BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Publicité pour les médicaments

A quand son interdiction ?

Alors que l’UFC-Que Choisir épingle dans son numéro de mars les médicaments pour enfants, inutiles ou dangereux, je saisis l’occasion pour revenir sur un bon moyen de limiter la surconsommation française de médicaments : l’encadrement de la publicité.

En effet, l’Agence du médicament (ANSM) a interdit au début de l’hiver la publicité pour les médicaments contre le rhume contenant de la pseudoéphédrine, comme l’Actifed, l’Humex ou encore le Rhinureflex (liste complète des médicaments concernés à retrouver ici). En cause ? Des risques d’effets indésirables graves, alors même que l’efficacité thérapeutique de ces médicaments n’est pas prouvée – pourquoi alors prendre des risques ? Il était temps que l’Agence prenne de telles mesures sur des médicaments que nous déconseillons aux consommateurs depuis longtemps !

Mais ce qui est le plus intéressant ici, c’est le mode d’action de l’ANSM. Elle n’a pas (encore ?) interdit ces médicaments, mais elle les prive de publicité. Elle reconnaît ainsi le rôle prescripteur majeur de la réclame, y compris pour les médicaments. Rappelons qu’en France, la publicité est autorisée pour les médicaments non remboursés par la sécurité sociale. Or, tout médicament est un principe actif, qui a des effets sur l’organisme et qu’il convient d’utiliser avec parcimonie. Rien de bien compatible avec les objectifs publicitaires d’un laboratoire, en clair ! C’est pourquoi nous avons demandé et obtenu en 2017 que désormais, les messages sanitaires accompagnant les publicités télé et radio soient renforcés, avec notamment la présence d’un avertissement à la fois écrit et oral à la télévision.

Mais ceci n’est qu’un remède d’urgence, en attendant le traitement de fond : l’interdiction pure et simple de la publicité pour tous les médicaments. C’est seulement ainsi que nous pourrons réellement lutter contre la banalisation du médicament et les stratégies marketing des industriels, et donc réduire la surconsommation française de médicaments. L’UFC-Que Choisir entend porter haut cette demande de longue date au cours de l’année 2018, qui sera notamment marquée par des travaux de l’Autorité de la concurrence sur le secteur du médicament. J’attends aussi avec impatience les nouvelles recommandations de l’ANSM sur le nom des médicaments, où nous espérons voir reprises nos demandes d’interdiction des gammes ombrelles et des noms de médicaments fantaisistes.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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