon nombre d’entre elles n’ont finalement pas été reprises, ou alors vidées de leur substance. Oublié, l’engagement du Président de la République de soumettre ces dernières « sans filtre » au Parlement… Parmi celles-ci, l’encadrement de la publicité alimentaire à destination des enfants, que notre association défend depuis plus de dix ans.

En dépit des travaux de l’UFC-Que Choisir, de la Cour des Comptes, de l’OMS et de Santé Publique France démontrant, tous, d’une part l’incidence néfaste sur la santé des publicités pour enfants vantant des produits déséquilibrés, et d’autre part que c’est par la loi qu’il faut encadrer ces messages publicitaires, le Gouvernement de nouveau s’en remet aux professionnels. C’est à se demander si les études et dossiers envoyés ne servent pas à caler une table bancale, ou à bloquer une porte dont les gonds commencent à être un peu lâches ?!

Peut-être ne lisent-ils pas les documents qu’ils reçoivent, me direz-vous ? Ils ont pourtant bien lu le courrier que leur a adressé l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA). En effet, la réponse du Gouvernement à la proposition d’encadrer la publicité alimentaire est un impudent copier-coller du courrier que le lobby de l’industrie agroalimentaire avait adressé. Au diable, donc, les travaux des organisations indépendantes et autorités qui soulignent que l’autorégulation des professionnels est inefficace, écoutons plutôt une structure ayant l’intérêt général chevillé au corps, comme l’ANIA !

Au fond, j’ai acquis la certitude que quand des décisions aussi contraires à l’intérêt général sont prises par les pouvoirs publics, ce n’est pas par méconnaissance des faits, mais bien par choix délibéré de les ignorer… et de privilégier certains intérêts catégoriels. A nous de les ramener à la raison. Continuons de nous mobiliser. Vous êtes déjà plus de 90 000 à vous être prononcés en faveur de cet encadrement de la publicité en signant notre pétition, lancée aux côtés d’associations de parents d’élèves, de santé environnementale, de familles, ou de diabétiques. Barbara Pompilli, ministre de la Transition écologique, avait pourtant un temps promis un encadrement par la Loi de la publicité pour la malbouffe. Il n’y aurait donc pas que les gonds qui sont lâches ? Nous verrons.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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